Aïd-El-Adha, rentrée scolaire: comment se porte le porte-monnaie des algériens ? (photos)

Aïd-El-Adha, rentrée scolaire: comment se porte le porte-monnaie des algériens ? (photos)

À l’approche  de l’Aïd el Adha, Algérie 360 est parti à la rencontre des  Algériens…. Témoignages.

Hier à 10h du matin au marché couvert de Bouzaréah, l’atmosphère y est agréable, chaque commerçant a sa propre manière de décorer ses produits, fruits ou légumes, la couleur tonifiante et vif des produits attire les clients qui vont et viennent  entre les étales. Après un tour au marché, difficile de ne pas remarquer la réaction des clients « Elle est à combien la salade ? », questionne un grand monsieur, « 250 Da » lui rétorque le vendeur. « C’est du n’importe quoi ! Avant hier elle était affichée à  220da ! », Insiste le monsieur. « C’est le prix à payer pour une salade aussi fraîche », répond le commerçant d’un air taquin.

Dans un coin isolé du marché, deux retraités discutent, au sujet des prix des fruits et des légumes, « C’est toujours la même chose chaque année, pour moi c’est évident, chaque fête religieuse ou nationale, est synonyme de flambée des prix », informe-il, « exactement, ras le bol de ces commerçants qui profitent  de ces fêtes pour nous ruiner ! » lui répond le second.

Il est 11h10, je quitte les lieux, cap sur le marché de Birkhadem, réputé pour ses prix « Raisonnables ». Même atmosphère qu’au marché de Bouzaréah, quant aux prix, une légère différence : la pomme de terre coûte 40-50 Da le Kilogramme, au marché de Bouzaréah, tandis qu’au marché de Birkhadem, son prix varie entre 40-60 Da Kg, la tomate : entre 100-130 Da le Kg. Pour les haricots verts, le prix avoisine les 250 Da, la courgette bat tous les records : 300 Da au marché de Bouzaréah, et 350 Da au marché de Birkhadem. Pour les fruits de saison, la pastèque coûte entre 50- 60/Kg, la Poire 160-220 Da le Kg, les raisins, entre 140-200 Da (les prix varient selon la qualité du produit). « Pourquoi à chaque période de fête, les prix augmentent automatiquement ? », s’étonne à voix haute une quinquagénaire. « C’est l’Algérie » lui répond un jeune, croisant son passage.

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130 da le kilo de tomates au marché de Bouzaréah. ©Algerie360

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Les haricots verts sont vendus à 240 da/kg. ©Algerie360

La flambée des prix est un fait, et ce quelques temps seulement après que les autorités avaient annoncé que les prix allaient rester stables.

L’achat du mouton, à tout seigneur, tout honneur ? …

S’offrir Le mouton de l’Aïd el Adha, n’est pas une tache facile, même pour ceux qui ont les moyens, car en effet, au delà de son prix variant entre 30.000- 60.000 Da (de l’agneau à l’ovin, selon le poids, la taille, l’origine et la race.), son propriétaire doit également penser à son transport et à sa nourriture, des frais supplémentaires qui s’ajoutent à la valeur initiale du mouton, qui au final n’est pas si « abordable » que ça ! .

C’est dans l’optique de voir l’état des prix des moutons en cette veille d’Aïd El Adha que je me rends à Ouled Fayet, ou s’y trouve un marché d’un autre genre, celui des ovins, on y trouve une forte concentration de vendeurs de bétails, venus de toutes les wilayas. « Je suis un adepte de cet endroit, à chaque fête de l’Aïd el Adha, je viens ici pour m’offrir mon mouton, après un  tour au marché, j’arrive à me faire idée générale du prix », nous affirme un jeune trentenaire. « Je n’aime pas trop me prendre la tête, j’arrive, je choisis, je négocie le prix  et je repars à la maison avec mon mouton » soutient-il.

Malgré l’annonce du ministère de l’agriculture concernant la mise en place de 26 espaces de vente d’ovins, soumis au contrôle de l’état, qui a mobilisé des vétérinaire, et tout un staff pour gérer au mieux la vente . La réalité est tout autre, les prix appliqués, ne sont pas si alléchants que ça !  du coup, les gens se rabattent sur les espaces de ventes (clandestins) à l’instar de celui de Ouled Fayet. Dans ce marché improvisé pour l’occasion, un mouton de taille moyenne coûte  entre  42. 000 et 50.000da.

