5 ASSAILLANTS ATTAQUENT L’ACADÉMIE MILITAIRE AFGHANE Un changement brutal de stratégie

5 ASSAILLANTS ATTAQUENT L’ACADÉMIE MILITAIRE AFGHANE Un changement brutal de stratégie

Les forces spéciales sont arrivées rapidement sur place et le quartier où se trouve l’Académie, un immense espace de plus de 40 hectares situé dans l’ouest de Kaboul, est, depuis le début de l’attaque, totalement encerclé par les forces armées qui ont déployé d’importants moyens.

Depuis bientôt une semaine, l’Afghanistan est en proie à des attaques répétées. Une d’entre elles était en cours hier, visant ni plus ni moins que le complexe de l’Académie militaire d’Afghanistan, à Kaboul où on enregistrait au moins deux morts parmi les soldats, alors que le contexte reste marqué par une tension extrême à la faveur de laquelle les taliban multiplient les opérations.

Des premières indications relatives à ce nouvel attentat qui a débuté avec l’explosion d’une bombe acheminée par un kamikaze, on relève un bilan de deux morts et une dizaine de blessés parmi les nombreux soldats présents dans cette enceinte. Les combats se seraient déroulés durant plusieurs heures, a en outre rapporté le porte-parole du ministère de la Défense, le général Dawlat Waziri, qui a chiffré à au moins cinq le nombre des assaillants durant cette opération: «Un d’entre eux s’est fait exploser, un autre a été arrêté, trois ont été tués. Et un autre continue de résister à nos forces», a ainsi indiqué le général Waziri.

Les forces spéciales sont arrivées rapidement sur place et le quartier où se trouve l’Académie, un immense espace de plus de 40 hectares, situé dans l’ouest de Kaboul, est depuis le début de l’attaque totalement encerclé par les forces armées qui ont déployé d’importants moyens en armes et en véhicules militaires.

Cette opération, dont on sait qu’elle incombe à Daesh puisqu’il y a eu une revendication de l’EI quelques heures plus tard, est la troisième en dix jours à peine, dans la capitale afghane, après celle qui a ciblé un grand hôtel de Kaboul, le 20 janvier dernier, puis l’explosion d’une ambulance piégée samedi, faisant au total plusieurs centaines de morts et de blessés.

Les assaillants de l’Académie militaire ont opéré à l’aube, utilisant des tirs de roquettes, de RPG et d’armes automatiques pour frapper le bataillon installé à l’entrée même de la base. Leur intention aurait été de décimer le bataillon en question pour pouvoir ensuite pénétrer à l’intérieur même de l’Académie Marshall Fahim. Des indications recueillies par l’AFP auprès d’un officier afghan présent sur le site montrent qu’il s’agit du 2e bataillon d’infanterie de la Division 111 de Kaboul, en charge de la protection de l’Académie.

L’Académie Marshall Fahim est un vaste complexe situé dans le district de Qargah, où sont accueillis les élèves destinés à l’armée afghane, depuis les cadets jusqu’aux officiers d’état-major. En octobre dernier, elle avait déjà fait l’objet d’une attaque au cours de laquelle 15 jeunes recrues afghanes avaient trouvé la mort lorsqu’un kamikaze était parvenu à s’introduire dans les lieux pour se faire exploser aux portes d’un minibus dans lequel les victimes s’apprêtaient à regagner leur domicile. Outre les quelque 500 formateurs dont de nombreux soldats et officiers américains, l’Académie compte environ 4000 stagiaires aussi bien pour les cadets que pour les élèves-officiers afghans.Encore sous le choc de l’attentat à l’ambulance piégée qui avait fait samedi plus d’une centaine de morts et 235 blessés, la présidence afghane avait décrété une journée chômée hier à Kaboul «pour s’occuper des victimes du carnage». Cet attentat revendiqué par les taliban est l’un des plus meurtriers depuis plusieurs années, mais il représente, en huit jours à peine, le troisième d’une série qui a frappé aussi bien l’hôtel Intercontinental le 20 janvier que l’ONG Save The Children à Jalalabad (Est), mercredi dernier et cela malgré un niveau d’alerte porté à son maximum tant la hantise de nouvelles attaques se fait de plus en plus forte.

Longtemps, les auteurs des attaques-suicide ciblaient en priorité les endroits où se trouvent les étrangers (hôtels, supermarchés), dont la presque totalité est constituée par des conseillers militaires occidentaux, les Américains étant pour des raisons évidentes les plus nombreux. Parfois, il arrive que les kamikazes tentent des actions spectaculaires au niveau des ambassades et institutions internationales, pour la plupart placées en confinement absolu, mais on assiste depuis quelques semaines à un changement de tactique qui met en première ligne les sites stratégiques et les casernes de l’armée afghane, en priorité. Ets-ce la réponse que les taliban entendent apporter aux récentes déclarations du président américain Donald Trump qui a tweeté sur l’urgence, à ses yeux, d’«en finir au plus vite avec la présence terroriste» en Afghanistan? Toujours est-il que le bourbier afghan demeure, bien des années après l’intervention américaine dans ce pays, toujours égal à lui-même.

Par Chaabane BENSACI –