Aïn Témouchent : L’Ordre des pharmaciens tire la sonnette d’alarme

Aïn Témouchent : L’Ordre des pharmaciens tire la sonnette d’alarme

Une journée de formation médicale continue a réuni les pharmaciens de la wilaya autour du triple thème de la déontologie médicale, la réglementation et le droit pharmaceutique.

Présenté ainsi, le sujet abordé a l’apparence d’un lieu commun. Il en est cependant autrement si on l’examine à l’aune de ce que rapporte la chronique judiciaire sur les affaires de commercialisation des psychotropes. Mettioui Nor-Eddine, le président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens, a résumé les termes de l’équation en deux cas de figure. Dans le premier, c’est celui des prescriptions médicales dites de «complaisance» pour la délivrance des psychotropes.

La loi fait obligation au pharmacien d’évaluer la sincérité de l’ordonnance et de la refuser, sa responsabilité pénale étant engagée. Il est tenu, au vu de la liste des médicaments prescrits, de procéder à une analyse médicale et pharmaco-thérapeutique. De la sorte, le conseil recommande à ses adhérents de gérer personnellement le stock de psychotropes et de ne déléguer à quiconque de ses vendeurs la délivrance de psychotropes. A cet égard, de nombreux cas d’emprisonnement de pharmaciens à travers la wilaya résultent de l’inobservance de cette règle : «Il faut être vigilant, les pharmaciens sont mis à l’index avec la multiplication des affaires à travers le pays. Nous avons un pied dehors et un pied en prison au vu de la loi 04/18.»

Dans le deuxième cas, il y a l’inadéquation entre la formation et les débouchés qui créent des tensions : «On continue de former chaque année 1000 à 1400 pharmaciens, alors que le ratio national pharmacie/population est sursaturé. Où les mettre, d’autant qu’à la fin de leurs études, la seule issue qui s’offre est d’ouvrir une officine ? Pis, ils n’ont même pas la possibilité de s’inscrire en post-graduation dans ces spécialités où ils sont qualifiés, celles-ci étant ouvertes curieusement aux seuls médecins biologistes. Par ailleurs, il existe 10 650 pharmacies à travers le pays, soit une pharmacie pour 3000 habitants, ce qui est en contradiction avec les dispositions de la réglementation en la matière. A titre d’exemple, sur les installations et les transferts de pharmacie, j’ai 182 dossiers à traiter à Tlemcen et près de 200 à Sidi Bel Abbès, où les placer ? Alors si l’on ne respecte pas le ratio, ajouté à la diminution drastique des chiffres d’affaires des pharmacies depuis le passage au médicament générique, il ne faut pas s’étonner que l’anarchie s’installe et que des confrères versent dans le délictuel. Nous avons proposé que l’on fasse, à l’instar de ce qui se pratique ailleurs, même dans les pays développés, un arrêt temporaire de la formation. Comment se fait-il que nous ayons 11 facultés, alors qu’au Maroc, une deuxième faculté vient à peine d’ouvrir et qu’en Tunisie, il n’y en a qu’une seule ? Il est heureux qu’un projet de texte de loi, sur proposition de l’Ordre des pharmaciens, a retenu la création du poste de pharmacien-assistant, en fonction du chiffre d’affaires de l’officine, de façon à offrir des postes d’emploi et de suppléer l’absence du pharmacien titulaire de son officine lorsqu’il est appelé ailleurs».