Abdelkader Aouissi, ancien arbitre international «Le recours aux caméras n’est pas une solution»

Abdelkader Aouissi, ancien arbitre international «Le recours aux caméras n’est pas une solution»

sport&art6&2010-07-01img1.jpgAprès les deux erreurs monumentales d’arbitrage lors de ce Mondial 2010, des voix d’acteurs du football se sont élevées pour relancer sérieusement les débats sur l’arbitrage vidéo.

Les arbitres, malgré quelques divergences, sont unanimes à dire que cette option n’est pas une solution ni pour le football ni pour l’arbitrage.

Parmi eux, Abdelkader Aouissi, un des plus brillants chevaliers du sifflet des années soixante-dix qui, de son côté, refuse catégoriquement cette idée d’épauler les arbitres dans leurs missions sur le tapis vert avec des caméras de surveillance, tout en justifiant son refus par une meilleure prise en charge des arbitres tout au long de leurs formations.

Dans cet entretien, cet ancien arbitre international, malgrès son âge avancé, a bien voulu revenir sur les deux étapes de cette Coupe du monde et nous fait une petite évaluation du côté de l’arbitrage, comme il est revenu également sur cette problématique de l’arbitrage vidéo.

Midi libre : Après ces premières étapes de la Coupe du monde, que pensez-vous du niveau de l’arbitrage ?

Abdelkader Aouissi : Les règles du jeu sont claires, les arbitres n’ont qu’à les appliquer sur le terrain. Une chose est sûre, il y a des hauts et des bas. Certes, quelques arbitres manquaient de concentration, cela est dû peut-être à la grandeur de la compétition. La chose que les gens devraient savoir, c’est que les arbitres rencontrent des fois plusieurs difficultés, notamment quand il s’agit d’un match dont l’enjeu est très important.

La défaillance était flagrante notamment au premier tour, et c’est plus compliqué aux huitièmes de finale. Mais je pense que la Fifa s’est rendue compte, notamment après les deux coups durs, d’abord lors du match Argentine-Mexique, le hors-jeu était flagrant et la séquence largement diffusée sur toutes les télévisions du monde.

Lors des huitièmes de finale Angleterre-Allemagne, le ballon a franchi la ligne de but, mais malheureusement, l’arbitre Uruguayen, Jorge Larrionda, a décidé de n’a pas accorder le but à Lampard. Concernant l’équipe nationale, Antar Yahia ne méritait pas un carton rouge. Avant-hier Ricardo Costa a pris un carton rouge qu’il ne méritait pas non plus. L’arbitre argentin Baldassi, à mon avis, n’était pas précis dans la prise de certaines décisions.

Globalement, le niveau est juste au dessous de la moyenne.

Justement, après ces deux erreurs, des voix de techniciens ainsi que de joueurs réclament l’intégration des caméras pour aider les arbitres dans leurs missions, comment trouvez-vous cette option ?

Sincèrement, le recours à un arbitrage vidéo n’apporte en aucun cas une solution à ce problème, au contraire, les choses seront de plus en plus compliquées avec cette option.

La chose que les premiers responsables du football mondial devraient faire, c’est de donner plus de moyens aux arbitres que d’aller chercher la solution ailleurs. En tout état de cause, je ne pense pas que l’intégration de ce système technologique sera un facteur important qui va apporter un plus au football.

A mon avis, le recours aux images qui vont être diffusées après chaque faute, perturbera davantage le déroulement de n’importe qu’elle rencontre. je suis contre cette idée.

Donc, c’est quoi la solution à votre avis ?

D’abord, désigner les meilleurs arbitres sur tous les plans, notamment mental et physique, cela se fait comme tout le monde le sait lors de la formation d’avant toute compétition. Laisser les travailler, je pense qu’ils vont démontrer qu’ils sont capables de faire leur travail correctement.

Certes, il y a des malhonnêtes, mais dans l’ensemble il y a des arbitres qui veulent aller de l’avant malgré les conditions dans lesquelles ils travaillent. Autre chose, ce qui a vraiment attiré l’attention, ce sont les sanctions que la Fifa commence à infliger aux auteurs d’erreurs.

Permettez-moi de vous dire dans ce sens que cela ne se fait pas dans notre pays. Et puis, il faut que tout le monde (responsables, entraîneurs, joueurs …) travaille ensemble pour que l’arbitrage évolue dans le bon sens.

Par : Mourad Salhi