Il y a 57 ans, “les Algériens en marche”

Il y a 57 ans, “les Algériens en marche”

L’exemple. Il y a 57 ans, jour pour jour, le peuple algérien a surpris le monde entier. Pour mieux comprendre ce qui s’est passé le 11 Décembre 1960 en Algérie, une rapide rétrospective s’impose. Ce jour-là, la guerre de Libération nationale en était à sa sixième année. Le 1er Novembre 1954, une poignée d’Algériens avaient décidé de passer à l’action armée pour libérer leur pays.

Une décision qui ne répondait à aucune logique admise à l’époque pour chasser l’occupant. Ils avaient, pour ce faire, créé leur propre formation politique le FLN et son bras armé l’ALN. Laissant de côté les partis nationalistes, ils se sont lancés dans une entreprise périlleuse qui paraissait vouée à l’échec. Et pour cause. Leur détermination était plus grande que les moyens qui étaient les leurs.

Beaucoup, pour ne pas dire tout le monde, ne leur accordaient aucune chance d’aboutir aux objectifs qu’ils s’étaient assignés dans la déclaration qu’ils avaient publiée la veille du déclenchement de la lutte. Avec un armement dérisoire, sans vraiment de moyens financiers, ils étaient encore inconnus du peuple algérien et donc leur ambition de chasser l’occupant paraissait démesurée. Pourtant, il s’avérera qu’ils avaient vu juste.

La première manifestation qui a marqué l’adhésion populaire à ce Front de Libération nationale qu’ils avaient créé eut lieu le 20 Août 1955. Ce fut à Skikda. La répression coloniale fut terrible. Des plus sauvages. Le résultat ne s’était pas fait attendre. Des milliers d’Algériens rejoignirent l’ALN dans les maquis. Le combat s’intensifiait et la décision de cette poignée d’hommes du 1er Novembre 1954 ne paraissait plus aussi utopiste qu’au début.

La seconde expression populaire eut lieu, en janvier 1957, à l’appel du FLN qui avait décidé une grève générale de huit jours. Elle fut si largement suivie que l’Etat français confia les pleins pouvoirs à son armée pour «le maintien de l’ordre». C’était l’époque du sinistre général Massu et ses parachutistes. Entre-temps l’ALN s’organisait de plus en plus dans les maquis et infligeait de sérieuses pertes aux troupes françaises.

Le combat a même gagné les villes. Arrive le général de Gaulle en 1958. Il nomme le général Challe à la tête des opérations militaires en mettant à sa disposition des moyens militaires colossaux. Le contingent militaire mis à sa disposition avait atteint 500.000 hommes.

Pourtant une année après, le président français était contraint d’annoncer l’autodétermination pour le peuple algérien. Il commençait à comprendre ce que les initiateurs du 1er Novembre 1954 avaient compris avant tout le monde. Ils «avaient mis la révolution dans la rue» que le peuple attendait pour se dresser comme un seul homme contre la colonisation. C’est le chahid Larbi Ben M’hidi qui dévoilera cette stratégie lors de son arrestation. Sachant que l’issue était inéluctable, le général de Gaulle tenta malgré tout de louvoyer. Il lancera d’abord l’idée de la «troisième voie». C’est-à-dire son refus de négocier avec le seul FLN. Ensuite, en 1960, il transforme cette idée par le fumeux concept de «l’Algérie algérienne». C’est-à-dire introduire les Français d’Algérie dans le processus de décolonisation. C’est ce marché de dupes qui a fait sortir la population algérienne le 11 Décembre 1960. En criant «vive le GPRA».

Signifiant que leur seul représentant était le FLN. Les manifestations ont eu un retentissement international tel que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, une semaine plus tard, le 20 décembre 1960, une résolution demandant «la mise en oeuvre du droit du peuple algérien à la libre détermination et à l’indépendance de l’Algérie». Ce qui a conduit au 19 Mars 1962 et au 5 Juillet de la même année. Le 11 Décembre 1960, le peuple algérien a confirmé les prévisions du 1er Novembre 1954 qui a mis «en marche» le peuple algérien!