Bataille de communication entre Le Pen et Macron autour du sort des salariés de Whirlpool

Bataille de communication entre Le Pen et Macron autour du sort des salariés de Whirlpool

Le candidat d’En marche ! a rencontré des salariés du site d’Amiens menacé de fermeture. Marine Le Pen l’avait précédé, lors d’une visite surprise dans la matinée.

Entre sifflets, huées et « Marine présidente » criés à son passage, Emmanuel Macron a eu droit, mercredi 26 avril, à un accueil houleux sur le site Whirlpool d’Amiens, menacé de fermeture. Le candidat d’En marche !, qui avait rencontré l’intersyndicale du site dans la matinée, est allé à la rencontre de salariés, quelques heures après la visite surprise de son adversaire politique Marine Le Pen.

Arrivé dans une situation tendue, l’ancien ministre de l’économie a finalement réussi à instaurer le dialogue avec les salariés, en laissant à l’écart les journalistes. M. Macron a échangé pendant 40 minutes avec eux – une discussion retransmise en direct sur sa page Facebook, reprise par les chaînes d’information en continu – et leur a détaillé son plan pour Whirpool. « Il n’y aura aucune homologation d’un plan de sauvegarde de l’emploi [PSE] qui n’est pas à la hauteur », a-t-il expliqué, s’engageant par ailleurs à chercher un repreneur « qui reprend le plus d’emplois de manière pérenne ».

« La fermeture des frontières, c’est une promesse mensongère »

« Je ne vous fais pas de promesses en l’air », a-t-il continué, avant de formuler cette promesse : « Je reviendrai pour rendre compte. » « La réponse à ce qui vous arrive, ce n’est pas de supprimer la mondialisation ou de fermer les frontières. Ceux qui vous disent ça vous mentent. La fermeture des frontières, c’est une promesse mensongère ! », a-t-il en revanche souligné, une allusion au programme de Marine Le Pen. Le candidat a ensuite quitté les lieux dans un climat beaucoup plus apaisé.

Dans l’après-midi, Marine Le Pen s’est, pour sa part, engagée, dans un communiqué, à « sauver » le site, contre « ce type de délocalisation scandaleuse ». « Whirlpool Amiens ne fermera pas. J’en prends l’engagement ferme, a expliqué la candidate du Front national. Il ne fermera pas parce que je mènerai un bras de fer avec le groupe pour le dissuader de fermer ce site. » Si elle est élue, Marine Le Pen promet en outre de mettre « l’usine sous protection temporaire, via une prise de participation de l’Etat si nécessaire ».

« Tout produit qui sortira d’une usine délocalisée afin d’être importé et revendu sur le marché français sera taxé à hauteur de 35 %. »

Marine Le Pen sur les talons d’Emmanuel Macron

Marine Le Pen devant l’usine de Whirpool à Amiens, dans le nord de la France, le 26 avril.

Dans la matinée, la candidate frontiste avait effectué une visite surprise sur le site de Whirlpool pendant que M. Macron s’entretenait avec les syndicats à quelques kilomètres de là. Tout sourire, elle avait effectué des selfies avec des salariés. La candidate du Front national s’était dite « à sa place » :

« Je suis ici à ma place, exactement là où je dois être, au milieu des salariés de Whirlpool qui résistent à cette mondialisation sauvage, à ce modèle économique honteux. Je ne suis pas en train de manger des petits fours avec quelques représentants qui en réalité ne représentent qu’eux-mêmes. »

M. Macron avait alors réagi à la visite de Mme Le Pen, dénonçant l’« utilisation politique » faite, selon lui, par la candidate du Front national du conflit social en cours.

« Mme Le Pen est donc venue à Amiens parce que j’y venais. Bienvenue à elle. Mais Mme Le Pen n’a pas compris comment fonctionnait le pays et nous n’avons définitivement pas la même ambition, ni le même projet. »

« Je veux que toutes et tous se rendent compte de ce qu’est le projet de Mme Le Pen. Il ne règle rien à la situation de Whirlpool, qui doit retrouver un repreneur », avait-il continué, estimant que « le projet de Mme Le Pen, c’est la destruction de mille emplois ».

Ne pas « formuler des promesses intenables »

L’entourage du candidat avait assuré que M. Macron n’était pas venu pour « formuler des promesses intenables », trois mois après la décision annoncée du groupe électroménager de délocaliser la production en Pologne et de fermer l’usine de sèche-linge en juin 2018, dans cette région de Picardie déjà frappée par de nombreuses fermetures de sites industriels. Le groupe cherche un repreneur pour le site de la Somme, qui emploie 286 personnes.

En creux, M. Macron ne souhaite pas donner la même image que François Hollande, qui, lors de sa campagne en 2012, était venu exprimer sa solidarité aux métallos de Florange en Lorraine et avait, dans une formule ambiguë, semblé garantir la réouverture du site.