11 millions d’articles contrefaits saisis par les douanes en à peine dix ans: Les cosmétiques arrivent en tête

11 millions d’articles contrefaits saisis par les douanes en à peine dix ans: Les cosmétiques arrivent en tête

Selon l’inspecteur divisionnaire des douanes, Oumessaoude Youcef, les produits de contrefaçon qui sont saisis proviennent surtout de Chine, des Emirats arabes unis et de Turquie.

La contrefaçon est un véritable drame qui détruit à petit feu notre économie nationale. C’est un secret de Polichinelle que de dire que les produits contrefaits sont en vente libre en Algérie.

Mais le chiffre que viennent de donner les services des douanes montre encore plus l’ampleur des dégâts! «Nos services on saisi plus de 11 millions d’ articles contrefaits entre 2007 et 2016», a fait savoir l’inspecteur divisionnaire des douanes, Oumessaoude Youcef lors des 3èmes Journées des marques et de la contrefaçon qui se tiennent à l’hôtel El Aurassi d’Alger. «Rien qu’en 2016, les douanes algériennes ont saisi plus de 800.000 produits contrefaits», a-t-il ajouté en précisant que ces produits de contrefaçon provenaient surtout de Chine, des Emirats arabes unis et de Turquie. Si chez nous, les produits contrefaits proviennent surtout de ces trois pays, les chiffres des instituions mondiales de lutte contre ce fléau révèlent qu’il ne sont pas que chinois.

(bien qu’en 2011, 84% des contrefaçons interceptées par les douanes de l’UE provenaient d’Asie: Chine 73%, Hong Kong 8%, Inde3%). Des estimations de l’Organisation de coopération et de développement (Ocde) indiquent que la contrefaçon représenterait 5 à 10% du commerce mondial, encore que le volume des échanges physiques de contrefaçon de produits de consommation dépasserait le PIB de 150 pays pour une valeur globale de 250 milliards de dollars (chiffres 2007). Pour ce qui est de la nature de ces produits contrefaits qui sont le plus saisis, l’inspecteur Oumessaoude révèle que les cosmétiques constituaient le plus gros des saisies.

«Les cosmétiques arrivent en premier, suivis des articles de sport», a-t-il souligné. Mais il faut savoir qu’aucun secteur n’est épargné: tout ce qui peut être produit peut être contrefait, des gammes de produits toujours plus diversifiés: appareils domestiques, pièces détachées dans le domaine de l’automobile ou de l’aéronautique, les documents administratifs, les jouets, les vins et spiritueux, les cigarettes, les aliments frelatés, les vêtements et cosmétiques et les médicaments pouvant toucher à la sécurité et à la santé des consommateurs. Les incroyables saisies faites par les douanes algériennes ne sont donc que la partie visible de l’iceberg!

11 millions de produits saisis et on laisse imaginer ce qui est passé entre les mailles du filet qui n’est pas des plus hermétiques…Il ne faut pas se voiler la face, la contrefaçon a pris une dimension considérable, amplifiée par les opportunités qu’offre la vente sur Internet. Aucun secteur économique n’est aujourd’hui épargné. Concurrence déloyale pour les entreprises, destruction d’emplois, danger pour la santé et la sécurité des consommateurs: la lutte contre la contrefaçon est une nécessité.

L’Institut national algérien de la propriété industrielle (Inapi) tente de faire bouger les choses, mais il ne peut que…constater. Car, contrairement à l’Office national des droits d’auteurs (Onda) il ne dispose pas de brigades de contrôle et de répression des fraudes. Les experts de cet institut réclament dans ce sens que le décret de 1982 définissant le rôle et les missions de l’Inapi soit révisé afin de le doter de ce type de brigade qui lui permettra d’agir directement.

Surtout que, selon eux, il existe un arsenal juridique adéquat. Mais qui n’est pas appliqué…En attendant, l’Inapi tente de faire de la sensibilisation en appelant les créateurs à déposer leurs marques. Néanmoins, selon l’aveu même du directeur des Brevets de cet institut, Djalit Djamel, le nombre d’enregistrements reste insignifiant.

«250.000 marques seulement sont enregistrées depuis la création de l’Inapi, c’est-à-dire en 1982», a t-il révélé. Cependant, il conclut avec plus ou moins d’optimisme du fait qu’«en 2016, plus de 6000 demandes d’enregistrement de marques ont été déposées, dont plus de 2000 sont étrangères».