Affaire Djamila Bouhired

Affaire Djamila Bouhired

Le ministère des Moudjahidine a-t-il été saisi ?

Tutélaire, comme son nom l’indique, des questions relatives aux moudjahidine et aux ayants droit des chouhada, a été catégorique hier en déclarant qu’il n’y a aucune demande de prise en charge de la moudjahida Djamila Bouhired.



Une source au niveau du département de Mohamed Chérif Abbas, jointe hier par le Jeune Indépendant, a indiqué : «Nous n’avons aucune information et nous ne pouvons rien vous dire à ce sujet.»

Ajoutant, après insistance, qu’elle peut «parler de tous les sujets relevant du ministère, sauf de ce sujet (le cas Djamila Bouhired, NDLR)». Interrogée pour savoir si Mme Bouhired avait présenté une demande de prise en charge, notre source a affirmé qu’«il n’y a aucune demande de prise en charge à notre niveau».

Djamila Bouhired, héroïne de la Révolution qui fut torturée et condamnée à mort en 1957 par les paras de Bigeard pendant la bataille d’Alger, vit aujourd’hui dans le dénuement.

Sa retraite et sa pension de guerre ne lui permettent en effet pas de vivre décemment.

Or, l’égérie de Nizar Kabbani et de Youcef Chahine est très malade et son état de santé nécessite des soins à l’étranger, inaccessibles vu ses maigres revenus.

Une raison qui l’a poussée à sortir de sa réserve, en publiant deux tribunes dans des titres de la presse nationale : un appel à la solidarité lancé à ses «frères et sœurs algériens» et une lettre au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle elle déplore le peu de considération de l’Etat envers elle et envers tous ceux qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie.

Emplie de nif bien algérien, Mme Bouhired a affirmé à la presse ne pouvoir se soigner que par de l’argent 100 % algérien. En effet, plusieurs émirs du Golfe et même des organismes français lui ont offert leurs services, des services qu’elle a aimablement déclinés.

Son appel a suscité un extraordinaire élan de solidarité auprès des citoyens algériens et même de ressortissants étrangers. Des actions de solidarité sont lancées sur le Net et elles enregistrent un engouement sans précédent.

Les responsables algériens qui se sont exprimés dans les colonnes de la presse s’en défendent et affirment que la loi prévoit la prise en charge des moudjahidine.

Mais la confusion demeure à ce sujet. Ladite loi prévoit une prise en charge dans les établissements de santé de l’Etat, or l’état de santé de Mme Bouhired nécessite «trois interventions chirurgicales lourdes et de pointe».

Des interventions que ne peuvent assurer les hôpitaux de l’Etat algérien que l’héroïne «voulait indépendant», comme elle l’avait écrit dans sa lettre au président Bouteflika.

H. Mouhou