Crise économique: Que fera le gouvernement Tebboune ?

Crise économique: Que fera le gouvernement Tebboune ?

Les changements intervenus jeudi au sein de l’équipe gouvernementale confirment à bien des égards la gravité de la crise économique qui frappe de plein fouet le pays. Les départements en charge des questions économiques ont tous changé de main, illustrant l’inquiétude qui s’est emparée de l’Exécutif. Il s’agit là du troisième remaniement intervenant depuis la chute des cours pétroliers en juillet 2014. Que ce soit pour les secteurs des Finances, l’Energie, l’Industrie, les Travaux publics, le Commerce ou le tourisme, l’Algérie a consommé durant un laps de temps un nombre très important de ministres.

On peut citer, entre autres, les noms de Youcef Yousfi, Salah Khebri, Noureddine Boutarfa, Abderrahmane Benkhalfa, Hadji Babaammi, Amara Benyounès, Boudjemaâ Talai, Mohamed Djellab … et bien d’autres compétences nationales qui ont eu à gérer ces dernières années les différents départements. Ceci ne s’est pas traduit, comme souhaité par les hautes autorités, par des résultats palpables sur le terrain.

Bien au contraire. La situation économique et financière s’est aggravée considérablement, marquée par une baisse conséquente des recettes des exportations pétrolières, l’effondrement du fameux fonds de régulation des recettes, une facture d’importation trop élevée et insoutenable, ainsi qu’un recul inquiétant des réserves officielles de change.

Conjuguée à cette instabilité caractérisant le staff gouvernemental, la situation ne risque pas de changer positivement de sitôt malgré les bonnes volontés affichées par les nouveaux ministres installés. Il faut admettre qu’il n’est pas aussi facile de briser du jour au lendemain cette dépendance de l’économie algérienne vis-à-vis des recettes pétrolières.

Après presque 40 ans de fonctionnement dans le cadre d’un système figé et basé sur le partage de la rente, l’économie nationale est aujourd’hui incapable de se départir de cette réalité et de connaître une trajectoire plus prometteuse. Le nouveau premier ministre a reconnu d’ailleurs, lors de sa prise de fonction, qu’une reconversion économique «nécessaire et urgente» sera la priorité de la nouvelle équipe.

Abdelmadjid Tebboune a soutenu, dans le même contexte, que le gouvernement va travailler pour que le pays ne dépende plus des «fluctuations des prix des hydrocarbures». Cette précision vaut son pesant d’or. Elle confirme, à plus d’un titre, que les gouvernements précédents ont tous échoué à modifier cet état de fait. La diversification économique tant galvaudée et psalmodiée dans le discours officiel demeure en fin de compte un leurre.

La fin de l’ère des grands chantiers et du financement tous azimuts de projets d’infrastructures publiques donne à réfléchir sur le devenir économique et la préservation de la stabilité sociale. Le gouvernement est acculé et amené plus que jamais à trouver les solutions qui s’imposent, notamment le lancement des réformes structurelles et la refonte du système de gestion budgétaire. Car cette politique de changer de figurants a atteint ses limites. Les défis et les attentes sont énormes et il va falloir s’attaquer aux problèmes de fond de l’économie algérienne. Le premier ministre l’a souligné d’ailleurs avec force et promet de présenter prochainement à la nouvelle assemblée populaire nationale une nouvelle feuille de route. L’heure est désormais au passage à l’action sur le terrain.