15 000 gendarmes mobilisés pour sécuriser les vacances de printemps Quinze « faux » cas d’enlèvement d’enfants en deux mois

15 000 gendarmes mobilisés pour sécuriser les vacances de printemps Quinze « faux » cas d’enlèvement d’enfants en deux mois

gendarmerie-dz-300x215.jpgLe commandement de la Gendarmerie nationale a mobilisé 15 000 éléments des différentes unités pour la sécurisation des vacances de printemps.

« Il s’agit d’un plan sécuritaire spécial composé de 700 dispositifs permanents », a indiqué, hier, le directeur de la sécurité publique auprès la GN, le colonel Tahar Benaâmane, dans une conférence de presse consacrée à la délinquance juvénile et la protection des mineurs. Le directeur de la sécurité publique a expliqué qu’il s’agit d’un dispositif spécial pour sécuriser les lieux publics et de loisirs ainsi que les routes à l’occasion des vacances de printemps. « La sécurité au niveau des forêts et des espaces publics a été renforcée sur l’ensemble du territoire national.

La gendarmerie couvre plus de 38 forêts qui enregistrent un important flux durant les vacances et les week-ends », a précisé l’officier supérieur qui a évoqué à l’occasion, l’enlèvement d’enfants. « Notre présence sur le terrain vise l’instauration d’un climat de quiétude. Les familles sont perturbées avec ces histoires de kidnapping. Certes il y a des cas avérés mais je tiens à préciser qu’il s’agit de faits et pas d’un phénomène. Les auteurs ont agi individuellement et non dans un réseau organisé. Je précise également qu’il n’y a jamais eu de trafic d’organes. Le mobile est d’ordre sexuel en premier lieu suivi de la vengeance familiale ou d’une demande de rançon », affirme-t-il.

Pour appuyer ses déclarations, le directeur de la sécurité publique présente le bilan de l’activité de ses unités en matière de protection des mineurs. Ainsi, durant l’année 2013, les services de la GN ont enregistré 3 cas d’enlèvement de mineurs dont un suivi d’assassinat à Ghardaïa. « L’auteur présumé de l’assassinat du petit Mehdi à Ghardaïa a été identifié à plus de 99%, nous attendons la confirmation de nos spécialistes pour le présenter à la justice. Quant au cas de Annaba, il s’agit d’un enlèvement parental. L’auteur est le père de la victime âgée de 2 ans qui a été enlevée du domicile de sa tante suite à un conflit conjugal », a-it-l précisé. Les mêmes services ont enregistré, durant l’année en cours, sept tentatives d’enlèvement dans les wilayas d’Oran, El Taref, Aïn Témouchent, Saïda, Alger et Boumerdès.

« Il s’agit de cas non avérés. Les enquêteurs prennent en considération toute disparition surtout d’un mineur », a précisé le colonel Benaâmane. C’est suite à des enquêtes que les gendarmes ont constaté 15 cas de prétendus rapts. « Il s’agit de deux cas de détournement de mineurs et 13 autres de fugue », a expliqué le conférencier. Les mineurs ont fugué suite à des échecs scolaires ou à des problèmes familiaux. Ces fugues ont été enregistrées dans les wilayas de Blida, Guelma Alger, Skikda, Oran, Mascara, Médéa, Oum El Bouaghi, Sétif et Constantine.

Les pédophiles,des victimes abandonnées

De son côté, le directeur de recherches en criminologie à l’Institut nationale de criminologie et criminalistique (INCC), le lieutenant-colonel Demane Debbih Zahreddine, a signalé que les cas d’enlèvement et d’assassinat d’enfants ont toujours existé avec des proportions insignifiantes, « mais ils n’étaient aussi médiatisés que depuis l’avènement des nouvelles chaînes de télévision », a-t-il expliqué.

Toutefois, comparativement aux autres formes de criminalité violente, telles les atteintes aux biens et aux personnes ou la délinquance routière, « les enlèvements ne constituent pas un phénomène statistiquement signifiant », dira le criminologue. En outre, il n’existe pas de profil type de l’agresseur sexuel, chacun étant un cas particulier avec une structure psychopathologique différente.

Toutefois, ces délinquants auraient généralement vécu des histoires traumatiques sexuelles causées par des initiations précoces et inadéquates à la sexualité. Mais à cause des tabous qui entourent ce genre de problèmes, ces incidents sexuels d’enfance sont restés sans prise en charge médico-psychologique. « Ainsi, ces traumatismes réapparaissent vraisemblablement à l’âge adulte par des comportements sexuels déviants », a précisé l’expert. Néanmoins, l’analyse des cas enregistrés semblent révéler quelques similitudes des caractéristiques des auteurs qui sont généralement célibataires, âgés entre 28 et 30 ans, chômeurs avec un niveau scolaire primaire ou moyen.

Seul le durcissement des peines …

Comment peut-on protéger nos enfants de ces délinquants sexuels ? En attendant la mise en service du système d’alerte « qui est en cours de réflexion », la prévention est la meilleure arme, dira le criminologue.

Dans un environnement qu’il maîtrise parfaitement, le pédophile utilise la ruse et la manipulation à l’égard des enfants, ses cibles potentielles, il agit en prédateur, avant de passer à l’acte. L’expert a relevé dans son approche que l’enlèvement est lié à l’âge de la victime et ses capacités de résister à l’agression. Même s’il n’est pas souvent de la famille, le kidnappeur est généralement un voisin ou quelqu’un de l’entourage social et/ou professionnel de la victime.

En matière de prévention, il faudrait agir en minimisant les occasions où se rencontrent deux catégories de personnes précitées : l’auteur hautement motivé et la victime attrayante non sécurisée. Le criminologue a appelé à minimiser le gain escompté derrière ce type de crime (pulsion sexuelle perverse) et ce par le durcissement des peines et l’application des injonctions thérapeutiques pour les délinquants sexuels en général. « Il faut axer les mesures vers la démotivation des délinquants potentiels au passage à l’acte », a-t-il souligné.

La responsabilité incombe aux parents en premier lieu. Désormais, les parents doivent démontrer davantage leur présence avec leurs enfants notamment ceux âgés de moins de 13 ans, qui ne devraient plus être hors cadre familial sans contrôle parental ou de personnes adultes responsables ainsi que la communication permanente avec les enfants âgés de plus de 13 ans afin de limiter les cas de fugue et de détournement de mineurs et d’éviter aussi les risques de déviance.

Neïla B.