Blocage des équipement du groupe par le P-DG du port de béjaia Cevital : l’esquive du ministre des Transports

Blocage des équipement du groupe par le  P-DG du port de béjaia Cevital : l’esquive du ministre des Transports

M. Zaâlane a dû écourter sa tournée béjaouie, en passant outre quelques étapes du programme de sa visite, pour éviter de rencontrer les nombreux citoyens, notamment les membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa.

En visite officielle, hier, dans la wilaya de Béjaïa, le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, n’a pas daigné aborder la brûlante question du blocage par le Président-directeur général du port de Béjaïa, des équipements industriels importés par le groupe Cevital, dans le cadre de la réalisation de son unité de trituration de graines oléagineuses, hors du périmètre portuaire.

En effet, l’hôte de la capitale des Hammadites s’est refusé à tout commentaire sur cette affaire qui a pourtant fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Impossible d’interroger M. Zaâlane sur les blocages dont est victime le groupe Cevital au niveau de l’entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), les journalistes s’étant vus, à maintes reprises, “interdits” d’approcher le ministre. “Il ne peut pas vous répondre. Ce n’est pas le moment de lui en parler, il est fatigué”, nous dit-on. “Il n’a pas le temps de répondre à vos questions, il doit rentrer immédiatement à Alger.” Autant de prétextes avancés aussi bien par l’attachée de presse du wali de Béjaïa que par le chargé de la communication du ministère des Travaux publics et des Transports. Seuls quelques parlementaires de Béjaïa, le wali, le P/APW sortant, Ali Rabahi, le P/APC Abdelhamid Merouani, et le P-DG de l’EPB, Achour Djelloul, ont pu, d’ailleurs, accéder au salon d’honneur de la résidence d’hôtes de la wilaya, où le ministre Zaâlane s’offrait une pause-café. On a beau se démener pour “décrocher” une déclaration du ministre, c’était chose impossible. Pendant ce temps, le membre du gouvernement recevait des mains de Djelloul Achour des cadeaux symboliques (un burnous et un joli cadre sous forme de tableau d’honneur), en présence du wali de Béjaïa et des invités de marque.

À sa sortie de la résidence d’hôtes, M. Zaâlane sera interpellé par la députée du RCD, Nora Ouali, au sujet de l’affaire du blocage dont souffre Cevital. Selon cette dernière, son interlocuteur lui a répondu par une pirouette : “Du moment que vous avez déjà exposé le problème à M. le Premier ministre, lors de vos questions orales à l’Assemblée nationale, je pense qu’il faudra attendre sa réponse.” Voilà une autre dérobade du premier responsable du secteur des Transports qui n’ignore pas que la réalisation de deux unités de trituration de graines oléagineuses dans le périmètre du port de Djendjen (wilaya de Jijel) est autorisée et en cours, pendant qu’un projet similaire que voudrait implanter Cevital sur un terrain acquis hors de l’enceinte portuaire de l’EPB est entravé et empêché. Interrogée sur la lecture que l’on pourrait faire de ce silence de M. Zaâlane, la parlementaire du RCD rétorquera sans ambages : “Les propos du ministre donnent l’impression qu’une telle affaire le dépasse. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il s’en remet au Premier ministre.”

À noter que M. Zaâlane a dû écourter, hier après-midi, sa tournée béjaouie, en passant outre quelques étapes prévues dans le programme de sa visite, pour éviter de rencontrer les nombreux citoyens, notamment les membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa, qui l’attendaient devant le portail principal de la nouvelle gare maritime de l’EPB. Le ministre a fait l’impasse, notamment, sur la visite du terminal à passagers, le nouveau quai poste 25, la zone extra-portuaire, le nouvel appontement pour les remorqueurs, le projet portant réhabilitation et mise à niveau des infrastructures de base du port pétrolier de Béjaïa…

Les manifestants qui étaient rassemblés sur le site de la porte Sarrasine brandissaient une imposante banderole sur laquelle on pouvait lire ces mots d’ordre : “Non au blocage de l’investissement dans notre wilaya”, “Non à l’étouffement économique de Béjaïa”, “Non à la mort programmée de nos entreprises”.

Enfin, il convient de signaler qu’en dépit de la dérobade du ministre, les représentants de ce comité citoyen ont pu tout de même lui remettre une lettre d’interpellation, transmise via son chef de protocole.

Kamel Ouhnia