Démission de la famille, passivité des autorités et consommation de drogues : Les gangs en maîtres des cités

Démission de la famille, passivité des autorités et consommation de drogues : Les gangs en maîtres des cités

d-les-gangs-en-maitres-des-cites-65762.jpgPour un différend insignifiant, une dispute d’enfants, un regard distrait ou intéressé, un litige de voisinage… et c’est la rixe qui vire à l’émeute. Les enfants d’une même ville, dont les parents et les aïeuls ont appris, des générations durant, à faire de leurs différences culturelles un argument pour la cohabitation, s’entretuent depuis de longs mois.

Mercredi 15 octobre dernier, des compagnies entières d’URS, en prolongement du mouvement lancé depuis deux jours par leurs collègues en exercice à Ghardaïa, convergent de leurs casernes et postes vers la présidence de la République pour y soumettre une plateforme de revendications, dont celle de s’assurer leur propre sécurité lors des violences urbaines. Tout le tissu social, appareil répressif de l’État y compris, ne peut plus s’accommoder d’une violence érigée en “projet des individus”, pour reprendre le docteur Boudarène. La situation est de plus en plus grave et elle se vérifie au quotidien.

Ainsi, la veille, mardi 14 octobre, à Illizi, la ville est le théâtre de batailles rangées entre de jeunes Arabes et de jeunes Touareg. Un mort et plusieurs blessés sont à déplorer.

Au même moment, à El-Kala, des dizaines de jeunes tentent d’investir le tribunal pour récupérer trois des leurs que les policiers présentaient devant le procureur. Une journée avant, soit lundi 13 octobre à Ghardaïa, un jeune trouve la mort au quartier Echouf à Berriane. Des policiers sont brûlés à différents degrés par des jeunes émeutiers. Le même jour, à Constantine, et pour la troisième nuit consécutive, les affrontements se poursuivent entre des jeunes des quartiers du Faubourg et de Ziadia avec leurs lots de blessés, de familles quittant à la sauvette leurs domiciles et de voitures saccagées. Une tentative d’intrusion au siège du 12e arrondissement de la sûreté urbaine est signalée.

Cette nuit-là, à Annaba, la cité El-Abtal a vécu au rythme d’affrontements entre des habitants et des commerçants informels. Dimanche 12 octobre. Illizi. À la tombée de la nuit, la résidence du wali est assaillie par des hommes en furie. Elle est saccagée et son fils

est agressé, selon des comptes-rendus de presse. La journée d’avant, à Constantine et après une trêve d’une journée, c’est la reprise des affrontements entre deux bandes de jeunes au niveau de l’unité de voisinage (UV) 19 située à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Des dizaines de blessés et des cages d’escaliers endommagées.

Une semaine avant, le dimanche 5 octobre à Tixeraïne, banlieue d’Alger, de violents affrontements éclatent entre des relogés d’El-Harrach et de Diar-Echems à El-Madania. Plusieurs blessés et quelques véhicules endommagés sont enregistrés. Rien que pour le décompte du mois d’octobre, il a été enregistré, en moyenne, une bataille par jour.

Règlements de compte entre bandes rivales, besoin d’en découdre entre voyous, ou encore mise à profit d’une situation de désordre pour exprimer son agressivité et régler ses comptes avec la société… Des comportements délinquants — opportunistes, il faut le souligner — qui fleurissent avant tout à l’ombre du recul de l’autorité de l’État.

M. K.