Crise de migrants et de réfugiés en Méditerranée: Au moins 453 morts ou disparus en 55 jours

Crise de migrants et de réfugiés en Méditerranée: Au moins 453 morts ou disparus en 55 jours

Le nombre de décès enregistrés du 1er janvier au 22 février 2017 a augmenté de 300%, comparé au bilan enregistré durant la même période de l’année 2016.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a fourni vendredi un bilan des plus alarmants sur le nombre de morts et disparus en Méditerranée qui a atteint les 366 victimes entre le 1er janvier et le 22 février, lit-on sur le site de cette institution onusienne. Ces victimes sont décédées en tentant de rejoindre l’Europe, via l’Italie surtout, en provenance des côtes libyennes, où les réseaux de passeurs pullulent depuis la chute de l’ancien régime de Tripoli fin 2011. “Le Projet des migrants disparus rapporte environ 326 décès ou disparitions de migrants et de réfugiés sur ce corridor jusqu’au 22 février, comparativement à 97 l’an dernier, soit une augmentation de plus de 300%”, a révélé l’OIM.

“Dans l’ensemble de la région, les décès en mer sont maintenant de 366 hommes, femmes et enfants, contre 425 en ce moment en 2016”, détaille ce nouveau rapport qui fait état de la mort de près de 600 migrants et réfugiés à travers le monde, durant cette période indiquée. “Ces données incluent le nombre de décès rapporté cette semaine à bord d’un bateau de 133 passagers à bord qui a sombré à Az Zawiyah, près de Tripoli, dimanche (19/2)”, a précisé l’OIM. Si on ajoute donc les 74 corps de migrants qui a ont été découverts mercredi sur une plage près de Tripoli et les 13 autres personnes asphyxiées dans un conteneur jeudi, le bilan total atteint les 453 morts et disparus en 55 jours. Ce chiffre est toutefois loin d’être exhaustif, car de nombreux migrants et réfugiés auraient péri sans qu’on puisse retrouver la moindre trace en mer.

Aussi, au moins “13 924 migrants, dont des réfugiés, sont entrés en Europe par mer en 2017 jusqu’au 22 février, avec plus de 75% arrivant en Italie, le reste en Grèce et en Espagne”, a ajouté le rapport de l’OIM, soulignant que “ce chiffre se compare à 105 427 pendant les 53 premiers jours de 2016”, période durant laquelle le flux de réfugiés syriens, irakiens et afghans était très important. “Plus de 10 701 arrivées de migrants en Italie avant la fin de février représentent une augmentation significative par rapport aux arrivées au cours de la même période pendant chacune des deux dernières années (2015 et 2016, ndlr)”, a affirmé le bureau de l’OIM à Rome, ajoutant qu’“avec cinq jours pour le mois, les arrivées italiennes pourraient être de 50% plus élevées que celles enregistrées pendant les deux premiers mois de 2015 ou 2016”. C’est ce qui explique le nombre élevé de décès en mer, selon l’OIM. Pourtant, tout le monde s’attendait à une baisse du flux de départs de Libye durant cette période de mauvais temps et conditions de navigation difficiles.

Mais cela ne semble pas dissuader les candidats à l’émigration clandestine, ni ces réfugiés qui préfèrent affronter l’incertitude en mer que les guerres et les dictatures qu’ils fuient dans leurs pays, aussi bien en Afrique qu’en Asie. Par ailleurs, l’OIM explique que certains décès ou disparitions sont causés par les passeurs eux-mêmes qui volent les moteurs des embarcations, en prétextant l’arrivée des secours. “Cela devient une tactique commune des trafiquants, a déclaré le porte-parole de l’OIM à Rome, Flavio Di Giacomo”, lit-on encore sur le site de cette organisation. “Lorsque vous prenez un moteur d’un bateau comme celui-ci, vous ne pouvez plus le traiter comme un +incident+. C’est un homicide”, a-t-il affirmé. “L’OIM croit que, outre 80 morts connus confirmés où l’embarcation abandonnée est arrivée sur le rivage, les victimes sont toujours portées disparues”, a ajouté ce rapport.