Il approuve la fermeture de l’APN et juge “inacceptable” une grève de lycéens – Seddik Chihab : le double dérapage !

Il approuve la fermeture de l’APN et juge “inacceptable” une grève de lycéens – Seddik Chihab : le double dérapage !

Les partis du pouvoir ont visiblement cette capacité de passer sans sourciller d’une position à une autre, la contradiction ne les gênant pas.

Le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Seddik Chihab, en déplacement samedi à Tizi Ouzou, a condamné les manifestations et les appels des lycéens de Kabylie au boycott de la langue arabe à l’école. “C’est inacceptable”, lançait-il devant le conseil de wilaya élargi de son parti, réuni, ce jour-là, pour le vote d’une motion de soutien à un cinquième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika.

La position du porte-parole du RND vis-à-vis de cet événement n’est point étonnante. C’est le contraire qui l’aurait été. Cependant, le vocable auquel a eu recours Seddik Chihab pour juger de la démarche de jeunes lycéens peut, dans ce cas de figure, poser problème. “Inacceptable”, disait-il, en effet. Vraiment ?

Dans une conjoncture politique autre que celle que le pays vit en ce moment, le propos du parlementaire du RND n’aurait certainement pas suscité l’intérêt. Et même personne n’aurait trouvé matière à redire. Mais il se trouve que la sentence “inacceptable” est prononcée par un député de la majorité parlementaire, laquelle a livré, sous le regard ébahi des Algériens, un spectacle hideux et indigne de représentants du peuple : enchaîner et cadenasser la porte de l’entrée principale de l’Assemblée populaire nationale (APN). Et il y a lieu de préciser que moins de deux semaines séparent cet incident gravissime des propos de Seddik Chihab sur l’attitude des lycéens. Encore heureux que ces derniers n’aient pas procédé au verrouillage des portes de leurs établissements scolaires ! Peu nombreux seront d’ailleurs ceux qui les condamneraient, puisque leurs aînés, majeurs et vaccinés, et portant la lourde responsabilité du mandat du peuple, ont été les premiers à emprunter et indiquer le chemin de… l’“inacceptable”. Mais les partis du pouvoir ont visiblement cette capacité de passer sans sourciller d’une position à une autre, la contradiction ne les gênant pas.

Le propos de Chihab aurait été peut-être “acceptable” s’il ne s’était pas lui-même affiché dans une attitude de dresseur de barricades en cautionnant et en participant, en tant que membre de la majorité parlementaire, à cadenasser les portes d’entrée de l’APN.

Une majorité devenue ainsi une source d’inspiration pour différents groupes de contestataires, à l’exemple des syndicalistes exclus des structures UGTA d’Annaba, et qui ont, dimanche dernier, cadenassé le siège de l’Union de wilaya pour protester contre leur sort.

C’est dire qu’après un tel acte de brigandage, il serait plutôt malvenu que les partis du pouvoir dénoncent quelque situation “inacceptable”. Et il y a fort à parier que ce n’est pas ce genre de situations qui manqueront à l’avenir…

Mehdi Mehenni