Enfants mineurs: La DGSN tire la sonnette d’alarme: Plus de 5 000 impliqués dans des délits et des crimes

Enfants mineurs: La DGSN tire la sonnette d’alarme: Plus de 5 000 impliqués dans des délits et des crimes

Les services du numéro vert (104) ont réceptionné plus de 55 000 appels depuis l’instauration, au mois d’août 2016, du plan “Alerte enlèvement”, a révélé Mme Messaoudene.

Le nombre d’enfants mineurs impliqués dans le crime et qui sont en danger physique et moral ne cesse d’augmenter, au point que les autorités sécuritaires ont exprimé leur préoccupation quant à la prise en charge de cette frange vulnérable de la société. Hier, lors de la présentation de la Délégation nationale pour la protection des enfants, un organe rattaché au Premier ministère, la commissaire divisionnaire Kheïra Messaoudene a révélé que 8 080 enfants ont été embourbés dans le crime et ont subi les affres de leurs parents, de la rue et de l’école.

Selon Mme Messaoudene, qui intervenait à l’École supérieure de Châteauneuf d’Alger, 5 368 enfants mineurs, dont 188 fillettes (3%), ont été impliqués dans des délits et des crimes commis durant cette période.

Les rapports établis par la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) indiquent que 1 339 (30%) enfants ont été cités dans des affaires de viols, suivis de 1 337 (29,5%) enfants cités dans des délits de coups et blessures volontaires (CBV), 12 cas d’infanticide et 23 cas d’agressions physiques ayant entraîné la mort. La tendance ne semble pas connaître une baisse malgré les multiples dispositifs déployés par les mêmes services en milieu urbain. En ce sens, pas moins de 2 018 enfants impliqués dans des délits et des crimes ont été recensés durant les quatre premiers mois de l’année en cours, avec la même tendance sur la nature des actes commis par ces enfants livrés à eux-mêmes. Selon Mme Messaoudene, ce sont 80 enfants âgés de moins de 10 ans qui ont été cités devant les tribunaux dans ce genre d’affaires criminelles. “Cela devient de plus en plus inquiétant. Aucune tranche d’âge n’est à l’abri, notamment les enfants âgés de 13 à 18 ans et qui sont versés dans la criminalité et la délinquance”, dira cette responsable de la DGSN.

“En revanche, regrette-elle, les enfants en danger moral constituent un problème majeur.” Mme Messaoudene révélera que “les services du numéro vert (104) ont réceptionné plus de 55 000 appels depuis l’instauration du plan Alerte enlèvement. Parfois, il suffit d’un cri ou d’un comportement suspect devant une école ou à l’intérieur d’une cité pour que le citoyen compose le numéro vert 104. C’est un geste citoyen et qui renseigne de la prise de conscience des Algériens de la nécessité de protéger davantage nos enfants des dérives et des abus”. Par ailleurs, 2 712 enfants en danger ont été traités par la police en 2016. Selon cette responsable, l’intégration sociale a concerné 2 060 cas, mais il n’en demeure pas moins que, après enquêtes et concertations avec les différents services, à commencer par le procureur de la République, 546 enfants ont été envoyés dans les centres spécialisés pour la prise en charge des mineurs. Ce qui inquiète également, c’est la hausse de 28% de ces cas de figure par rapport à l’année 2015.

Dans le même registre, Mme Messaoudene a révélé que pas moins de 1 280 enfants ont été retrouvés sur la voie publique, dont 443 enfants sont âgés de moins de 10 ans. Ces derniers, explique-t-elle, n’avaient aucune raison de se retrouver loin de leur domicile, encore moins abandonnés, non signalés et non recherchés par leurs parents démissionnaires. “Ces enfants abandonnés ont peur de révéler leur identité comme ils refusent de nous indiquer l’adresse de leurs parents”, dira encore cette responsable, indiquant que 1 125 enfants, soit 80% des cas, ont pu réintégrer leurs cellules familiales, alors que le reste des bambins ont été transférés dans les centres spécialisés. “Au niveau de la Sûreté nationale, nous avons multiplié les mécanismes d’intervention et nous avons toujours privilégié la réintégration de l’enfant dans son milieu naturel, c’est-à-dire la famille. Nous avons, à l’échelle nationale, plusieurs cellules d’écoute qui font, au quotidien, ce travail. Mais, avec cette délégation rattachée au Premier ministère, nous allons intensifier nos programmes de protection des mineurs à même de réduire ce fléau qui nous interpelle tous”, a conclu Mme Messaoudene.