Le film historique « La Bataille d’Alger » de 1966 a été projeté mardi et mercredi soir à Londres, respectivement par la galerie « the mosaic rooms » et l’université des études orientales et africaines (SOAS : School of Oriental and African Studies).
Présenté à l’occasion du cinquantenaire de la bataille d’Alger, selon les organisateurs, les deux projections du film réalisé par l’italien Gillo Pontecorvo, qui raconte le soulèvement des algérois entre 1954-1957 dans la Casbah contre la puissance coloniale française, ont été suivies d’un débat auquel ont pris part notamment des universitaires.
Les deux débats ont été menés par l’écrivain Sohail Daulatzai, auteur de « Cinquante ans de La Bataille d’Alger : passé en tant que prologue » (Fiffty Years of The Battle of Algiers, Past as Prologue), sorti en septembre 2016, et l’étudiante militante algérienne, Malia Bouattia, présidente du plus grand syndicat britannique des étudiants, l’Union nationale des étudiants (NUS) en 2016 et 2017.
La Bataille d’Alger « retrace l’histoire de la façon dont le rêve de liberté a été partagé et défendu et comment les forces de répression ont tenté de le réprimer. Il raconte la lutte d’un peuple contre la domination coloniale et impériale », a commencé par dire Sohail Daulatzai.
Il a estimé que le film est aujourd’hui encore d’actualité, au moment ou des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient se trouvent dans une situation de conflit qui sont selon lui, semblables à la situation du colonialisme reproduite dans La Bataille d’Alger.
« Le film retrace une situation réelle, et tant que toutes les inégalités entre le nord et le sud persistent, tant que les conflits engendrant l’oppression sont là, la Bataille d’Alger est toujours pertinent », a-t-il dit.
Les intervenants dans le débat ont souligné que le combat de l’Algérie pour son indépendance était légitime et que les pays encore colonisés aujourd’hui ont aussi ce même droit de lutter pour leur indépendance.
L’ »amalgame intentionnel fait de nos jours entre la lutte légitime pour la libération nationale et le terrorisme, visant à faire taire les peuples opprimés », a été relevé par des intervenants.
« Il est impératif de faire la part des choses quand il s’agit de violence, il est légitime de répondre à la violence par la violence », a souligné Daulatzai, rattrapé par Bouattia qui a insisté qu’un peuple colonisé « ne cherche pas la violence, et sa riposte armée n’est qu’une réponse à une colonisation ».
« Le droit des peuples à l’indépendance n’est pas du terrorisme », a répliqué un autre intervenant.
Le cas de la Palestine « illustre bien cette confusion », et il revenait dans beaucoup de commentaires.
Sohail Daulatzai qui a indiqué avoir vu le film pour la première fois il y a 30 années, a soutenu que « la bataille d’Alger qui n’était qu’une partie d’un combat et une lutte nationale qui a mené à l’indépendance de l’Algérie, continue à avoir un impact aujourd’hui tant la répression colonialiste est toujours d’actualité ».
Le film La Bataille d’Alger « porte la voix de la résistance à l’oppression coloniale, et il est encore et toujours d’actualité », a-t-il ajouté.
L’écrivain Daulatzai qui est professeur d’études cinématographiques et médiatiques à l’Ecole d’études afro-américaines des sciences humaines de l’Université en Californie, estime que La Bataille d’Alger explore la résistance avec « une approche nuancée des tactiques de guérilla encore rarement vues », considérant que l’œuvre a « trouvé sa place dans le monde entier ».
Et d’ajouter: « bien que La Bataille d’Alger a pris fin il y a cinquante ans, c’est comme si elle n’a jamais été achevée. Nous vivons encore le film, mais aujourd’hui, il porte un autre nom : La guerre contre le terrorisme ».