Émissions mondiales de CO2: Stables pour la troisième année consécutive

Émissions mondiales de  CO2:  Stables pour la troisième année consécutive

L’explication de cette baisse de la pollution aux GES repose sur la progression des énergies renouvelables mais aussi et surtout sur l’essor durable de l’extraction du gaz de schiste.

Pour la troisième année consécutive (2014, 2015 et 2016), les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues des énergies fossiles ont été stables, indique une étude du Global Carbon Project. C’est un fait sans précédent en période de forte croissance mondiale (3%), commente l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Le moteur de cette performance revient à la croissance de production des énergies renouvelables et au remplacement du charbon par du gaz naturel ; ce que les experts nomment l’amorce d’une transition énergétique. Les grandes régions du monde émettrices de GES ne sont pas dans le même mouvement. L’Union européenne avec 10% des émissions globales a connu une hausse de ses rejets de GES de 1,4% en 2015.

Cette contre-performance contraste avec de longues périodes de réduction. L’Inde aussi a connu une augmentation des émissions pour 2015 à hauteur de 5,%. Par contre les deux plus grands émetteurs du monde ont été “plus vertueux” avec le climat selon les chiffres de l’AIE. Mais ces chiffres ne concernent que les émissions de CO2 liées à la production d’énergie ; les secteurs du transport, de l’agriculture et de l’industrie ne sont pas évalués par l’étude.

Les États-Unis et la Chine en bons élèves

Dans ce cadre, c’est aux États-Unis que le recul des émissions de carbone est le plus marqué, avec 3% de baisse. L’explication de cette baisse de la pollution aux GES repose sur la progression des énergies renouvelables mais aussi et surtout sur l’essor durable de l’extraction du gaz de schiste. Sa combustion émet beaucoup moins de CO2 que le charbon qu’il remplace en général. La consommation américaine de charbon, qui est destinée à plus de 90% au secteur électrique, a chuté en 2015 de 13,1% par rapport à 2014.

En 2016, “pour la première fois cette année, l’électricité produite dans des centrales à gaz a devancé celle issue des centrales à charbon”. Un autre fait à noter : “les émissions des États-Unis ont retrouvé leur niveau de 1992 alors que depuis cette année, le PIB américain s’est accru de 80%”. C’est vraisemblablement un découplage entre production de richesses et production d’énergiefossile.

Le revers de la médaille est sans doute les autres pollutions induites par l’extraction, elle-même, du gaz de schiste (contamination des nappes phréatiques en particuliers). Mais ce mouvement risque d’être stoppé avec le programme du nouveau président américain Donald Trump. L’un des instruments de sa politique de plein emploi est la reprise de la production du charbon. Il a réalisé ses scores les plus importants dans le Wyoming et la Virginie de l’Ouest qui sont les deux principaux États producteurs de charbon (plus de la moitié de la production américaine à eux deux).

Pour la Chine, les rejets de CO2 ont baissé de 1%. Dans le détail, les deux tiers de l’augmentation de la demande d’électricité ont été assurés, en 2016, par les énergies renouvelables (hydraulique et éolien notamment) et l’énergie nucléaire. Le pays a mis en service, en 2016, cinq réacteurs atomiques. Globalement, plus de 50% de la consommation additionnelle de l’année 2016 a été satisfaite par les énergies renouvelables.

En tête de ces énergies propres arrive l’hydroélectricité. Il faut tout de même noter que le choc de la catastrophe de Fukushima semble être derrière nous, l’énergie nucléaire retrouve une dynamique de croissance ; c’est la meilleure croissance depuis 1993 grâce aux nombreux chantiers et mise en service de nouveaux réacteurs en Chine, en Russie, aux États-Unis, en Corée du Sud, en Inde et au Pakistan.

La nouvelle de la stabilité des émissions pour la troisième année consécutive est certes bonne à prendre mais cela reste éloigné de l’objectif de limiter l’élévation de la température à 2° pour la fin du siècle. C’est d’autant plus vrai que cela ne concerne que la filière production d’énergie, un champ réduit.

Une autre donnée qui semble prendre de plus en plus d’importance est la contribution de l’usage de l’énergie atomique dans la baisse des émissions de GES dans de nombreux pays. Il est presque impensable d’envisager la réalisation des objectifs de l’accord de Paris sans un accompagnement par la production d’électricité d’origine nucléaire pour une période encore plus longue. Les émissions mondiales doivent maintenant baisser rapidement, pas seulement cesser de croître. Le pari est loin d’être gagné.