Annaba: Une tentative d’immigration clandestine déjouée

Annaba: Une tentative d’immigration clandestine déjouée

L’opération s’est soldée par la saisie outre, une embarcation artisanale de sept mètres de long, un moteur de 40 Ch, et plusieurs jerricans d’essence.

Tel est le cas à Annaba où une tentative d’immigration clandestine pour 12 harraga, a, été déjouée, avant même d’être entamée, apprend-on de source sécuritaire. Selon cette dernière, la réussite de l’opération est survenue grâce à l’implication citoyenne. Les 12 candidats à l’immigration clandestine qui s’apprêtaient à mettre le cap sur l’Europe, via l’île de la Sardaigne dans le sud de l’Italie, ont, heureusement pour eux, été remarqués par des pêcheurs à la ligne, au niveau de la plage rocheuse du Vivier.

Agissant en bon citoyen, l’un des pêcheurs les aurait dénoncés aux services de sécurité, nous dit-on. Relevant de la circonscription de compétence extra-muros de la Gendarmerie nationale, les éléments de cette dernière se sont aussitôt dépêchés sur le relief rocheux où ils ont pu déjouer cette traversée de la mort devant être entreprise par 12 harraga. Originaires de plusieurs wilayas de l’est du pays, les prétendants à l’incertain, ont été aussitôt appréhendés.

L’opération s’est soldée par la saisie, outre une embarcation artisanale de 7 m de long, un moteur de 40 Ch, et de plusieurs jerricans d’essence, devant éviter au moteur la redoutable panne sèche, lors de la traversée. Soumis aux mesures d’usage, âgés entre 20 et 31 ans, les 12 candidats à l’immigration clandestine ont été déférés par-devant le magistrat de la section pénale, près le tribunal de Annaba, qui, pour tentative d’immigration illégale, et en l’absence d’un texte de loi incriminant le phénomène, leur a infligé une amende de 20 000 DA chacun.

Si cette tentative a été déjouée, grâce au sens du devoir de concitoyens, il est de l’obligation de tout un chacun de s’imprégner de ce sens, devenu rarissime au sein de notre société. Car si cette valeur morale était de mise, des centaines de familles n’auraient pas été endeuillées par la disparition en mer de leurs enfants.

Mieux encore, si chacun connaissait les bienfaits du sens du devoir, des dizaines de jeunes à la conquête de l’outre-mer, n’auraient pas été assassinés froidement par les bandes d’agresseurs et même les passeurs. Tel le cas de I.R. et B.A, âgés respectivement de 27 et 26 ans, venus depuis Sétif en perspective d’une traversée vers un eldorado incertain.

Les deux jeunes avaient été poursuivis, dans la nuit du 18 au 20 du mois écoulé, par une bande d’agresseurs. Battant en retraite, les deux victimes s’étaient enfuies vers la carcasse d’un immeuble à Gueraât Djamel, dans la commune El Chatt, wilaya d’El Tarf. Les deux jeunes s’étaient retrouvés dans une situation d’impasse. Seule alternative: sauter depuis le 5e étage. Gisant à même le sol, les victimes avaient été délestées de leur argent, puis abandonnées par les agresseurs. Constat effroyable: I.R. trouva la mort sur place et B.A. fut grièvement atteint.

L’enquête diligentée par les services de sécurité était, dès lors, parvenue à identifier et arrêter les quatre auteurs de l’agression, dont deux ont été placés sous mandat de dépôt. Un autre acte d’agression perpétré le même mois, sur 14 Africains dont une Togolaise, dans la même commune. Les 14 candidats à l’immigration avaient été informés sur la date et le lieu du départ: la plage d’Echatt en l’occurrence, via Facebook, avant d’être surpris par une bande d’agresseurs, qui leur a subtilisé d’importantes sommes d’argent, après les avoir roués de coups. Des actes qui renseigneraient sur un travail organisé probablement par des passeurs et les barons qui gèrent les réseaux d’immigration clandestine. Car, faut-il bien le signaler, les côtes est du pays, Annaba, El Tarf, Skikda et Jijel sont devenues la plaque tournante de l’immigration clandestine.

Situation donnant lieu à une fulgurante hausse des opérations d’expéditions, notamment avec les favorables conditions climatiques caractérisant la mer Méditerranée.

Toutefois, il est à signaler que si les moyens humains et matériels mobilisés par les gardes-côtes, ainsi que la lutte des services de sécurité, la Gendarmerie nationale entre autres, s’avèrent insuffisants pour faire face à ces opérations de suicide volontaire, il demeure néanmoins que les zones d’ombre encourageant le phénomène, sont dans le champ de mire des services de sécurité. Dans ce sens, il est à signaler que, depuis l’arrestation, le mois dernier de 14 harraga à Sidi Salem, dans la daïra d’El Bouni, les services de sécurité de la wilaya de Annaba ont intensifié les investigations pour remonter aux raisons de cet accroissement du phénomène. Ainsi, l’enquête diligentée s’est soldée par la découverte de réseaux organisateurs d’immigration clandestine.

Démantelés, ces réseaux sont gérés par des barons tunisiens, libyens, subsahariens et algériens. Des ressortissants bien sûr issus de pays ayant un front de mer sur la Méditerranée. Ce qui est une vraie aubaine pour faire du phénomène un secteur lucratif, en organisant des opérations de passage au détriment de vies humaines. Le dernier groupe des harraga de Sidi Salem, soumis à l’interrogatoire, a révélé l’existence de contacts avec des barons de nationalités tunisienne, libyenne et africaine. Ces derniers se chargeaient de recruter les candidats à l’immigration clandestine à partir des plages est du pays vers les côtes européennes, moyennant 10 à 15 millions de centimes. Ce qui explique l’augmentation du nombre d’étrangers qui figurent parmi les personnes arrêtées pour «tentative d’immigration clandestine», les subsahariens notamment.

Dans ce sillage, il est à rappeler que pas moins de 500 immigrants en provenance de 11 pays: Tunisie, Libye, Maroc, Niger, Nigeria, Togo et Mali entre autres, ont été interceptés par les gardes-côtes algériens, depuis le début de l’année en cours. Ces groupes de migrants clandestins comptaient parmi eux des enfants mineurs et même en bas âge. C’est ce qui a été d’ailleurs rapporté dans le rapport de la section de Annaba de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh). Cette ONG, qui suit de très près le phénomène de l’immigration clandestine, déplore l’augmentation du nombre d’enfants mineurs qui risquent leur vie dans les embarcations de l’immigration clandestine.