Affaire Hariri : des révélations édifiantes

Affaire Hariri : des révélations édifiantes

par Kharroubi Habib

Affaire Hariri : des révélations édifiantes

Depuis qu’il est revenu au Liban après avoir été le héros malgré lui de la rocambolesque mésaventure qu’il a vécue en Arabie saoudite où il lui a été arraché l’annonce de sa « décision » de démissionner de son poste, le Premier ministre libanais Saad Hariri persiste à nier qu’il a été effectivement contraint à le faire. Ce sur quoi s’inscrivent en faux les révélations publiées lundi 25 décembre par le journal américain New York Times sur ce qui se serait passé à Ryadh il y a deux mois. Pour ce journal qui tient de sources sûres ses assertions, Saad Hariri aurait été victime d’un traquenard de la part du prince hériter et homme fort de la monarchie wahhabite qui l’a fait venir sous un fallacieux prétexte à Ryadh où une fois rendu il a fait l’objet d’un traitement humiliant qui a visé à briser sa résistance à l’exigence à laquelle les autorités saoudiennes ont voulu qu’il se rende.

Selon le New York Times, celle-ci a été que Saad Hariri annonce sa démission en la présentant comme étant la manifestation de son refus de l’influence du Hezbollah dans le paysage politique libanais. Pour les auteurs des révélations du New York Times, l’intrigue diplomatique montée par Mohammed Ben Salman a visé à provoquer une crise politique au Liban dont il a escompté qu’elle provoque l’union des forces et courants dont Hariri est le leader contre le Hezbollah. La « démission » de Hariri devait selon le prince héritier saoudien ouvrir dans ce but la voie à son remplacement en tant que leader de camp par son frère Bahaa Hariri connu pour son ton plus dur à l’égard du Hezbollah et disposé par conséquent à la confrontation avec lui.

Mais selon toujours le New York Times il est vite apparu à l’impulsif prince héritier saoudien que le résultat au Liban du traquenard qu’il a tendu au Premier ministre libanais n’a pas été à la hauteur de ce qu’il en attendait question mobilisation populaire anti-Hezbollah et qu’il a même au contraire desservi les intérêts de l’Arabie saoudite en offrant à la classe politique libanaise toutes sensibilités confondues d’afficher à l’unisson un grand scepticisme à l’égard de son rôle dans cette affaire.

L’épisode rocambolesque dans lequel a été pris le Premier ministre démontre le caractère provocateur et arrogant du comportement de l’homme fort de la monarchie wahhabite en même temps que le mépris qu’il voue à la dignité du peuple libanais et à la souveraineté de son Etat et de ses institutions. Ce qu’il a cherché à obtenir des Libanais de la manière la plus abjecte et inadmissible qui soit est qu’ils se prononcent contre la prétendue mainmise de l’Iran sur leur pays à travers le Hezbollah mais en les sommant d’accepter celle de la monarchie wahhabite qu’il incarne.

Le Liban est bel et bien otage de la lutte d’influence régionale que se livrent l’Arabie saoudite et l’Iran, mais ce n’est pas en se déterminant en faveur de l’une ou de l’autre que les acteurs politiques parviendront à préserver l’unité de leur pays et sa stabilité. Les intentions saoudiennes ne sont pas plus innocentes et désintéressées à l’égard du Liban que celles que l’Iran poursuit. Autant dire que les acteurs politiques libanais devraient avoir garde de n’entrevoir de salut pour le pays que son alignement et sa soumission à l’un ou l’autre Etat.