Constantine : Robinets régime sec ou le syndrome annabi

Constantine : Robinets régime sec ou le syndrome annabi

Après El istikhbar en mode malouf, une voix langoureuse vous souhaite la bienvenue à la Seaco. C’est à ce niveau que politesse et salamalecs s’arrêtent. La fatigue fait place à la colère, et la gentillesse à l’exaspération. Le pauvre consommateur est fatigué de quêter et ramener de l’eau à l’aide de jerricans, et l’opératrice est exaspérée à force de mentir à des gens qui ne savent plus à quel saint… s’abreuver.

« C’est une panne qui a affecté le réseau vous concernant, et les responsables nous ont assuré que vous allez boire cet après-midi ». Telle une litanie, bien apprise, les opératrices répètent inlassablement ce que les responsables leur dictent. Sans conviction. L’eau coulera dans les robinets l’après-midi, entendons-nous dire à chaque quémande d’informations. L’après-midi ? Ok, mais lequel ? Car cela fait plus d’une semaine que des quartiers comme Sidi Mabrouk, Bt Picasso et Bouchama, Emir Abdelkader et autres n’ont pas vu l’eau couler de leurs robinets. D’autres Cités comme le 20-Août, le centre-ville, et certaines parties du Khroub et de la nouvelle ville Ali Mendjeli sont rationnés à quelques maigres heures par jour. « Il n’y a pas de crise de l’eau », répétera sans cesse le directeur de la Seaco, imitant les responsables du ministère des Ressources en eau quand on ose prononcer le mot de crise. Peut-être qu’il n’y a pas de crise de l’eau, mais de l’eau, il n’y en a pas, ou pas assez à Constantine.

Les Constantinois, si prompts à investir la rue dès qu’il y a coupure d’électricité, comme ce fût le cas en 2012, semblent plus cool quand il s’agit de manifester pour le précieux liquide. «Nous avons tout fait pour arrêter les émeutes de l’électricité en 2012 parce qu’elles se dirigeaient tout droit vers un printemps arabe, la mode en ce temps-là. Pour l’eau, nous sommes en train de calmer les esprits avec des promesses que nous ne pouvons pas tenir. Pas plus que nous pouvons tenir indéfiniment les gens qui veulent investir la rue pour le manque, ou l’absence d’eau qui commence à peser, et ce, depuis plus d’un mois », nous dira un responsable de la société civile, en relation avec plusieurs présidents de quartiers sinistrés hydrauliquement.

En attendant, la farandole des « porteurs d’eau » continue, celle des mécontents aussi. La rue gronde et menace d’exploser à tout moment, et sur la ligne verte de la Seaco, c’est toujours le malouf qui est présent. Mais pas l’eau !