Après la décision du gouvernement de suspendre les importations : 40.000 importateurs devront changer de cap

Après la décision du gouvernement de suspendre les importations : 40.000 importateurs devront changer de cap

Avec la décision de suspendre les importations, il ne s’agira plus, pour les 40.000 importateurs de faire dans le chantage, mais de participer à la réforme lancée par le gouvernement en investissant leurs capitaux dans des secteurs à valeur ajoutée.

Il faut savoir acheter utile et nécessaire. C’est ce que fait toute ménagère lorsque son époux passe par une crise financière passagère. Ce qui est valable à l’échelle d’une famille, l’est aussi à l’échelle d’un pays. L’Algérie, qui subit depuis quelques années les conséquences d’une crise financière mondiale ayant induit à la baisse du prix du baril et donc à une chute drastique de ses revenus, est obligée de compter ses sous pour dépasser ces moments difficiles.

Le temps des 25 millions de dollars pour importer du chewing-gum est révolu. Aujourd’hui, le gouvernement ne ménage aucun effort pour relancer la machine économique. Ainsi et à côté de sa décision de recourir à la planche à billets, d’ouvrir le capital des entreprises publiques et de booster les secteurs tels que l’industrie, le tourisme et l’agriculture, des mesures ont été prises pour réduire les importations aux seuls produits indispensables. Autrement dit: réduire les dépenses de l’Etat en stoppant l’importation de l’ensemble des produits fabriqués localement et des produits superflus.

Ainsi, pour l’année 2018, les 97 milliards de dollars qui restent dans les caisses de l’Etat ne serviront plus à l’importation des véhicules, de l’électroménager, des téléphones mobiles, des produits cosmétiques, du bois, des fruits frais ou secs, des fromages, des chewing-gums et autres bonbons et chocolats. Les pâtes, les conserves de légumes ou encore les gelées vont également disparaître des étals. Les produits plastiques finis et semi-finis, les produits hygiéniques, le marbre et le granit ainsi que le papier hygiénique, les tapis, la céramique finie, les articles de robinetterie ou encore les meubles, les lustres, sont des produits non essentiels. Au total, le gouvernement a décidé de la suspension provisoire de l’importation de 851 produits relevant de 45 catégories de marchandises et le relèvement des taxes et tarifs douaniers pour d’autres, et la suppression des licences d’importation. Concernant le relèvement des taxes et des tarifs douaniers, il sera procédé à l’élargissement de la liste des marchandises soumises à la taxe intérieure de consommation (TIC), au taux de 30%, pour 10 familles de produits finis, ainsi que le relèvement des droits de douanes, pouvant atteindre 60%, pour 32 familles de produits finis.

Deux mesures qui permettront l’amélioration de la compétitivité des produits locaux par rapport à ceux importés, mais aussi la valorisation des recettes budgétaires sur les opérations d’importation de certains produits non essentiels. Ces décisions vont avoir un impact direct sur l’activité des 40 000 importateurs algériens. Ces derniers avaient déjà exprimé leur désagrément après l’instruction de la Banque d’Algérie fixant de nouvelles conditions de domiciliation des opérations d’importation des biens destinés à la revente en l’état. Cette instruction visant à réguler les flux des marchandises par la domiciliation bancaire, a fait des mécontents parmi les importateurs qui y ont vu une sorte de ponction sur leurs comptes. Ils ont même décidé de faire dans la spéculation en augmentant sensiblement les prix de certains produits soumis aux licences d’importation. Aujourd’hui et avec la décision de suspendre carrément les importations et d’augmenter les taxes, il ne s’agira plus pour les 40 000 importateurs de faire du chantage, mais de penser à changer d’activité et d’investir leurs capitaux dans des secteurs à valeur ajoutée.

Une solution qui leur permettra de se créer une activité et de permettre à l’Etat de souffler un peu car même avec les 550 milliards de dinars algériens que le gouvernement Ouyahia projette de tirer les cinq prochaines années de la planche à billets cela ne suffirait pas à prendre correctement en charge la totalité du coût des infrastructures routières et équipements collectifs dont la réalisation incombera en totalité à l’Etat.

La manne financière des importateurs est importante. Il suffit de rappeler que les opérateurs privés algériens importaient en moyenne chaque année et ce depuis plus de 10 ans, entre 35 et 40 milliards de dollars de produits essentiellement destinés à la consommation.

Les marges bénéficiaires qu’ils se sont octroyées en tant que monopoles de fait et les surfacturations auxquelles s’adonnaient bon nombre d’entre eux, leur ont permis de constituer des fortunes colossales dont une partie non négligeable est déposée, pour diverses raisons, hors du pays.

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