Energie: La consommation de carburant a explosé en dix ans

Energie: La consommation de carburant a explosé en dix ans

La consommation de produits pétroliers en Algérie a explosé durant les dix dernières années, ce qui a nécessité autant le recours aux importations qu’à la réalisation de nouvelles raffineries et la rénovation de celles déjà existantes. 

Selon une étude de l’Institut français des relations internationales (IFRI), la consommation de produits pétroliers a considérablement augmenté entre 2005 et 2016 en Algérie, passant de 249.000 à 412.000 barils/jour. L’explosion de la demande de produits pétroliers raffinés, induite notamment par la hausse du parc automobile, a amené les pouvoirs publics à envisager la réalisation de trois nouvelles raffineries.

En fait, le programme national de renforcement des capacités des raffineries permettrait à l’Algérie de couvrir la demande nationale en produits pétroliers, notamment en carburant, sans recourir à l’importation à l’horizon 2021. Sonatrach avait lancé en 2012 un large programme de rénovation-réhabilitation de ses raffineries. La capacité de raffinage du groupe devrait passer à 45 millions de tonnes/an de pétrole brut, à l’issue d’un programme d’investissement pour la réhabilitation des raffineries de Skikda, Arzew et Alger. La capacité de raffinage du groupe passera également à 5 millions de tonnes par an de condensat, soit plus de 30 millions de tonnes de charges traitées, alors que la production de gasoil sera assurée avec une quantité supplémentaire de plus de 3 millions de tonnes par an, soit près de 10 millions de tonnes globalement. Quant aux essences (super et sans plomb), la production passera à plus de 4 millions de tonnes par an, et les trois raffineries vont toutes produire du sans-plomb.

Les capacités de raffinage actuelles de Sonatrach sont de plus de 22 millions de tonnes de traitement annuel de brut et 5 millions de tonnes de condensat à travers 5 raffineries produisant des carburants, des aromatiques, des lubrifiants et des bitumes. Selon l’ex-ministre de l’Energie, Salah Khebri, la consommation nationale en carburant a augmenté de 6,6% entre 2010 et 2015, induite par l’augmentation du parc automobile de 6 millions de véhicules.

Les estimations de l’étude de l’IFRI rejoignent celle d’Abdelmadjid Attar, ex-PDG de Sonatrach, qui a souligné lors d’un forum que la croissance de la consommation des carburants passera de 5,7 millions de tonnes en 2000 à 16 millions de tonnes en 2016, puis à 30 millions de tonnes à l’horizon 2030. «La production commercialisée en 2015 était de 155 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). L’Algérie a exporté pour 100 millions de TEP et consommé les 55 millions TEP restantes, tandis qu’elle a importé pour 4,7 millions de TEP (en hausse de 19% par rapport à 2014)», précise-t-il.

D’autre part, l’IFRI relève dans cette étude consacrée aux trois plus grandes compagnies pétrolières africaines (Sonatrach, Sonangol-Angola et SNNPC-Nigeria) que le groupe pétrolier algérien, grâce à ses 154 filiales, est la seule compagnie africaine à développer des activités de l’exploration pétrolière à la distribution à la pompe. Mais, le groupe pétrolier algérien a besoin «du privé pour mettre en valeur son domaine conventionnel», estime l’IFRI. En outre, l’étude montre que les trois compagnies étatiques «doivent composer avec des défis lourds pour maintenir leur production d’hydrocarbures et attirer les investissements étrangers». L’essor des hydrocarbures de schiste est également un danger et une menace pour ces compagnies pétrolières, ajoute l’IFRI, selon lequel l’arrivée du pétrole de schiste des Etats-Unis a fait chuter les prix de l’or noir. Quant à Sonatrach, elle a réalisé en effort propre 32 des 33 découvertes de pétrole en 2016. Et ses filiales ont réalisé 94 forages d’exploration sur les 106 effectués et a foré 111 puits sur les 114 réalisés en Algérie en 2016. Mais, côté recettes pétrolières, c’est la déprime, rappelle l’IFRI : les revenus pétroliers et gaziers sont tombés à 35,72 milliards de dollars en 2015 contre 60,3 milliards en 2014.

par Yazid Alilat