Elections locales à béjaia,le jour d’après : La surprenante émergence du mouvement citoyen

Elections locales à béjaia,le jour d’après : La surprenante émergence du mouvement citoyen

Le FFS, qui travaille pour concrétiser son projet de consensus national, a une grande occasion pour confirmer la sincérité de ses intentions en commençant par le traduire localement.

Les urnes ont donné leur verdict jeudi à la faveur du scrutin des locales. Un scrutin qui comporte en soi des lectures assez intéressantes pour comprendre l’évolution sur la scène politique locale. Les électeurs de la wilaya de Béjaïa se sont prononcés. Ils ont fait leur choix en toute démocratie, confirmant la supériorité du Front des forces socialistes avec l’émergence des acteurs du mouvement citoyen et le recul des partis dit «du pouvoir» en l’occurrence le Front de Libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) ainsi que l’obligation d’alliance au niveau de pas moins de 42 communes sur les 52 communes que compte la wilaya de Béjaïa. Si le Front des Forces socialistes (FFS) a confirmé sa dominance sur l’échiquier politique local il n’en demeure pas moins, exception faite des communes de Tamokra, Ighrem, Ighil Ali et Beni K’sila, qu’il sera contraint dans le reste des 23 communes qu’il dirigera de tisser des alliances pour gouverner avec aisance. La même situation se présente au niveau de l’APW. Dans cette assemblée, le FFS a besoin d’une seule voix pour constituer son exécutif. Le nouveau président de l’ APW, l’ex-maire de la commune d’Akfadou en l’occurrence Méhenni Hadadou, que nous avons contacté hier, s’est engagé à faire en sorte de travailler avec l’ensemble de la composante de l’assemblée et ce, pour l’intérêt de la population.

Autre lecture à retenir des résultats de ce scrutin des locales, réside au niveau de l’émergence des forces indépendantes. A ce titre, on note plus de neuf communes remportées par les listes indépendantes avec la présence pour la première fois des indépendants au sein de l’Assemblée de wilaya (APW). Les indépendants qui constituent la deuxième force politique avec près de 250 élus, s’offrent une majorité absolue dans au moins trois communes Tazmalt, M’cisna et Feraoun. A Tazmalt, la liste indépendante «Assirem», qui devait être drivée initialement par un militant associatif, en l’occurrence Fateh Radjdal, que l’administration a écarté pour de sombres raisons, a réussi avec son colistier à écarter le maire sortant, le patriote Smaïl Mira, qui a longtemps présidé les destinées de cette région, carrefour entre quatre wilayas, Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira et Bordj Bou Arréridj. A M’cisna et Feraoun, les indépendants peuvent gouverner sans avoir besoin de s’appuyer sur les listes des concurrents. C’est le cas du RND, un parti qui a été effacé dans l’APW de Béjaïa, obtenant la gouvernance dans deux communes, notamment à Tizi N’berbère grâce à Lounès Mouhli qui se fait réélire pour la deuxième fois consécutive à Amalou. Le FLN qui a gagné dans quatre communes se trouve majoritaire dans la localité de Tala Hamza. L’autre surprise nous est venue d’El-Kseur. Le nouveau président, qui n’est autre que l’ancien délégué du mouvement citoyen. Ali Gherbi, le désormais maire d’El-Kseur, est élu avec une majorité relative. Ce militant, qui s’est distingué durant les événements du printemps noir se voit dans l’obligation de tisser des alliances pour constituer son exécutif et entrer de plain-pied, dans la gouvernance d’une municipalité assez riche mais sujette, sous le règne du FFS, à des blocages énormes qui n’ont pas été sans conséquences sur le bien-être des habitants. La ville d’Akbou, ville qui a défrayé la chronique locale à plusieurs reprises sera désormais dirigée par un nouveau maire issu du mouvement associatif. Il s’agit de Mouloud Salhi, le président de l’association étoile culturelle d’Akbou, connu aussi pour ses activités pour les droits de l’homme. Cet ex-élu, devenu maire, aura fort à faire pour constituer son exécutif. Mais connaissant son art et sa manière de dirigeant au sein de la célèbre association étoile culturelle d’Akbou, on est presque persuadé de la réussite. A relever aussi la montée du RCD, qui revient avec trois élus à l’APC de Béjaïa et le maintien de son score à l’APW avec 10 sièges. Le parti de Mohcine Belabbas dirigera 12 communes en passant par des alliances nécessaires pour composer les exécutifs.

A travers ce constat, il est aisé de comprendre la volonté de la population, qui s’est exprimée plus conséquemment que lors des scrutins précédents, de chercher d’autres voies de salut à même d’améliorer son quotidien. La population de Béjaïa confirme aussi sa diversité politique avec un penchant préférentiel pour le parti de feu Ait Ahmed, tout en se gardant de lui attribuer tous les pouvoirs. Le léger retour du RCD et l’émergence des indépendants à travers, notamment des acteurs du mouvement associatif sont perçus par les observateurs comme un avertissement à peine voilé à l’égard du FFS, qui se doit de se repositionner auprès de la population et ses préoccupations. Lui, qui travaille pour concrétiser son projet de consensus national, a une grande occasion pour confirmer la sincérité de ses intentions en commençant par le traduire localement au profit de la population locale.