Grâce à l’intransigeance de sa politique extérieure : L’Algérie au-dessus des clivages religieux et communautaristes

Grâce à l’intransigeance de sa politique extérieure : L’Algérie au-dessus des clivages religieux et communautaristes

L’Algérie a fait preuve de sagesse en interdisant aux autres pays de faire de la lutte contre le terrorisme un moyen de pression pour accéder à d’autres desseins inavoués.

La 35e Réunion des ministres arabes de l’Intérieur, qui s’est déroulée dernièrement à Alger, s’est singularisée avec ses tenants et ses aboutissants sur le plan des priorités et l’évaluation des enjeux géostratégiques tels que vus par l’Algérie et ses rapports avec les pays arabes, sur plusieurs points nodaux qui animent la situation de ce monde qui traverse une période sensible et tumultueuse de son histoire contemporaine.

Beaucoup de choses ont été dites à ce propos, les analyses prenaient un caractère relevant de la haute stratégie dans les cercles européens, asiatiques et même au niveau de certaines forces régionales appartenant à ce Monde arabe.

C’est dire que l’enjeu est prépondérant, voire déterminant quant aux conséquences directes sur la crise globale qui affecte les pays arabes en général et le Moyen-Orient en particulier.

La version d’Alger, qui a vu la participation des ministres arabes de l’Intérieur, n’a pas été l’endroit escompté pour certaines forces qui aspirent à avoir un rôle régional sur fond d’appréhensions alimentées par des clivages et des dissensions, obéissant au jeu des puissants qui visent à faire du Moyen-Orient un véritable ventre mou en rééditant avec plus d’élasticité et de force de démembrement sous le label du Grand-Moyen-Orient (GMO) que celui des accords de Sykes-Picot en 1916.

L’Algérie qui était le pays hôte de la 35e réunion des ministres arabes de l’Intérieur n’a pas ménagé d’opportunités pour que la rencontre prenne une dimension souverainiste et débarrassée du diktat feutré des maîtres du jeu dans la région. Certains analystes de la géopolitique, surtout celle qui a trait aux retombées de la crise économique mondiale sur le Moyen-Orient et les pays du Maghreb, font un constat qui fait ressortir que l’Algérie, malgré les effets de cette crise mondiale qui affecte peu ou prou l’économie nationale et la sphère financière du pays, reste tout de même celui dont la politique étrangère se garde d’être fidèle à sa doctrine et à sa philosophie consistant à faire de la non-ingérence son maître-mot dans ses rapports avec les Etats. Cette empreinte a laissé son ombre planer sur cette dernière réunion des ministres arabes de l’Intérieur. L’Algérie par la voix de son ministre de l’Intérieur avait élucidé l’enjeu du terrorisme qui guette la région du Moyen-Orient et du Maghreb en développant son approche qui reflète ses intérêts et sa position géostratégique surtout par rapport à ses frontières et aussi ses voisins, la Libye et la Tunisie plus précisément. L’approche algérienne sur la question de la lutte antiterroriste est adossée à un processus politique s’arc-boutant sur la Réconciliation nationale comme objectif stratégique et non pas comme mesure palliative.

Certes, l’Algérie ne s’immisce pas dans les affaires des Etats, cela est une ligne rouge pour la politique étrangère du pays. Mais aussi ne tolère pas que l’on s’immisce et que l’on interfère dans sa politique interne, c’est une ligne rouge aussi à ne pas franchir. D’ailleurs cette approche qui s’est transformée en une doctrine caractérisant la politique étrangère de l’Algérie est consacrée dans la Loi fondamentale du pays, ce qui explique que cette démarche s’exprime comme un choix stratégique irréversible et indélébile.

Il est à signaler que la 35e réunion des ministres arabes de l’Intérieur qui s’est tenue à Alger, n’a pas connu une déferlante des Etats traditionnellement hostiles à travers une attitude qui fait dans les clivages envers l’Iran comme c’était le cas lors de la réunion précédente où tout le constat de la crise dans laquelle s’est empêtré le Monde arabe est collé à l’Iran en focalisant l’attention sur «le Croissant chiite» qui vise à s’étendre à l’ensemble des Etats arabes.

La réunion d’Alger a su contourner cette démarche que certains Etats se présentant comme étant potentiellement des forces régionales, insistent sur la menace que constitue l’Iran sur les pays du Golfe et par extrapolation sur les pays musulmans et arabes en général. L’Algérie a pu exiger qu’il n’y ait pas d’invectives ni d’attaques frontales contre un autre Etat y compris l’Iran. D’ailleurs même le communiqué final de la réunion était teinté d’une position qui ne fait pas dans des attaques caractérisées par une dimension qui fait ressortir une trame faite de ripostes et de menaces rythmées par un discours schismatique et confessionnel, pour ne pas dire communautariste. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les courants islamistes qui activent sous la bannière de l’organisation des Frères musulmans dans les pays arabes qui ont applaudi la position algérienne et l’orientation qui a été donnée à cette réunion, faisant en sorte que l’ingérence dans les Etats souverains est rejetée d’emblée. Cette attitude est comprise dans le sillage de la démarche algérienne qui a rejeté toutes les formes d’ingérence dans les affaires des pays arabes, même par rapport à la mouvance islamiste qui s’exprime dans son pays. La seule solution qui puisse paraître comme une panacée pour les Etats arabes qui ont des problèmes avec la mouvance islamiste consiste à recourir à des mesures d’apaisement fondées sur la mise en place des dispositions de la Réconciliation nationale, seul moyen possible pour endiguer le climat de violence et d’incertitude dans lesdits pays.

L’Algérie à fait preuve de sagesse encore une fois, en rejetant l’immixtion dans les affaires des pays qui ont connu «les printemps arabes», mais aussi interdire aux autres pays de faire de cette expérience un moyen de pression pour accéder à d’autres desseins inavoués au nom de la lutte contre le terrorisme et la chasse aux islamistes y compris dans d’autres pays souverains.

La 35e Réunion des ministres arabes de l’Intérieur a permis à l’Algérie d’être au-dessus des clivages et des tiraillements d’ordre communautaristes et religieux en étayant sa démarche consistant à renforcer et consolider les Etats et veiller à ce que toute forme d’ingérence soit contrée et combattue. C’est la ligne intransigeante de la politique extérieure algérienne et de sa diplomatie qui a horreur de la compromission et de négocier l’unité nationale des pays en général.

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