Célébration de la fête internationale des travailleurs/ 1er Mai : sur un air d’appréhensions et de questionnements

Célébration de la fête internationale des travailleurs/ 1er Mai : sur un air d’appréhensions et de questionnements

Cette année, la Fête internationale des travailleurs subira les méfaits de l’austérité qui annulera les traditionnelles folies dépensières de sa célébration. Pis encore, l’événement fêté jadis en grande pompe sera « escamoté » par une campagne électorale qui lui ravira la vedette en cette date du 1er mai, à trois jours du scrutin pour les législatives.

Abstraction faite du caractère festif de la journée et du fait d’être chômée et payée, le 1er Mai ne suscite plus l’intérêt des Algériens notamment les travailleurs.

Le cœur du travailleur n’est vraiment pas à la fête vu la situation sociale dans laquelle il se débat ! La fête intervient, en effet, dans un contexte difficile marqué par une crise à la fois économique et financière, imposant une

rigueur budgétaire dans tous les secteurs d’activité.

Parmi les mesures prises par le gouvernement pour faire face à cette lourde contrainte l’on cite la réduction « impérative » des importations de près de 15 milliards de dollars à la fin de l’exercice actuel. Or, la diminution des importations risque de provoquer l’effet inverse. Cela engendrera fatalement une baisse de l’activité sur la scène économique du pays. Un fait qui ne fera qu’augmenter le taux de chômage en Algérie.

L’Exécutif introduit effectivement dans sa stratégie cette rationalisation dans la gestion des fonds publics, l’utilisation de nos ressources naturelles et la poursuite et l’approfondissement des réformes économiques structurelles en cours. Ces décisions doivent être, cependant, assorties d’options qui préservent les acquis sociaux et maintiennent un niveau de vie acceptable pour les catégories aux revenus modestes.

En tout cas, la Constitution récemment amendée prévoit des garanties substantielles quant à l’engagement de l’Etat à préserver ses choix sociaux. Cela étant, jamais cette date n’a coïncidé avec autant d’incertitudes quant à la persévération et à la création d’emploi. Peu de mesures prises pour rasséréner le travailleur pris d’une sempiternelle appréhension sur son avenir professionnel étant donné que son présent au sein de l’entreprise est empesté par la nauséabonde odeur d’une compression d’effectifs de plus en plus menaçante.

L’on met en exergue les milliers de postes d’emploi perdus ces deux dernières années surtout dans le secteur de l’automobile où les concessionnaires ont subi de plein fouet les méfaits de la restriction des importations à travers la mise en place des licences.

Pis encore, la source perenne qu’était le secteur du BTPH, jadis pourvoyeur d’emplois, s’est désormais tarie à cause d’une absence de projets structurants, reportés pour certains, et carrément annulés pour d’autres. Même les différents cadres de dialogue entre gouvernement, partenaire social et patronat ne sont plus en mesure de protéger les intérêts légitimes des travailleurs.

La réunion de la tripartite n’est plus ce rendez-vous de concertation à l’issue duquel sera poursuivi le développement économique dans le but de créer de l’emploi et de baisser le taux de chômage. L’autre phénomène auquel est confronté le salarié concerne l’inflation dont le taux moyen annuel s’est situé à 7% entre 2016 et 2017, selon l’ONS. Cette hausse des prix contredit non seulement les thèses des pouvoirs publics, mais également touche dans le même temps les couches les plus défavorisées. C’est dire que les rares augmentations salariales ont été aussitôt « rattrapées » par l’inflation. La suppression de la retraite anticipée a créé, par ailleurs, un séisme dans le monde du travail. La mesure, quand bien même serait-elle nécessaire compte tenu de son impact négatif sur le système de retraite, a soufflé un vent de panique au sein des travailleurs.

L’espoir viendrait peut-être du nouveau code du travail qui doit améliorer les conditions de compétitivité des entreprises en agissant sur l’emploi et le recrutement, introduire plus de flexibilité avec de nouvelles formes de relations de travail à même d’extirper de la sphère du travail informel ces milliers de travailleurs « au noir » et les placer, dotés d’une protection sociale adaptée, dans le circuit officiel.