Harkis : un discours de Hollande qui ne passe pas en Algérie

Harkis : un discours de Hollande qui ne passe pas en Algérie

« Grave dérapage de Hollande : il parle de « massacre » des harkis », titre lundi « El Watan » . La reconnaissance par le président de la République de la responsabilité de la France « dans l’abandon des harkis » et « dans les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumain de ceux transférés en France » fait bondir le journal qui y voit avant tout une manoeuvre électorale avant la présidentielle de 2017.

Le journal algérien cite d’ailleurs l’AFP, selon laquelle le discours de François Hollande était très attendu par la communauté harkie, aujourd’hui forte de 500.000 personnes. D’autant qu’en 2012, François Hollande et Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était chef de l’état, avaient déjà reconnu cette responsabilité.

Pour « El Watan », le sujet s’annonce « porteur » pour les candidats à l’Elysée. Mais autant en Algérie la façon dont les harkis ont été accueillis en France n’est qu’une question franco-française, autant sous-entendre que les harkis ont été massacrés sur l’ordre des nouvelles autorités algériennes ne passe pas. « Je dis que jamais l’autorité du FLN, en juin, juillet et août 1962, n’a autorisé ou invité les Algériens ou l’ALN [Armée de libération nationale] à se venger des harkis. Au contraire », a affirmé au journal, maître Ali Haroun, qui était à l’époque membre du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne).

En évoquant l’exemple «  des villageois français qui s’en sont pris spontanément aux anciens collaborateurs nazis » à la Libération, il reconnaît qu’il est « regrettable » qu’il y ait eu des « initiatives à l’échelle locale contre des gens qui ont aidé le colonisateur ».

Les plaies entre la France et l’Algérie ne sont pas cicatrisées. Du moins tant que les deux pays ne se livreront pas, sincèrement et en commun, à l’examen de leur passé.