Zone industrielle de Sidi Khaled (Bouira): Les expropriés en colère

Zone industrielle de Sidi Khaled (Bouira): Les expropriés en colère

Ce ne sont pas moins de 155 hectares de terres agricoles du domaine privé qui ont été dégagés pour recevoir le projet d’une zone industrielle qui, en fin de compte, peine à voir le jour.

Des familles d’expropriés dans la zone industrielle de Sidi Khaled, relevant

de la commune d’Oued El-Bardi, à une dizaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de la wilaya, ont interpellé le ministre de l’Industrie et celui de l’Agriculture à travers une requête, dont Liberté détient une copie, sur “l’urgence de mettre un terme à ce massacre agricole”.

Cette missive signée par Mourad Merzouki, représentant des propriétaires de l’assiette de la zone industrielle de Sidi Khaled, souligne en préambule qu’“à Oued El-Berdi, une des rares régions qui ont gardé, à ce jour, l’activité agricole en plus d’El-Hachimia et d’Aïn Bessem dans le sud-ouest de la wilaya, les habitants déplorent les terres de Sidi Khaled dont les expropriés, depuis les années 80, ne cessent de crier leur colère et leur désarroi face à un État spoliateur et injuste”, accuse-t-il.

Et de poursuivre : “Ce ne sont pas moins de 155 hectares de terres agricoles en pleine exploitation avec un rendement supérieur à la moyenne nationale, qui ont été accordés pour recevoir le projet d’une zone industrielle qui n’a pas encore vu le jour.” Ce requérant ne cache pas sa colère et celle de ceux qu’il représente en évoquant la création de cette zone. “Le projet initial (de la zone de Sidi Khaled, ndlr) était celui d’un complexe pétrochimique de Sonatrach, lequel n’a jamais vu le jour”, rappelle M. Merzouki. Selon le porte-parole de ces expropriés, les autorités publiques ont “vendu du rêve, qui s’est transformé en cauchemar” aux habitants de Bouira “au détriment des propriétaires injustement spoliés”.

Dans sa requête, M. Merzouki dresse un bilan sans concession au sujet de cette zone. “Le massacre de la zone agricole a bien été réalisé, mais les propriétaires n’ont pas été indemnisés, les budgets de l’État ont été consommés, mais la zone tant promise n’a jamais vu le jour”, assène-t-il, tout en mettant au défi les pouvoirs publics de “contredire tout ce que j’ai avancé et de dresser un bilan positif de cette zone”. “Pour 7 hectares, les Domaines m’ont indemnisé à hauteur de 135 000 DA ! C’est une aberration !”, a-t-il pesté.

Ce propriétaire se dit également “choqué et outré” par la façon avec laquelle ils ont été expropriés. “Un beau jour du mois de Ramadhan 2013, on a eu la désagréable surprise de voir débarquer des bulldozers, escortés par les forces de l’ordre. On n’a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait, que les machines ont entamé leur travail de dévastation !”

Concernant le fond du problème, M. Diaf explique que ses terres, disposant d’actes de propriété datant de 1936, ont été, dans un premier temps, attribuées à l’Urbab par un arrêté d’expropriation en date du 18 avril 1983. Une partie de ces terres a été ensuite cédée en 2012 aux

Domaines.

Aujourd’hui, ce propriétaire et d’autres exigent de l’État soit de leur restituer leurs terres, soit de leur en accorder d’autres en remplacement. “On ne veut pas de leur argent ! On veut notre terre (…) Cette zone industrielle est un fiasco avéré.” Pour Mohamed Diaf, le ministre de la Justice “doit accélérer l’affaire qui traîne depuis 2014 au niveau de la Cour suprême”.

Du côté de la direction de l’industrie de Bouira, on assure que le suivi des projets implantés dans la zone industrielle de Sidi Khaled a été “scrupuleusement établi”. La directrice de l’industrie précise, cependant, que “le dernier mot revient toujours au wali”.