Apple et Google réinventent le téléphone mobile

Apple et Google réinventent le téléphone mobile

apple_vs_google_2_m.jpgAlors que la grand-messe annuelle de l’industrie, le World Mobile Congress, ouvre ses portes à Barcelone le 15 février, ses organisateurs déplorent un absent de taille : Nokia.

Un sommet sans le numéro un mondial, il y a de quoi être surpris.

D’autant plus surpris lorsqu’on apprend que la vedette de ce sommet est un autre géant, Google, davantage connu pour son expertise sur Internet que dans la téléphonie mobile.

Et pourtant, cette évolution des rôles n’est pas irrationnelle. Elle reflète celle de l’industrie tout entière, en proie à de profonds changements stratégiques, eux-mêmes consécutifs aux innovations technologiques et à l’arrivée de nouveaux acteurs.

L’innovation dans le secteur, c’est le smartphone. L’arrivée sur le marché, il y a quelques années, de ce  » téléphone à tout faire » a changé la donne. Ses fonctions dépassent celles d’un téléphone portable classique et s’apparentent à celles d’un ordinateur : connexion Internet, clavier, écran élargi, GPS…

Autant de fonctionnalités qui requièrent plus de compétences, d’où l’arrivée de nouveaux acteurs. Apple en fait partie. La firme à la pomme s’est invitée sur le marché en juin 2007, avec la sortie de l’iPhone. Un véritable phénomène commercial, avec plus de 40 millions de produits vendus à ce jour.

Et un relais de croissance exceptionnel, après le succès de l’iPod : au premier trimestre de l’exercice 2009/2010 (clos le 30 septembre), les ventes d’iPhone représentaient 36 % du chiffre d’affaires. Le smartphone contribuerait en outre à près de la moitié des bénéfices, selon les analystes.

La renaissance boursière d’Apple depuis 2007 n’est pas étrangère à ce phénomène : l’action a plus que doublé sur la période. Parti de rien, Apple est devenu le numéro trois mondial des smartphones (près de 20 % de part de marché).

Et il inspire ses concurrents. L’inspiration a été technologique – généralisation de l’écran tactile – mais aussi stratégique. Le succès de l’iPhone, c’est aussi celui de l’AppStore, la plateforme qui permet de télécharger des applications, ces logiciels qui font du smartphone un téléphone à tout faire (jeux, fils d’information, géolocalisation, météo, annuaires…).

Le succès de l’un engendre celui de l’autre.

Et, aujourd’hui, plus de 100.000 applications (gratuites ou payantes) sont disponibles sur l’iPhone. Plus de 3 milliards de téléchargements ont été réalisés. Le développement de l’Internet mobile est le véritable enjeu du secteur.

Les analystes de Morgan Stanley prédisent que, dans cinq ans, il y aura plus de connexions Internet via un terminal mobile que sur un poste fixe. Google ne s’y est pas trompé. En débarquant dans la téléphonie mobile, le géant américain espère tirer profit de son expertise sur Internet pour étendre sa domination dans le mobile.

C’est pourquoi le groupe américain a laissé libre d’accès son système d’exploitation pour téléphones, Androïd, à plusieurs fabricants (Motorola, Sony, Ericsson, HTC…). Ces appareils n’ont pas encore rencontré un succès probant. La commercialisation, depuis le début de l’année, du Nexus One – un modèle pensé par Google mais fabriqué par HTC – a pour but d’accélérer le mouvement.

Paradoxalement, le géant de l’Internet ne cherche pas à gagner beaucoup d’argent en vendant des téléphones. Son modèle économique est très différent.