103 G de poudre au lieu 112G dans le sachet d’un litre,Une arnaque au lait réglementée

103 G de poudre au lieu 112G dans le sachet d’un litre,Une arnaque au lait réglementée

Capture plein écran 15012012 200341.jpgLa production du lait pasteurisé est frappée, une nouvelle fois, par des dysfonctionnements. Les opérateurs relèvent la commercialisation de lait de mauvaise qualité sur le marché. Ils dénoncent une forme de «fraude réglementaire». «C’est du lait mouillé et certains produits ont une mauvaise odeur», ont-ils indiqué.

Cette situation est due au non-respect des normes en matière de dosage en poudre de lait. La Direction du contrôle de la qualité et des prix (DCP) impose de mettre 112 g de poudre au litre comme il est indiqué dans le décret interministériel signé entre les ministères de l’Agriculture et du Commerce en 2002, alors que l’Office national interprofessionnel de lait (Onil) calcule l’octroi de la poudre pour les laiteries sur la base de 103 g le litre.

«C’est le grand paradoxe et les opérateurs se trouvent piégés devant ce fait. Ils sont entre le marteau et l’enclume», dira Abdelwahab Ziani, président de la Fédération de l’agro-alimentaire. «La DCP contrôle les laiteries et applique la loi dans sa rigueur, ce qui oblige les laiteries à respecter le décret et les dosages indiqués pendant que l’Onil se tient loin des préoccupations des opérateurs et ne tient pas compte de la réglementation en vigueur.

Il n’y a aucune volonté de changer les choses», a-t-il indiqué. «Si les producteurs de lait n’appliquent pas la loi, ils voient leur usine fermée, et s’ils l’appliquent, ils sont contraints de faire marcher leurs usines partiellement, vu que le tonnage de l’Onil est épuisé au bout de quelques jours», a-t-il expliqué. Pour faire face à ce problème, la Fédération a interpellé les deux ministères en vue d’imposer le respect de ce décret.

Une assemblée générale des opérateurs est prévue la semaine prochaine pour discuter de la situation de la filière. Dans ses écrits adressés aux membres du gouvernement, la fédération a demandé «la restructuration du prix de la poudre de lait» par rapport aux changements qu’il y a eu sur le marché.

En effet, le kilo de poudre est cédé à 159 dinars de façon à obtenir 23,35 DA le litre de lait. «Ce prix n’a pas changé depuis 2007», fait remarquer M. Ziani, qui réclame «un remodelage des prix de la poudre» en tenant compte des nouvelles données du marché comme les nouvelles charges que subissent les patrons d’usines en raison de l’augmentation du SNMG passé de 6000 à 18 000 dinars actuellement.

La laiterie Zaki fermée depuis une semaine

La gestion «très critiquée» de la filière laitière en Algérie continue de faire des ravages. L’office est décrié pour être en «déphasage total» avec la situation du marché.

«Il n’y a pas de visibilité au sein de l’Onil. On se contente de distribuer la poudre de n’importe quelle façon», dira-t-il, relevant que «les opérateurs et l’Onil ne sont pas sur la même longueur d’onde».

La fermeture des usines est devenue monnaie courante dans ce secteur au moment où on interpelle le secteur privé à contribuer à la résorption du chômage. La laiterie Zaki, située dans la commune de Chéraga (Alger), est fermée depuis une semaine.

«C’est en raison du mauvais approvisionnement de la poudre par l’Onil», affirme M. Ziani, qui regrette cette situation. «Vous imaginez que les quotas de lait de 2012 n’ont toujours pas été distribués aux laiteries. L’ONIL exige d’elles la récolte le lait cru alors que la matière n’est pas disponible dans les fermes, faute de quoi l’Onil ne distribue pas de poudre», dira M. Ziani. «C’est du chantage», a-t-il dit. L’usine Zaki produit 60 000 litres par jour.

«Sa fermeture a mis plusieurs pères de famille au chômage technique», a-t-il souligné. Le plus dramatique, c’est l’insensibilité de l’Onil face à ces situations. «Le quota de cette usine sera désormais orienté aux unités de Giplait pour favoriser la production du secteur public», a indiqué M. Ziani.

«C’est de la discrimination du deux poids, deux mesures», a-t-il dénoncé. Les opérateurs n’arrivent toujours pas à comprendre la gestion «opaque» de l’Onil.

«C’est un office qui va s’effondrer. On a entendu parler de beaucoup de scandales dont le dernier est la suspension de deux responsables avec interdiction d’accès à l’Onil. Cela s’ajoute à la déstabilisation que connaît cet office où se sont succédé quatre directeurs en moins de cinq ans», diront-ils. «On se demande ce qui se passe réellement et pourquoi on s’entête à pénaliser les producteurs de lait et les consommateurs par voie de conséquence», s’interrogent-ils.

N. B.