Jadis, rendez-vous des cinéphiles : L’ancien “Français”, n’est plus qu’une loque urbaine

Jadis, rendez-vous des cinéphiles : L’ancien “Français”, n’est plus qu’une loque urbaine

Jadis, rendez-vous des cinéphiles : L’ancien “Français”, n’est plus qu’une loque urbaine

La salle de cinéma dépérit à la grande joie  de la secte d’ennemis du beau. Pis encore, l’indifférence de l’autorité a poussé le “Ouarsenis” à s’effacer de l’éphéméride des sorties nocturnes de la capitale.

L’enseigne de la salle de cinéma “Ouarsenis” n’éclaire plus l’agenda de loisirs et de l’animation que le cinéphile est en droit d’attendre de ses élus locaux, en l’occurrence ceux de l’exécutif municipal de Sidi-M’hamed, qui n’ont, malheureusement, ni l’âme d’un marchand de rêves ni l’esprit d’un intermittent du spectacle ! Élimée donc jusqu’aux extrémités des tentures de son écran, l’ancien “Le Français” n’a plus que son porte-enseigne éborgnée qui virevolte au vent comme dans une séquence d’une ville fantôme extraite d’un film western italien dans le genre “spaghetti”. Jeté ainsi en pâture aux chiens et chats errants du souk Rédha-Houhou (ex-Clauzel), “Le Français” dépérit à la grande joie de la secte d’ennemis du beau. Pis encore, l’indifférence de l’autorité a poussé le “Ouarsenis” à s’effacer de l’éphéméride des sorties nocturnes de la capitale. Et depuis, le “Ouarsenis” pleure ainsi, la perte de son statut d’une ancienne annexe de la Cinémathèque d’Alger qu’il était jusqu’à la fin des années 1980, soit en l’an de disgrâce de la décennie noire. Situé sur l’artère Khelifa-Boukhalfa, l’air du “Ouarsenis” s’en trouve gâté, eu égard à l’amas d’ordures ainsi qu’aux restes de beuverie  qui empestent  le hall, où de malheureux SDF trouvent gîte et couvert à l’entrée de ce fleuron du 7e art. Tant de hideuses images d’insalubrité, que cela s’en ressent sur sa façade noircie et poussiéreuse qu’il est pour ainsi dire ardu de redorer à l’identique, notamment quant à la duplication à l’état initial de ses frises et de ses figurines artistiquement sculptées à son fronton. Pour l’histoire, le “Ouarsenis” allait bénéficier d’une seconde opération de rénovation, depuis la première mise en valeur remontant à l’an 1989, lorsqu’il fut versé au patrimoine de la Cinémathèque d’Alger : “Il y eut une convention établie entre une mandature de l’APC de Sidi-M’hamed et la cinémathèque d’Alger, dûment approuvée par le ministère de la Culture. Seulement, la Cinémathèque d’Alger n’a pas honoré ses engagements en matière de maintenance et de redevances de loyers” dixit l’ancien P/APC Mokhtar Bourouina en 2006. Certes, il était convenu ensuite de la levée du voile de l’inculture sur l’écran… noir du “Ouarsenis” qu’avait décidé l’exécutif municipal de Sidi-M’hamed à la faveur d’une résolution votée  par voie de suffrage et en séance plénière durant l’exercice 2015. À ce titre, il y a eu même “la consultation d’opérateurs et l’évaluation des offres techniques et financières, qui avaient abouti au choix de l’entreprise de réalisation”, a-t-on su du secrétaire général M. Salah Oubahi. Seulement, l’équipe d’ouvriers s’en était allé aussi vite qu’elle était venue après avoir amoché à l’aide du marteau et du burin, l’intérieur d’habitude si douillet de l’orchestre et du balcon. C’est en tout cas l’état des lieux que nous avions noté lors de notre intrusion dans un chantier en folie qui n’a pas évolué depuis, d’un iota. Et depuis, le “Ouarsenis” n’est plus qu’une loque urbaine.

Louhal Nourreddine