Dialogue économique et social: Le maigre bilan des 20 dernières tripartites

Dialogue économique et social: Le maigre bilan des 20 dernières tripartites

Nombreuses ont été les mesures annoncées tambour battant à l’occasion de ces sommets, mais restées finalement lettre morte.

En présidant la réunion de dimanche dernier consacrée à la préparation de la prochaine tripartite, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avait indiqué que ce sommet traitera “obligatoirement” des bilans des actions engagées auparavant. Et sur ce point précis, il faut en convenir que le bilan des 20 dernières tripartites est extrêmement maigre sur le plan économique.

L’ancien ministre Abdelhamid Temmar, reconnaît, d’ailleurs, lui-même cet état de fait dans son ouvrage L’économie de l’Algérie, où il relève que les partenaires sociaux et économiques et les acteurs politiques ne sont associés à la formulation des politiques publiques, comme la mise en œuvre, que de manière épisodique. “La seule forme d’institutionnalisation de l’association des partenaires économiques et sociaux est la tripartite dont les résultats sont, en général, purement formels, en dehors du relèvement du SNMG”, a-t-il indiqué, à ce

propos. Les résolutions de toutes les tripartites tenues jusque-là, sur le foncier, le financement, le climat des affaires…, sont restées lettre

morte.

Les mêmes questions reviennent à l’ordre du jour des différentes tripartites, en dépit de la mise en place de comités de suivi qui tenaient régulièrement des réunions d’évaluation et rendaient compte de l’état d’exécution des engagements pris par les uns et les autres dans un rapport d’étape. Dans ces documents, adoptés y compris par les partenaires sociaux, les affirmations du gouvernement sont empreintes d’une autosatisfaction permanente. Même le contenu du Pacte national économique et social de croissance, devant servir de base à la réorganisation de notre système économique, a été, malheureusement, biaisé. Il est vrai qu’il est difficile d’afficher une attitude revendicative quand on doit son existence même au pouvoir en place, ce qui explique l’embarras des organisations patronales à réclamer quoi que ce soit. L’UGTA est le seul représentant des travailleurs accepté à la tripartite. Les syndicats autonomes sont écartés. C’est aussi le président de la République qui a imposé la participation du Forum des chefs d’entreprise, qui n’est pas un syndicat de patrons, comme membre de la tripartite. Du coup, le gouvernement discute, durant la tripartite, d’une certaine façon avec lui-même. Au fil des années, le dialogue s’est enfermé dans une logique de distribution de la rente pour assurer les allégeances politiques et la paix sociale. Les grands choix sont toujours en éternelle gestation. C’est un montage institutionnel en trompe-l’œil, utilisé pour légitimer les décisions du gouvernement. Les préoccupations de stabilité sociale immédiate prennent le pas sur la mise en place d’un système économique qui assurerait, à travers la maîtrise et la durabilité d’une croissance inclusive, une stabilité économique et politique dans une perspective à long terme. Le gouvernement se comporte comme s’il ne s’agissait que de gérer des difficultés économiques passagères, là où des réformes plus structurelles sont nécessaires et urgentes. Alors une nouvelle tripartite, pour quoi faire ?