Avec un cheptel estimé à 18 millions de têtes: Le mouton de l’Aïd à 20.000 Da

Avec un cheptel estimé à 18 millions de têtes:  Le mouton de l’Aïd à 20.000 Da

Les assurances de Mohamed Alioui pourraient se heurter à la mafia de la spéculation qui sévit chaque année à la même période…

Après un Ramadhan paisible, les Algériens auront-ils droit à un Aïd el Adha tout autant tranquille? C’est en tout cas, ce que promet Mohamed Alioui, le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (Unpa). «Cette année, le mouton de l’Aïd devrait être à la portée de tous les citoyens», a-t-il affirmé avec beaucoup d’assurance, hier à Alger en marge d’une réunion avec le ministre du Commerce. Ahmed Saci «Le prix du mouton moyen devrait s’établir autour des 20.000 dinars», a-t-il assuré.

«Le gros mouton de 50 kg, dont les prix avoisinent d’habitude les 90.000 dinars, devrait coûter aux alentours des 40.000-45.000 dinars», a-t-il ajouté en se référant à la crise que vit actuellement le marché du bétail. Une bonne nouvelle donc pour les consommateurs qui ne seront pas… sacrifiés, comme cela a été le cas, les années précédente avec des moutons qui ne coûtaient pas moins de 40.000 dinars, certaines bêtes avaient même dépassé la barre fatidique des 100.000 dinars! Néanmoins, les assurances de Alioui pourraient se heurter à la mafia de la spéculation qui sévit chaque année à la même période. Alors que les éleveurs cèdent leurs moutons à des prix raisonnables, cette mafia les fait grimper à la même vitesse que le mercure de cet été caniculaire.

Les prix atteignent vite des records inégalés, saignant un peu plus le portefeuille des foyers déjà affaibli par la crise financière aiguë qui frappe le pays. Les vendeurs de moutons, qui ne sont dans la majorité des cas que des intermédiaires et non les éleveurs eux-mêmes, jouent aux spéculateurs.

Ils cachent leur marchandise jusqu’à l’approche de l’Aïd pour profiter de la précipitation et créer une certaine tension. Tout est prêt pour qu’ils dictent les prix qu’ils veulent, sans avoir peur de ne pas vendre leur marchandise. Une méthode des plus organisées qui leur permet d’avoir la mainmise sur le marché pour ensuite contrôler la bourse des prix et faire grimper les prix. Ils se frottent les mains contrairement aux maquignons, «contraints malgré eux» à vendre leur bétail à bas prix, au vu de l’offre abondante.

«On a cette année plus de 28 millions de têtes d’ovins (26 millions l’an dernier, ndlr), alors qu’en moyenne on sacrifie pendant l’AÏd près de 4 millions de têtes. Ce qui fait que l’offre dépasse largement la demande», confirme le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens. Toutefois, il tient à souligner la détresse des éleveurs qui non seulement sont à la merci des spéculateurs, mais connaissent des pertes importantes du fait qu’ils n’arrivent pas à écouler leurs marchandises. «Les autorités doivent créer toute une industrie autour de l’élevage, notamment en ce qui concerne la viande congelée que l’on importe à coup de millions d’euros d’Inde et d’Argentine.

Cela sauvera nos éleveurs, conservera le pouvoir d’achat des citoyens et sauvegardera les devises de l’Etat», a-t-il mis en avant, non sans préciser que plus de 3 millions de tonnes de laine de moutons ne trouvent pas preneurs. Il en profite pour faire le même constat alarmant en ce qui concerne les agriculteurs qui se retrouvent dans la paille à cause d’une…grosse production. «Comme les éleveurs, les agriculteurs qui ont eu une belle récolte enregistrent de grosses pertes faute de l’absence d’une industrie de transformation et de conservation du surplus de récoltes…», avoue-t-il. Un véritable paradoxe à l’algérienne…