Développement local à Béjaïa: Des retards à la pelle

Développement local à Béjaïa: Des retards à la pelle

Beaucoup de projets sont inscrits et dont l’entame des travaux était programmée depuis longtemps, mais à ce jour, aucun lancement n’est annoncé.

Les jours passent et se ressemblent à Béjaïa. Chaque jour qui arrive est là pour rappeler à tout un chacun combien sont importants les mégaprojets qui restent à la traîne à Béjaïa. Des projets qui tardent à se concrétiser en raison de l’outil de réalisation, des oppositions citoyennes et divers fléaux qui minent Béjaïa ces dernières années. C’est le cas de l’échangeur des Quatre-Chemins et la pénétrante autoroutière, bien que cette dernière ait été inaugurée sur une grande partie entre Ahnif et Akbou sur 42 km et qu’un autre tronçon est attendu pour les jours à venir. On espère aussi voir dégeler d’autres projets dont le Centre hospitalo-universitaire, la centrale pétrochimique, le téléphérique et le tramway.

Du rêve, tant la conjoncture économique ne s’y prête pas. Si pour les projets de la centrale pétrochimique et du CHU on parle d’un gel, qui pourrait être levé à tout moment si la situation économique du pays venait à retrouver son envol, ce n’est pas le cas des projets du tramway et du téléphérique remis, semble-t-il, aux calendes grecques. Bien que son inscription remonte à 2009, le CHU de Béjaïa aujourd’hui opérationnel, dans des structures anciennes, éparpillées à travers la ville, n’a pas connu d’évolution, exception faite de la décision de la commission de choix de terrain dépêchée d’Alger qui avait opté pour la commune de Boukhelifa au lieu de Oued Ghir.

Le CHU reste encore au stade de projet, eu égard à la situation qui mine les structures qui l’accueillent. De par leur importance, démontrée encore une fois durant la période du grand flux d’estivants, le téléphérique s’avère un impératif. Non seulement, il boostera les visites des sites touristiques du mont de Gouraya, évitant ainsi les déplacements motorisés et par ricochet les embouteillages et les accidents, mais également le problème de stationnement. Le dédoublement de la voie ferrée, un projet prévu sur un itinéraire de 87 kilomètres entre Béjaïa et Béni Mansour, a été confié à un groupement d’entreprises pour une enveloppe de 65 milliards de dinars, sans pour autant que celui-ci ne démarre.

Les propriétaires terriens riverains s’y opposent et rien de bon ne se dessine à l’horizon. Au niveau du chef-lieu de la wilaya, le projet de l’échangeur des Quatre-Chemins voit l’entame d’un deuxième pont après l’achèvement des pylônes. Devant être livré en 2015, ce projet a connu des reports successifs et à ce jour, il n’est opérationnel que sur une partie, que beaucoup décrivent ironiquement comme le plus grand os d’âne du monde.

D’autres projets sont inscrits et dont l’entame des travaux était programmée depuis longtemps, mais à ce jour, aucun lancement n’est annoncé en prévision. On citera notamment les projets du dédoublement des Routes nationales 26 et 9, dont la concrétisation aura lieu au-delà de la fluidité du trafic routier, qui réduira considérablement le nombre d’accidents qui se produisent régulièrement sur ces deux axes routiers. La wilaya de Béjaïa est ainsi pénalisée gravement.

La situation se fait de plus en plus dramatique. Alors que d’autres évoluent rapidement, la réalisation des infrastructures de base traîne dans le temps et le fossé s’élargit chaque année un peu plus.

N’est-il pas temps de réagir? Entamés en janvier dernier à partir de la ville historique d’Ifri Ouzellaguen les visites de terrain, qui le conduiront aux quatre coins de la wilaya, pour inspecter les projets en cours de réalisation et s’enquérir de la situation du développement local dans la région, ont été bouclées avant-hier à la faveur d’une visite d’inspection et de travail, qui l’a conduit dans la daïra d’Amizour où il a sillonné toutes les communes. Comme il l’avait annoncé récemment en marge d’une visite dans la commune de Béjaïa, le chef de l’exécutif tiendra une conférence de presse pour brosser un état des lieux et faire part des perspectives à engager pour améliorer la situation des habitants de la wilaya. Ce bilan, qui s’invite à la veille d’un scrutin local, devrait inspirer les nombreux postulants qui se bousculent au portillon de l’administration pour le retrait des formulaires de participation.

Un rendez-vous que tout un chacun espère comme une opportunité pour chasser les démons qui ont longtemps empesté les assemblées locales, notamment l’institution APW, qui a brillé lors de ce mandat qui s’achève par une léthargie totale. Les blocages et les entraves politico-administratives que subissent plusieurs investisseurs dans la wilaya de Béjaïa et de l’ostracisme économique qui frappe la wilaya. Celle-ci vit aussi d’autres problèmes qui ne datent pas d’aujourd’hui et dont certains seraient les conséquences des comportements de certaines assemblées.

Il serait tout aussi intéressant de voir plus clair concernant le fléau des fermetures de routes, qui, lui aussi, a sa part dans la fuite des investisseurs. Un débat général est nécessaire car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Avec le constat établi par les autorités et le bilan que défendront les partis politiques aux commandes locales, on peut espérer un débat sérieux sur la question de développement local car la réalité est là et elle ne peut échapper à personne.