Depuis le lancement du prix Assia Djebar: Le roman en tamazight en plein essor

Depuis le lancement du prix Assia Djebar: Le roman en tamazight en plein essor

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L’écriture romanesque en langue amazighe connaît une importante et indéniable évolution depuis cinq ans. Cette progression est remarquable aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. En effet, alors qu’il y a un peu plus de cinq ans, la parution d’un nouveau roman en tamazight était un événement qui se produisait une fois toutes les quatre ou cinq années, ces derniers temps une profusion de nouveautés est constatée. Ce regain d’intérêt pour l’écriture de romans en langue amazighe n’est guère étranger à l’engouement qu’a suscité le lancement du grand Prix Assia Djebar du meilleur roman dans les trois langues amazighe, arabe et française.

Le meilleur roman en tamazight

Le fait qu’il y ait une version amazighe de ce prix a permis aux auteurs amazighophones d’avoir plus de volonté pour produire davantage et mieux. Il y a, en plus de cet élément, d’autres facteurs qui ne sont pas étrangers à ce sursaut qualitatif de la production de romans en tamazight depuis au moins 2014. La tenue régulière du Salon international du livre d’Alger permet aux auteurs en tamazight de s’extirper de l’anonymat en l’espace d’une dizaine de jours. Mais il n’en demeure pas moins que c’est le prix Assia Djebar qui a donné un véritable coup de fouet à l’édition de romans en tamazight.

On en veut pour preuve le fait que la période choisie par les auteurs et les éditeurs pour la publication des nouveautés est la veille du dépôt des manuscrits postulant au prix en question. Depuis l’attribution de la première édition de ce prix à Rachid Boukherroub pour son roman «Tislit N ughanim» (éditions «El Amel»), chaque année, des dizaines de romans en tamazight sont déposés sur le bureau du jury du prix Assia Djebar. Ce qui a permis par la suite l’émergence de nouvelles plumes en tamazight dont le talent a été confirmé à l’unanimité par la critique et les universitaires des départements de langue et culture amazighes.

à titre postume

C’est le cas de la romancière Lynda Koudache qui a été primée pour son roman «Tamachauts tanegarut» édité à compte d’auteur. Elle qui avait déjà publié, 10 années auparavant, son premier roman: «Aâchiw n tmes». Il est à rappeler ici que Lynda Koudache est la première écrivaine, dans l’histoire, à avoir écrit un roman en tamazight en Algérie. Après elle, de nombreuses autres femmes se sont mises à l’écriture de romans en tamazight dont deux ne sont plus de ce monde aujourd’hui malheureusement. Il s’agit des regrettées Dihia Louiz et Kaysa Khalifi. Cette dernière est décédée avant de se voir décerner récemment, à titre posthume, le prix Yamina Mekachra du meilleur roman en tamazight pour sa fiction «Ihulafan» (éditions Achab).

Malheureusement, à l’instar de la regrettée Dihia Louiz, le parcours d’écrivaine de Kaysa Khalifi a été écourté par son décès précoce. Kaysa Khalifi est décédée le 25 juillet 2018 à l’âge de vingt-sept ans. En plus du roman «Ihulfan», Kaysa Khelifi avait déjà publié un recueil de nouvelles intitulé: «Tabrats». Pour revenir au prix Assia Djebar, il faut rappeler que deux autres romanciers en tamazight ont également reçu le grand Prix Assia Djebar du meilleur roman en tamazight, en l’occurrence Mustapha Zarouri pour son roman «D wagui i dasirem-iw» ainsi que Mhenni Khalifi pour son roman «Imehbal» (édition 2018).

Regrettée Dihia Louiz

En plus des romanciers primés lors de l’attribution du prix Assia Djebar, il faut aussi noter que chaque année, la version amazighe du prix Mohamed Dib décerné par l’association culturelle la «Grande maison» de Tlemcen récompense un écrivain ayant fait le choix d’écrire dans la langue de Jugurtha. Pour l’édition 2018 du prix Mohamed Dib, c’est l’écrivain Fahim Messaoudène qui en a été le récipiendaire pour son roman «Anza» publié aux éditions «Richa-Elsam». Lors de l’édition 2017 du même Prix, c’est la regrettée Dihia Louiz qui l’avait reçu.

En plus de tous ces romans qui ont occupé le devant de la scène médiatique grâce à différents prix littéraires obtenus, il faut souligner qu’il existe aussi des dizaines de romanciers ayant publié un ou plusieurs romans en tamazight ces cinq dernières années. Certains sont connus et d’autres moins médiatisés à l’image de Amar Mezdad, Boualem Rabia, Aomar Oulamara, Brahim Tazaghart, Tahar Ould Amar, Salem Zénia, Ahmed Nekkar, Mohand Arkat, Djamel Benaouf, Youcef Achouri, etc. Amar Mezdad reste l’écrivain en tamazight le plus prolifique et surtout le plus lu. Ses romans ont fait l’objet de plusieurs rééditions et certains sont même introuvables dans les librairies malgré plusieurs rééditions.