Abdelmadjid Tebboune l’a révélé hier au Sénat: “70 milliards de DA investis sans impact”

Abdelmadjid Tebboune l’a révélé hier au Sénat: “70 milliards de DA investis sans impact”

Le Premier ministre a soutenu qu’il faut aller vers la création des petites et moyennes entreprises qui permettent de créer des emplois et de la richesse.

C’est une déclaration fracassante. Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a surpris les sénateurs en annonçant en des termes à peine voilés le détournement de 70 milliards de dinars. «L’Etat a consacré un énorme budget avoisinant les 70 milliards de dinars ces derniers temps à l’investissement sans pour autant qu’il y ait un impact palpable sur le secteur ni sur le niveau de vie des citoyens», a avoué l’hôte du Conseil de la nation lors de la présentation hier du Plan d’action du gouvernement.

Abdelmadjid Tebboune n’a pas cité précisément ni des noms ni même les secteurs concernés, il s’est contenté de dire qu’aucune trace de ce budget n’a été trouvée. Cette révélation est loin d’être un non-événement. Bien au contraire, elle traduit un fait gravissime, celui de la corruption et du détournement des fonds publics.

A travers cette annonce, le Premier ministre voulait sans doute adresser un message clair aux concernés les avisant que l’Etat n’est pas absent et qu’il garde l’oeil grand ouvert sur la gestion de ses affaires.

Depuis sa désignation à la tête du gouvernement, le Premier ministre a engagé des audits pour enquêter sur l’octroi des concessions et des marchés publics. Le Premier ministre a même sommé les différents ministères d’élaborer des rapports sur la gestion de leurs secteurs respectifs. Développant sa vision, le Premier ministre a soutenu qu’au lieu de créer des grandes entreprises, il faut aller vers la création des petites et moyennes entreprises dont l’investissement est modeste et permet de créer des emplois et de la richesse à travers le territoire national.

Effectivement, des budgets énormes ont été injectés dans les grandes entreprises sans pour autant donner des résultats positifs.

L’hôte des sénateurs a écarté la suppression de la règle des 51/49% sur le partenariat en affirmant qu’elle ne constitue en aucun cas un obstacle pour les IDE en Algérie. Par ailleurs, Abdelmadjid Tebboune a rassuré dans son intervention sur l’engagement de l’Etat à poursuivre les projets de développement local.

«Le gouvernement s’engage à accélérer le rythme de réalisation des projets inscrits dans le cadre du développement local, entre autres le logement, la santé et l’éducation», a-t-il déclaré devant les sénateurs.

Il a surtout insisté sur le maintien du caractère social de l’Etat, malgré la crise financière qui s’abat sur le pays depuis 2014. «L’Algérie est sortie de l’état de grâce depuis 2014, mais malgré cela, nous sommes dans une situation plutôt acceptable vu la conjoncture actuelle… Opstimiste, le Premier ministre soutient que même si nos revenus ont baissé de plus de 50% en trois ans, nous sommes encore debout. Nos réserves en devises dépassent les 100 milliards de dollars. La vraie crise à laquelle fait face l’Algérie, ce n’est pas uniquement la baisse de nos revenus, mais c’est notre capacité à travailler ensemble et avec les autres et d’avoir confiance en nous pour réaliser nos objectifs avec des règles très simples, applicables à tout le monde sans exception», a-t-il encore affirmé, avec un brin d’optimisme.

Lors des débats, les sénateurs ont mis l’accent sur la nécessité de relancer les projets gelés en raison de la crise financière. «Il faut respecter l’équilibre régional dans la répartition des grands projets d’investissement», a réclamé le sénateur FLN, Mustapha Djeghdali.

Dans son discours, ce dernier a énuméré les différents projets bloqués à M’sila et Boussaâda en appelant le gouvernement à les relancer pour un meilleur développement local. Le sénateur Moussa Tamartadaza du FFS, a soutenu que sans la séparation des pouvoirs on ne peut pas parler de l’Etat de droit. Ce sénateur a interpellé le gouvernement sur les dizaines de projets bloqués dans la wilaya de Tizi Ouzou. «Le problème de l’eau constitue une bombe à retardement dans la région», a-t-il averti. Faisant une analyse sur le Plan d’action, l’intervenant a qualifié ce plan de fragile en relevant l’absence de projets ambitieux.