Le plan d’action de l’Exécutif devra tenir compte d’un scénario d’un baril à moins de 50 dollars.
Le plan d’action du gouvernement qui sera présenté dans les prochains jours à l’APN devra tenir compte du facteur insuffisance de ressources financières en raison de la baisse des prix du pétrole, présenter des alternatives financières, en un mot ne pas ignorer l’éventualité d’un baril sous les 50 dollars. En effet, la semaine dernière aura connu des niveaux de prix jamais atteints depuis plusieurs semaines. Le baril de Brent de la mer du Nord, prix de référence pour le baril algérien, a perdu près de 15% de sa valeur depuis janvier 2017. Les marchés ont ouvert hier sur des prix du baril de Brent à hauteur de 48 dollars. Si cette situation se prolonge d’ici à fin 2017, le gouvernement Tebboune aura à faire face à une situation très délicate. Il faut savoir que l’État a fondé son budget de 2017 sur un baril à 50 dollars. À moins de 50 dollars, la crise d’austérité sera sans doute plus sévère dont l’avant-goût sera sans doute la loi de finances 2018. Déjà avec des prix du pétrole à 50 dollars, le déficit du budget est fixé à 1 847 milliards de dinars. Le moins qu’on puisse dire est que le gouvernement Tebboune gérera l’Algérie avec des marges de manœuvre très réduites au cours des prochains mois pour trois raisons au moins :
1. difficultés du fisc à collecter les impôts : cette situation financière délicate est exacerbée par les difficultés du fisc à collecter les impôts. “Au cours des quatre premiers mois de l’année 2017, la collecte des ressources fiscales a été en deçà des objectifs. C’est l’une des causes de l’incapacité du gouvernement enregistrée en mai dernier à régler le problème des créances impayées des entreprises du bâtiment et travaux publics”, indique une source sûre proche du ministère des Finances.
2. Le fonds de régulation des recettes quasiment épuisé : le gouvernement Tebboune ne pourra pas compter dans cette situation d’insuffisance de ressources sur le fonds de régulation. L’État compte y puiser 1 000 milliards de dinars l’année en cours. Mais comme les dépenses ont été supérieures aux prévisions, ce fonds sera épuisé bien avant fin 2017, ajoute la même source.
3. Difficultés à maîtriser le rythme des importations : les importations se sont élevées à 15 milliards de dollars au cours des quatre premiers mois de l’année. À ce rythme, la facture d’importation atteindra 40 milliards de dollars et non 35 milliards comme fixé par l’objectif du gouvernement. Il faudra donc d’autres mesures de rationalisation du commerce, effectives sur le terrain, pour espérer atteindre un tel chiffre.
Les aspects peu visibles de cette crise financière : un glissement progressif du dinar depuis janvier menaçant le pouvoir d’achat des citoyens, une augmentation du chômage, le gel des recrutements dont pâtissent les jeunes diplômés de l’université font oublier que si des mesures efficaces d’augmentation des ressources financières de l’État ne sont pas prises par le gouvernement Tebboune, la situation du pays sera plus difficile.
Ces mesures sont simples. On peut citer une meilleure collecte des impôts, l’institution de nouvelles taxes sur le foncier comme sur les terrains ou bâtis non utilisés, forte taxation des produits de luxe, actions à court terme d’amélioration du climat d’affaires, incitations en direction des Algériens résidant à l’étranger et des investisseurs étrangers en vue de drainer un flux significatif de capitaux vers l’Algérie.