Ils réfutent ses prévisions d’une rentrée sociale calme : Les syndicats autonomes défient Tebboune

Ils réfutent ses prévisions d’une rentrée sociale calme : Les syndicats autonomes défient Tebboune

Si le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, s’attend à ce que la rentrée sociale soit calme, les syndicats autonomes de différents secteurs, eux, ne partagent pas cet avis. Bien au contraire, ils disent se préparer à une rentrée des plus mouvementées, d’autant que « plusieurs dossiers sont toujours en suspens », de leur point de vue.

Abdelmadjid Tebboune, qui rencontrait, dimanche au Palais du gouvernement, les représentants des organisations patronales et le secrétaire général de l’UGTA, a sûrement oublié qu’il avait exclu des syndicats, dont la force de mobilisation a été prouvée à maintes reprises, en lançant que la prochaine rentrée sociale sera « correcte, calme et sans problèmes ».

Ces syndicats qui, encore une fois, ne seront pas partie prenante de la prochaine tripartite prévue le 23 septembre 2017, se trouvent déçus de ne pas avoir été associés à la préparation de cette rencontre et promettent de répondre par l’action de terrain. « Il y a quelques semaines, les propos du Premier ministre sur le dialogue et la concertation étaient porteurs d’espoir. Malheureusement, on se trouve exclus de la première rencontre qu’il tient avec les partenaires », regrette Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).

Notre interlocuteur se demande ce qu’il y a de calme dans la prochaine rentrée ? « On l’espère, pour le bien de tout le monde, mais il faut justement réunir les conditions d’une rentrée calme », nous dira-t-il. Avant d’ajouter que « malheureusement, de notre point de vue, les choses ne sont pas faites dans ce sens ».

Pour Dr Merabet, qui dénonce « le mépris et l’exclusion » des syndicats autonomes, « ce genre de configuration de dialogue social ne garantit pas les conditions d’une rentrée sociale paisible et calme ». « Les problèmes sont toujours posés et le dialogue avec les syndicats autonomes est rejeté par le gouvernement qui a fermé l’espace de la tripartite. Tout cela présage d’une rentrée sociale pas calme », fera remarquer notre interlocuteur.

Le constat est presque le même chez Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’Education et de la formation (Satef). Joint hier, il estime que « Tebboune croit avoir garanti le calme rien qu’en réunissant les patrons et le secrétaire général de la Centrale syndicale ». Il se trompe, à en croire les propos syndicalistes. «Nous n’allons pas nous taire jusqu’à ce qu’il nous invite pour discuter des dossiers en suspens depuis l’année passée (retraite, code du travail et pouvoir d’achat). Ce n’est pas normal qu’il rencontre les patrons et le patron de l’UGTA et exclut les syndicats autonomes qui ont démontré leur force sur le terrain en drainant des foules », soutient Amoura. Et d’ajouter : « Nous sommes les seuls à même de contenir la colère des travailleurs, mais nous ne pourrons la contenir indéfiniment.»

« Les indicateurs sont tous au rouge», avertit le secrétaire général du Satef, qui parle de revendications collectives et d’autres spécifiques à chaque syndicat. En plus, a-t-il insisté, « du musellement et de la répression qui s’abattent sur les libertés syndicales ». « C’est pour ça que nous disons que la rentrée sociale sera chaude », conclut-il.

De son côté, Sadek Dziri, président de l’Union nationale des personnels de l’Education et de la formation (Unpef), estime qu’« il ne peut jamais y avoir de rentrée calme si les problèmes et les revendications des travailleurs ne sont pas pris en charge dans les meilleurs délais ». Le syndicaliste rappelle dans ce sens que « l’Intersyndicale est toujours en attente d’une réponse à la demande d’audience adressée au Premier ministre », à l’issue de sa dernière réunion du 15 juillet.

Les syndicats autonomes veulent, en effet, « une bipartite avec le gouvernement pour pouvoir débattre des questions en relation avec le monde du travail, mais aussi contribuer à l’élaboration de solutions pour faire sortir le pays de sa crise économique ». Hélas, entre les deux parties, c’est, semble-t-il, la sourde oreille. Raison pour laquelle la déclaration de Tebboune, à sens unique, est loin de prédire vraiment d’un septembre calme, jurent les syndicalistes.

Écrit par Myassa Ayache