Algérie- France: Les lendemains qui chantent

Algérie- France: Les lendemains qui chantent

Le lien entre les deux pays est, désormais, d’autant plus stratégique que les défis actuels sont d’une autre nature que ceux d’il y a cinq ou dix ans.

L’année qui vient de s’écouler nous enseigne que l’Algérie et la France ont su dépasser les «querelles mémorielles» et su établir des relations sur un pied d’égalité, loin de tout esprit post-colonial. Devant cet élan de coopération salvateur, le haut responsable français chargé de la coopération industrielle et technologique franco-algérienne, Jean-Louis Levet, se vante d’ailleurs du fait que «la France et l’Algérie constituent un binôme sans équivalent sur l’échiquier mondial des Etats».

La coopération entre les deux pays s’est, en effet, accentuée en 2016 notamment avec la tenue en avril dernier à Alger de la troisième session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (Cihn), et plusieurs rencontres entre les ministres de l’Intérieur des deux Etats.

La réunion d’Alger du Cihn, instance de concertation créée en application de la déclaration d’amitié et de coopération entre la France et l’Algérie, signée le 19 décembre 2012, a été considérée par des responsables français comme une nouvelle étape dans «la montée en puissance» des relations entre la France et l’Algérie.

De nombreux accords ont été signés à l’issue de cette rencontre, au niveau des Premiers ministres des deux pays, qui intervient après deux sessions du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa) qui prépare les dossiers arrivés à maturité. Ces accords de partenariat ont concerné les secteurs du transport ferroviaire et de l’agroalimentaire, ainsi que la réalisation, le long de l’autoroute Est-Ouest, d’un parc industriel de 3000 hectares au minimum.

L’on rappelle en outre que plusieurs autres accords sont dans la bonne voie et attendent d’être bien ficelés comme le projet d’implantation d’une usine PSA (Peugeot-Citroën) en Algérie et un grand projet dans l’industrie pétrochimique, lequel a fait l’objet d’une signature entre le groupe Sonatrach et le groupe français Total.

Un paraphe qui a permis de dégager tout un agenda pour la mise en oeuvre des actions retenues par les parties durant cette rencontre. De fait, l’accord qui a été récemment conclu apparaît comme un nouveau départ entre les deux compagnies pétrolière et mieux encore, il semble que Sonatrach et Total s’acheminent vers un partenariat encore inédit au regard de l’ampleur du complexe qu’ils veulent édifier.

Les P-DG de Sonatrach, Amine Mazouzi, et de Total, Patrick Pouyanné, ont à ce titre convenu de renforcer le partenariat et la coopération sur toute la chaîne hydrocarbures en Algérie et à l’international, confirmant ainsi la volonté des parties à consolider le partenariat existant et concrétiser de nouvelles opportunités pour les deux compagnies.

Cette dynamique de coopération a pratiquement touché tous les secteurs qui ont vu la signature de plusieurs autres accords et conventions dans la santé, la sécurité routière, la justice, l’éducation, l’enseignement supérieur et les assurances sociales. Selon les chiffres des Douanes algériennes, les échanges commerciaux entre l’Algérie et la France ont totalisé 10,3 milliards de dollars en 2015. La France est le deuxième fournisseur de l’Algérie et son troisième client.

Lors de la dernière session du Cihn, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a invité «les opérateurs économiques à saisir les immenses opportunités d’affaires que recèle l’économie algérienne, engagée depuis 2014 dans un processus de mutation et de diversification, pour passer de l’exploitation des matières premières vers la production de biens et de services».

Le chef de l’Exécutif a ainsi appelé les opérateurs économiques français à investir davantage en Algérie, affirmant que le gouvernement algérien était «disposé à accorder toutes les facilitations nécessaires». Le lien entre les deux pays est, désormais, d’autant plus stratégique que les défis actuels sont d’une autre nature que ceux d’il y a cinq ou dix ans. Comme l’a rappelé Arnaud de Montebourg, qui était en escale à Alger.

Notamment la crise climatique, la chute de la rente pétrolière et la montée du fondamentalisme religieux. «Un fléau qui a frappé pendant dix ans l’Algérie et qui frappe maintenant la France.» Aussi, l’autre volet important dans les relations bilatérales est celui de la coopération sécuritaire. En moins d’une année les ministres de l’Intérieur des deux pays se sont rencontrés trois fois (Paris en décembre 2015, Alger en avril 2016 et Paris en novembre dernier).

La France fait face à un très haut niveau de menace terroriste et a besoin de consolider davantage sa stratégie de lutte et de prévention en renforçant sa coopération sur le plan du renseignement avec les pays qui ont déjà été confrontés à ce fléau, dont l’Algérie.

Lors de la dernière visite en France du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, son homologue français, Bernard Cazeneuve, actuellement Premier ministre, n’a pas manqué d’affirmer, en novembre dernier, l’attachement commun de la France et l’Algérie pour réussir la lutte antiterroriste, soulignant le «très bon niveau» de coopération des deux pays dans ce domaine. «Nous avons des expériences à partager dans de multiples domaines, notamment en matière de lutte contre la cybercriminalité, contre le trafic d’armes», avait-il indiqué, relevant que «les deux pays ont une grande relation de confiance et une relation d’amitié qui facilitent beaucoup le traitement des sujets importants dont nous avons à connaître ensemble».