La dernière ligne droite

La dernière ligne droite

C’est la plus terne et la plus insipide campagne électorale qu’il nous a été donné de voir depuis bien longtemps. La période de séduction des élections législatives du 4 mai prochain ne va pas laisser un souvenir dans la mémoire collective du peuple algérien, même si les affiches avec des candidates sans visage méritent de faire partie des pires supercheries.

Nous attendions la SG du PT, Mme Louisa Hanoune, nous avons découvert un Mohcen Belabbas au mieux de sa forme attaquant tous azimuts tous les dépassements de l’Administration et surtout les partis du pouvoir. Le patron du RCD a dernièrement ciblé la résidence d’Etat du Club des pins qui coûterait la bagatelle de 50 milliards de dinars. Il tape fort Mohcen Belabbas. Enfin, ce sont des rappels utiles en ces temps d’austérité budgétaire. La patronne du PT a jugé utile de souligner que pour elle et vraisemblablement la majorité des Algériens, sauf évidemment les rentiers du système, la mission du FLN s’est terminée le 5 juillet 1962. Ce qui ne plaît pas à Ould Abbès, le moudjahid et condamné à mort. Pour lui, le FLN a libéré le pays, l’a construit et le dirigera tant qu’il a des militants sincères.

Ahmed Ouyahia, méthodique et pragmatique, a mené une campagne électorale sans faille et sans faute. Il a dit l’essentiel concernant la sécurité du pays, la nécessaire refonte de l’économie algérienne, l’option régionalisation à encourager mais aussi quelques évidences, telles que sans la paix et la sécurité point de développement. Amar Saâdani, que nous croyons disparu à jamais, du côté du désert, s’est distingué ce week-end avec une lettre-message adressé aux militants du vieux parti qu’il a dirigé. Le tonitruant Saâdani, visiblement assagi par quelques épreuves, a trouvé que les listes du FLN pour les législatives du 4 mai prochain souffrent de contestations.

Ould Abbès prend ses responsabilités et se défend: «C’est moi qui ait confectionné ces listes.» Réponse presque diplomatique avec des sous-entendus que seuls ceux qui ont fait l’école du FLN comprennent. Et les autres partis? Ils mènent campagne pour un vote massif le 4 mai prochain. Sinon, rien n’a changé au décor, les islamistes semblent avoir une seule carte en main, la menace à peine brandie. «Si nous ne gagnons pas plusieurs places dans la future APN, c’est qu’il y a eu fraude.» Facile! Sinon à part la fraude, les tableaux d’affichage sont livrés aux saccages de l’homme et du temps. La pluie y est pour quelque chose. Le beau temps est revenu, la campagne de proximité est favorisée, normal quand les partis sont incapables de remplir une demi- salle pour un meeting.

Et dire que dans un passé récent c’étaient des stades qui se remplissaient, mais avec des vrais leaders, les Hocine Ait Ahmed, Said Sadi, Mahfoudh Nahnah. C’était une époque un peu difficile parce que l’Algérie traversait une zone dangereuse, mais les joutes politiques étaient d’un tout autre niveau. La classe politique actuelle doit refaire ses classes. La ligne droite est là et les partis politiques doivent se mobiliser pour contrer la fraude qu’ils disent au programme le 4 mai prochain. Amara Benyounès saura enfin ce qu’il fera les 5 et 6 mai, quant au chef du parti qui a un drôle de nom, Talaiou El Houriat, il semble ne plus s’intéresser à ce qui se passe dans la maison Algérie.