Après quelques tours,  une voix s’élève « Vous comptez nous ruiner avec vos prix, c’est inadmissible ! Cet agneau coûte 40.000 Da ?, c’est trop cher, beaucoup trop ! » crie un vieil homme au vendeur, après que ce dernier lui annonce le prix. « Il a raison, c’est abusé, on ne peut donner plus que 35.000 da pour un petit chat pareil , que Dieu nous vienne en aide! » soutient un autre homme, lui aussi agacé par les prix …

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Marché d’ovins improvisé pour l’aïd el adha à Ouled Fayet. ©Algerie360

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Des badauds qui se pressent pour acheter leur mouton en cette veille d’Aïd el adha. ©Algerie360

L’ultime Alternative pour les gens démunis …

Mais alors, comment passer un aïd el adha quand on a pas les moyens? c’est là où les bouchers interviennent.

Il est 11h, je  quitte les lieux, cette fois, destination les boucheries d’Alger. Nombreuses sont les familles algériennes qui ne peuvent malheureusement pas s’offrir une tête à sacrifier, faute de se ruiner ! Du coup, ils préfèrent  acheter une quantité généreuse de viande pour profiter de la fête sacrée. « J’aurai aimé acheter un mouton ! Mais malheureusement, la cherté des ovins m’oblige  à  trouver une autre solution. », affirme un homme rencontré chez le boucher, en regardant la vitrine. « Un Kilogramme de foie, 2 kg de viande, des abats, des côtes et une tête de mouton me suffira  pour passer l’Aïd avec ma petite famille, Dieu merci » ajoute-il, en sachant, que le Kg de foie coute entre 2600-3000 Da, la tête du mouton à 1200 Da, les abats (entre 600-800 Da), tandis que pour les côtelettes, les prix varient entre 1300-1500 Da le Kilogramme.  « Faut compter minimum 10.000 Da  pour acheter une quantité raisonnable de viande pour passer l’Aïd, tout dépend du nombre de personnes dans la famille » nous informe Tamegrat Nouredine, la soixantaine, en présence du boucher, qui ne semble pas contredire les propos de l’homme. « Ce que je peux te dire mon fils, toujours en cette période nous constatons  une nette augmentation des prix, et à mon humble avis, cela est due,  d’une part, à la forte demande, et d’autre part,  à la spéculation qui n’arrange pas les choses » ajoute-il d’une air dépité. Un avis partagé par le boucher qui ajoute : « Actuellement, le marché du gros est soumis à cinq au six importateurs, qui sont connu de la profession, c’est eux qui contrôlent le prix de la viande, ils continuent leur business et malgré l’interdiction de l’importation de viande ovine….», nous informe le boucher, et ajoute  « Dure réalité, le marché de gros est centralisé autour de ces importateurs, qui n’hésitent pas à stocker la viande quand elle coûte moins cher, et une fois que la demande augmente, ils l’introduisent  sur le marché, et malheureusement, c’est le citoyen qui en paie le prix fort, en d’autre terme la spéculation tue la commerce en Algérie ! » .

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Pour ceux qui n’ont pas les moyens, acheter des pièces de moutons chez le boucher reste l’ultime recours. ©Algerie360

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©Algerie360

Se préparer aussi à la rentrée scolaire…

Ce début de septembre s’annonce « chaud » pour le porte-monnaie des familles Algériennes! En effet, d’un coté, ils devront penser aux achats de l’Aïd, et de l’autre, penser à l’achat des fournitures scolaire, les dépenses s’accumulent en ce début du mois.

Vers les coup de midi, je me dirige vers deux magasins de vente d’articles scolaire, le premier situé à Dely Brahim, et l’autre à Chéraga.

Après un moment passé à sillonner les rayons des deux magasins, le verdict tombe ! Pour équiper un élève, les parents devrons payer approximativement entre 4500-5500 Da pour les enfants en école publique, et entre 6000-8000 Da pour les élèves placés en école privée. « Sincèrement, je ne sais plus où donner de la tête, entre les achats de l’Aïd, et les achats des fournitures, ça risque d’être délicat pour mon porte-monnaie » affirme madame D.K, « je préfère pour le moment temporiser avant l’achat des fournitures, moi qui pensait qu’acheter avant la rentré serait plus bénéfique en terme de tarifs … ! «  témoigne-elle, l’air désespérée.

Durant notre enquête, nous avons pu observer de prés la dureté de la vie des familles Algériennes, surtout que cette fois, la fête, coïncide avec la rentrée scolaire. Cette période est tant redoutée par les parents, qui rime avec pression, stresse, insuffisance et abstinence !

Fournitures