Chanson algérienne: La facilité mène à la médiocrité

Chanson algérienne: La facilité mène à la médiocrité

Encore une fois, cette fête de l’Aïd nous a donné l’occasion de constater que la médiocrité de la plupart de nos chanteurs est motivée par leur préférence de la facilité au travail et la rigueur.

 

En effet, si certaines chaînes de télévision ont décidé de passer et repasser l’enregistrement des deux chansons consacrées au sacrifice d’Ibrahim El Khalil (QSSL) et Mebrouk Aïdkoum du maître de la chanson andalouse et hawzie, Abdelkrim Dali, d’autres ont programmé certains chanteurs qui ont interprété la même chanson croyant que de cette manière le succès est garanti. Si les programmateurs ont décidé depuis des dizaines d’années de ne plus programmer l’enregistrement de Qçidet Ibrahim El Khalil, enregistrée dans les années 1920-1930 par Mahieddine Bachtarzi, pour ne plus passer que la version de Dali qui est, il faut reconnaître excellente, on se demande pourquoi ils nous obligent à voir des jeunes reprendre la même chanson. Les chanteurs auxquels on ouvre les portes des chaînes de télévision et les salles pour se produire, devraient plutôt s’adresser à des paroliers et des compositeurs pour nous offrir de nouveaux produits de bonne qualité. Mais pour que le produit soit de bonne qualité, on ne devrait plus permettre à ces chanteurs d’imiter des maîtres, ou de monter sur scène ou sur un plateau de télévision avec un cahier, car ils ne prennent même pas la peine d’apprendre leurs textes. Il faut noter que ces jeunes chanteurs ont pris cette mauvaise habitude en voyant des chanteurs considérés comme les plus grands, tels que Chaou Abdelkader et feu Boudjemâa El Ankis, passer à la télévision devant un pupitre. On ne comprend pas ces chanteurs, notamment de chaâbi qui choisissent le mauvais exemple au lieu de suivre la voie des maîtres tels que Hadj M’nouer, Hadj M’hamed El Anka et Mohamed El Marokene, qui apprenaient par cœur leurs textes, ce qui leur permettait de chanter tout en souriant et montrer les expressions de leurs visages selon la profondeur du texte.

Les andalous sont plus sérieux

La plupart de cette catégorie de chanteurs apparue à la fin des années 1970 ne prend même pas la peine de faire des répétitions sérieuses avec un orchestre. Comme pour une soirée de quartier ou un mariage, ces chanteurs cherchent à la dernière minute des musiciens pour les accompagner et se font applaudir par un public habitué à la médiocrité.

Pour ce qui est de l’assiduité, ils devraient suivre la voie des chanteurs andalous, même s’il y a parmi ces derniers ceux qui ne veulent toujours pas apprendre le solfège sous prétexte que ce style ne peut être transcris, alors qu’il a été prouvé que cela est faux, puisque tous les sons peuvent être écrits en solfège, «même le son d’un bison qui tombe dans des escaliers», comme disait le grand maître de l’andalou, compositeur et chanteur d’opéra Saïd Bestandji. Il devrait prendre aussi la leçon auprès de ces chanteurs et groupes modernes qui font des répétitions tout le temps et des recherches pour réaliser les meilleures compositions et les meilleurs arrangements.

La plupart de nos chanteurs sont tombés dans la facilité. Il est temps qu’ils se mettent au travail et il est temps aux programmateurs de ne plus leur permettre de chanter n’importe quoi et n’importe comment. Pour arriver au professionnalisme, il faut être exigeant. L’exigence mène à l’amélioration, et cela a été prouvé lors du Festival national de la chanson chaâbie, où tous les jeunes candidats au concours avaient appris par cœur leurs textes, car on le leur avait exigé. Il faut qu’on sache que la facilité mène à la médiocrité.

Bari Stambouli