Le spectre de l’abstention plane sur la ville d’Annaba, où la désaffection des citoyens pour cette consultation électorale est flagrante. Elle a fait réagir les autorités locales qui tentent malgré tout de renverser la tendance. En effet, c’est surtout dans les quartiers populaires que ce désintéressement est perceptible et donne lieu à des commentaires qui ne sont pas du tout encourageants pour une participation « massive ».
L’explication vient du fait que la cartographie de l’idéologie politique ne constitue plus un repère pour l’électorat tant les lignes ont bougé et introduit de nouvelles données qui ont déboussolé les plus convaincus. L’argent sale s’est investi dans cette consultation, amenant des transfuges sans conviction, carburant avec des liasses semées à tout-va, faisant ainsi perdre des repères qui, pourtant, étaient faits pour durer.
L’on ne distingue alors plus qui est de la famille révolutionnaire, qui est des patriotes, des nationalistes, qui est des islamiste, qui est des démocrates. Et là, apparait un nouveau phénomène qui peut fausser toutes les prévisions et calculs qui donnaient plus ou moins des pronostics proches des résultats. Car, si lors des quinze dernières années, les fiefs électoraux se confirmaient lors des dépouillements et dépassaient parfois même les prévisions, la situation a été bouleversée et a créé des incertitudes « certaines » quant à l’issue de ce vote.
L’explication est que la classe politique s’est laissée entraîner et, même parfois, a provoqué cette forfaiture qui est en train de détruire cet édifice pour lequel l’Etat s’est dépensé et a dépensé pour le consolider. Ces partis, qui présentent des candidats rejetés par les populations, des candidats qui ont payé pour leur classement sur les listes, ces candidats auxquels on a voulu redonner une virginité sont la cause première de cette désaffection et cette indifférence affichées par les électeurs.
Reste, cependant, ce vote acheté et ce vote intéressé, car sous-tendu par des liens familiaux ou tribaux, localisés en milieu rural, et celui soutenu par cette solidarité négative en milieu urbain, voisinage, relations, communauté. Mais cela ne constitue nullement l’expression populaire authentique qui aspire à un changement réel. Cette expression qui ne veut plus se manifester car blasée et échaudée par des promesses non tenues et des comportements en contradiction avec l’intérêt public.
Les caravanes de sensibilisation, soutenues par des associations pour une participation massive à ces élections, n’ont pas mobilisé les foules et, à moins d’un sursaut de dernière minute, l’abstentionnisme entachera ces législatives qui sont pourtant indispensables pour le pays.
