françois Hollande abroge le décret Guéant,Les étudiants algériens peuvent travailler en France

françois Hollande abroge le décret Guéant,Les étudiants algériens peuvent travailler en France

64_slide_1_120602110650.jpgFinalement, les promesses n’engagent pas uniquement ceux qui y croient, et les étudiants étrangers en France, dont près de 8% sont des Algériens, peuvent remercier le président François Hollande d’avoir traduit en acte un de ses engagements de candidat. Cela lui a pris juste deux semaines après son installation à l’Élysée.

Jeudi, son gouvernement a abrogé la circulaire Guéant du 31 mai 2011, qui restreint la possibilité pour les étudiants étrangers diplômés de travailler en France. Le texte faisait partie de l’arsenal réglementaire mis en place par l’ancien ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, de réduire l’immigration régulière.

Un thème qui aura dominé la campagne présidentielle perdue par Nicolas Sarkozy.

“Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, le ministre du Travail, Michel Sapin, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, ont officialisé, aujourd’hui, l’abrogation de la circulaire du 31 mai 2011 relative à l’accès au marché du travail des étudiants étrangers”, a annoncé jeudi soir un communiqué officiel commun aux trois ministères.

L’abrogation s’est faite par le biais d’une nouvelle circulaire qui “entend ainsi poser les bases d’une relation renouvelée entre la France et les étudiants étrangers qui viennent y poursuivre leurs études supérieures”, souligne le communiqué.

“Cette nouvelle circulaire établit des règles précises et transparentes dans le cadre du code de l’entrée et du séjour des étrangers, et du droit d’asile et du code du travail”, ajoute le texte.

“Il s’agit, précise-t-il, d’assurer l’égalité de traitement sur le territoire, de faciliter les démarches des étudiants et d’apporter une réponse rapide à leur demande de changement de statut.”

Les délais d’instruction des demandes de changement de statut d’étudiant à salarié “ne pourront excéder deux mois, et ce, afin qu’aucun retard de l’administration ne vienne pénaliser les étudiants dans leurs recherches d’emploi et leur prise de poste”. Chaque année, 25 000 étudiants étrangers achèvent un cycle d’études de niveau bac + 5 en France et aspirent à y rester travailler. Au moins, le temps d’une première expérience professionnelle. Avec la circulaire, le marché de l’emploi a été verrouillé et des centaines d’entre eux se sont retrouvés sous la menace d’une reconduite à la frontière.

L’abrogation, qui est un “engagement” du candidat François Hollande, rappellent les trois ministres, “doit aussi renforcer l’image de la France au niveau international”.

La circulaire du 31 mai 2011 de l’ex-ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a valu à la France des critiques à l’étranger, notamment en Chine et au Maghreb d’où vient une grande partie des étudiants accueillis dans les écoles et universités françaises.

Les organisations étudiantes réclament désormais le retrait du décret du 6 septembre 2011 relevant le niveau des conditions de ressources imposées aux personnes qui souhaitent suivre des études en France : ce décret demande que les étudiants internationaux doivent justifier de “640 euros à 770 euros de ressources mensuelles, contre 460 euros auparavant”.

Le changement de statut coûte aussi plus cher : depuis le 1er janvier, l’étudiant devenu salarié, s’acquitte d’une taxe de 349 euros et non plus de 85 euros.

La circulaire du 31 mai 2011 et le texte complémentaire du 12 janvier 2012 abrogés, “les étudiants étrangers diplômés restent dans une situation globalement défavorable”, constate pourtant l’Unef.

Car leur situation relève toujours du cadre législatif posé par Nicolas Sarkozy avec la loi du

24 juillet 2006 sur “l’immigration et l’intégration” qui ne peut être modifiée dans un sens favorable que par une nouvelle assemblée nationale à majorité de gauche.

“L’abrogation de la circulaire Guéant ne signifie pas qu’on a le droit automatiquement à un job après l’obtention du diplôme. Il faut un changement de la loi”, analyse le Haut-commissaire à la diversité, Yazid Sabeg, interrogé par l’AFP.

La France a accueilli en 2010-2011 près de 285 000 étudiants étrangers, qui représentent 12% des étudiants et 41% des doctorants, venus surtout du Maroc et de Chine, selon une étude de Campus France.

La France, qui occupait la troisième place depuis 2006 des pays qui accueillent le plus d’étudiants étrangers, est passée en quatrième position en 2009. Le premier contingent est celui des Marocains (10,9% en 2009), mais leur nombre a diminué de plus de 9% entre 2005 et 2009. Ils sont talonnés par les étudiants de Chine (9,5%) dont la part a progressé de près de 65% en cinq ans.

Arrivent ensuite les étudiants d’Algérie (7,7% du total, -13,8%) et de Tunisie (4,5% du total, +14,6%), selon l’étude publiée en octobre 2011.La France est le 7e pays d’accueil des étudiants asiatiques et c’est l’un de ceux où cette croissance est la plus forte. La part des étudiants du Vietnam (2,3% du total) a fortement progressé, de 55,4%, entre 2005 et 2009.

Sur les 284 659 étudiants étrangers accueillis en 2010-2011, 77% étaient inscrits en université, en hausse de 5% en 5 ans. Depuis 2006, le nombre des étudiants étrangers en mastère a augmenté de 10%, ceux en doctorat de 5%, alors que le nombre d’étudiants en licence reste stable.

La filière lettres-langues-sciences humaines et sociales, bien qu’étant la plus choisie par les étudiants internationaux dans les universités françaises, reste stable (66 000) et les inscriptions en sciences sont aujourd’hui en augmentation (59 000), selon Campus France.

Campus France est chargé de la promotion de l’enseignement supérieur et de l’accueil des étudiants étrangers. Il est placé sous la tutelle des ministères des Affaires étrangères et de l’Enseignement supérieur.

Selon une étude du secrétariat général de l’immigration, publiée en janvier, la France compte 6,24 millions de “très diplômés” (mastères, grandes écoles et doctorat), dont 710 000 “immigrés”. “La part des très diplômés est un peu supérieure parmi les immigrés que dans la population totale.”

Les pays d’origine les plus représentés sont l’Algérie et le Maroc (66 000 chacun) et la Tunisie (26 000). Entre ces trois pays du Maghreb, s’intercalent le Royaume-Uni (40 000) et l’Allemagne (30 000).

En France, 41,3% des doctorants sont étrangers, une “proportion très élevée, caractéristique des pays très attractifs qui offrent un système d’enseignement supérieur de qualité”.

Sur l’ensemble des étudiants entrés en France en 2002, un tiers y est toujours présent. Ils “semblent s’installer durablement en France, soit qu’ils se sont mariés, soit qu’ils ont trouvé un emploi, soit qu’ils détiennent encore, pour 10% d’entre eux, un titre de séjour étudiant”, selon l’enquête.

Y S./AFP