Ils sont 10 millions de migrants qualifiés l’UE: siphone la rive Sud

Ils sont 10 millions de migrants qualifiés l’UE: siphone la rive Sud

Les études les plus récentes de l’Ocde estiment à près de 10 millions le nombre de migrants originaires des pays des rives sud et est de la Méditerranée installés à l’étranger. Ces diasporas sont de plus en plus diversifiées et qualifiées et leurs contributions au développement sont multiformes: transferts de devises, de savoir-faire et de technologies, animation de réseaux transnationaux (professionnels et scientifiques), contribution au développement local, au développement des écosystèmes de l’innovation…

Selon un Livre blanc sur le sujet publié récemment, les diasporas économiques jouent en effet un rôle double: pragmatiques et proactives, elles oeuvrent depuis longtemps, et souvent dans l’ombre, au développement économique de leurs «deux» pays (pays de résidence et pays d’origine), réinventant des ponts et des méthodes pour créer de la valeur, et, par extension, des valeurs partagées. Dans les pays du Sud, elles endossent naturellement le rôle d’ambassadeur de leurs pays de résidence, de leur savoir-faire et de leurs représentations, et accélèrent ainsi efficacement la coopération entre les deux rives méditerranéennes.

Ces diasporas économiques, constituées de cadres dirigeants, entrepreneurs, investisseurs, scientifiques et relais d’opinions sont d’autre part des contributeurs nets aux flux économiques (investissements, partenariats stratégiques, relais d’opportunités, facilitateurs d’affaires, etc.) qui régissent les relations entre pays de résidence et d’origine. Elles portent des actions concrètes, et mesurables qui participent, si tant est que l’on arrive à les identifier et les mobiliser, à la structuration d’un dialogue constructif et équilibré pour la coopération en Méditerranée.

Selon le même document, grâce à plusieurs travaux d’études sur les diasporas et leurs réseaux, et en mettant en oeuvre depuis 10 ans des projets de coopération économique dans la région aux côtés des pouvoirs publics, des organisations de soutien au secteur privé, des entrepreneurs et des investisseurs, même l’association des agences d’investissement en Méditerranée, Anima, a acquis une expertise reconnue en matière d’ingénierie de développement économique au sein de l’espace méditerranéen.

Cette coopération économique s’effectue aussi par la promotion de la participation des talents des diasporas au développement économique et par leur accompagnement, en les valorisant en tant qu’accélérateurs de compétitivité pour la région. Si les décideurs politiques s’accordent depuis plusieurs années à considérer la migration comme un phénomène global et promeuvent de nouvelles initiatives de développement construites autour de la question centrale de la mobilité, un certain nombre de contraintes empêche toujours les diasporas d’atteindre leur plein potentiel de développement pour la région. Ces barrières résident pour beaucoup dans le déficit de coordination des initiatives entreprises et le cloisonnement des acteurs engagés pour la mobilisation des diasporas, affaiblissant d’autant l’efficacité des moyens déployés, est-il ajouté.