DÉCISION DU GOUVERNEMENT D’EXPLOITER LE GAZ DE SCHISTE In Salah prépare la riposte

DÉCISION DU GOUVERNEMENT D’EXPLOITER LE GAZ DE SCHISTE  In Salah prépare la riposte

Le comité anti-gaz de schiste, appelé comité des 22, a repris de l’activité immédiatement après l’annonce d’Ahmed Ouyahia et s’attelle à mobiliser pour tenter de faire renoncer le gouvernement à son projet.

L’annonce, pour le moins inattendue, faite avant-hier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, relative à l’autorisation d’exploitation du gaz de schiste, est très mal accueillie par les habitants d’In Salah, farouchement opposés à cette option. Ce qui risque, ainsi, de raviver les protestations contre le gaz de schiste. Des protestations qui ont duré, on se le rappelle, plusieurs semaines dans cette ville, au début de l’année 2015.

“Le Premier ministre et son gouvernement doivent savoir que les citoyens d’In Salah campent toujours sur leurs positions concernant l’exploitation et même l’exploration du gaz de schiste dans la région. Ils sont prêts, si besoin est, à tout pour faire barrage à cette option que le gouvernement ne semble pas vouloir lâcher”, a averti hier, un des membres du fameux comité citoyen appelé “groupe des 22” qui avait mené au début de l’année 2015 à In Salah le front anti-gaz de schiste. Pour ce membre, qui a requis l’anonymat par, dit-il, peur de représailles, le gouvernement “a intérêt à ne pas provoquer une fois de trop les citoyens d’In Salah ou même d’ailleurs sur cette question de gaz de schiste à laquelle ils s’opposent catégoriquement”. Notre interlocuteur précise que si les habitants d’In Salah n’ont pas investi la rue  juste après la sortie d’Ouyahia, c’est parce les notables de la ville les ont appelés à la retenue tant que rien n’est encore entrepris sur le terrain. Néanmoins, les plus avertis parmi les opposants au gaz de schiste, apprend-on d’une source locale, seraient déjà mobilisés pour mener des “enquêtes” sur certains sites soupçonnés d’être choisis pour l’exploration du gaz de schiste.

Un autre leader “du groupe des 22”, qui a aussi requis l’anonymat, affirme, pour sa part, que le feu vert donné par le Premier ministre aux responsables de Sonatrach pour convaincre les citoyens sur l’exploitation du schiste est “inutile” car, souligne-t-il, “nous sommes plus que convaincus que les inconvénients du gaz du schiste dépassent de loin les avantages avancés par M. Ouyahia”. Le même militant anti-gaz de schiste ne ferme pas pour autant la porte du dialogue et se dit prêt à débattre avec quiconque voudrait débattre avec lui sur la problématique du schiste.

“Je défie quiconque parmi les responsables de Sonatrach ou du gouvernement que je suis personnellement prêt à affronter sur un plateau télé ou ailleurs pour débattre de cette question. Et je reste persuadé que personne ne pourra convaincre les citoyens sur l’exploitation du schiste au vu des dangers qu’il présente autant sur l’environnement que sur la santé humaine.”

Le militant laisse entendre clairement que l’option du schiste ne sera en aucun cas acceptée par les citoyens d’In Salah. Il n’écarte pas ainsi le recours à une action de rue dans les prochains jours “si jamais le gouvernement ne renonce pas à sa volonté d’aller vers l’exploitation du schiste”. “Nous avons déjà clairement dit au gouvernement, à l’occasion des manifestations de 2015, que nous restons foncièrement opposés à l’exploration, encore moins à l’exploitation du gaz de schiste dans notre région, mais il ne veut pas, semble-t-il, nous écouter. Qu’il assume désormais ses responsabilités”, a encore averti le citoyen d’In Salah. La sortie d’Ouyahia n’a pas manqué de faire réagir, par ailleurs, de nombreux citoyens d’In Salah sur les réseaux sociaux notamment  sur la page “In Salah Sun&Power” créée dans la foulée du mouvement anti-gaz de schiste de 2015.

“Non au gaz de schiste”, “nous résistons et refusons le gaz de schiste”, ou encore “le gouvernement doit oublier In Salah pour l’exploration du gaz de schiste”, ce sont autant de slogans qui sont, en effet, remis au goût du jour par les internautes de cette ville du Grand Sud qui ne comptent pas faire la moindre concession au pouvoir concernant l’option du schiste. L’opposition ne fait que (re) commencer.

Farid Abdeladim