Les Etats-Unis qui avaient présenté en 2013 un projet pour doter la Minurso d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme, avaient insisté sur «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc.
Cette initiative avortée, les USA la tiennent toujours sous le coude. Le pouvoir marocain le sait. Et le moment de faire actionner cette arme fatale est plus que jamais opportun. Le Conseil de sécurité doit voter une nouvelle résolution qui doit prolonger le mandat de la Mission des nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) avant le 30 avril 2014.
L’heure des bilans est donc arrivée. L’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental qui a effectué deux visites dans la région, en l’espace de moins de trois mois depuis le début de l’année 2014 pour sortir du statu quo ce conflit qui perdure depuis près de quarante ans ne s’est pas montré très prolixe à l’issue de ses tournées comme il n’a pas annoncé un nouveau round de négociations entre Marocains et Sahraouis. Des indices qui renseignent sur l’impasse dans laquelle se retrouve le dossier sahraoui.
Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, avait indiqué avoir fait part à l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, M.Christopher Ross, lors de sa dernière visite aux camps de réfugiés sahraouis, de «sa profonde préoccupation quant à l’absence d’avancées dans le sens de la tenue du référendum d’autodétermination, en raison des obstacles continus de la partie marocaine, que dénonce le Front Polisario», à l’issue d’une audience qu’il avait accordée le 11 mars 2014 au camp Chahid El-Hafed des réfugiés sahraouis, à une délégation parlementaire algérienne. Le rapport que doit remettre le diplomate américain au SG de l’ONU Ban ki-moon et qui sera présenté au Conseil de sécurité doit en principe confirmer la répression féroce qui règne actuellement dans les territoires occupés pour faire taire la voix du peuple sahraoui qui clame son désir d’indépendance. Cela, John Kerry ne peut l’ignorer. Ce que craint Mohammed VI. Les Etats-Unis qui avaient présenté en 2013 un projet avorté pour doter la Minurso d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme, avaient insisté sur «l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc. Quel regard y est porté aujourd’hui par l’Administration Obama?
«L’impunité généralisée (des forces de l’ordre marocaines) existe et des poursuites ne sont pas engagées contre ceux qui violent les droits de l’homme des Sahraouis», souligne le département d’Etat dans son rapport mondial sur la situation des droits de l’homme publié le 27 février 2014. Le document de douze pages souligne «la violence physique et verbale pratiquée contre les Sahraouis lors de leur arrestation et leur emprisonnement, les limitations aux libertés d’expression, de la presse, de réunion et d’association, ainsi que la détention arbitraire et prolongée pour étouffer la dissidence».
Rabat peut-elle indéfiniment continuer à «fâcher» Washington? «Christopher Ross, comme John Kerry et le reste de l’Administration américaine, a assisté à la montée de la problématique des droits de l’homme au Sahara occidental qui est intervenue plusieurs fois dans l’actualité récente du Maroc», rappelle la presse marocaine. La visite du chef de la diplomatie américaine intervient alors que le Maroc est accablé par des rapports d’organisations internationales (RFK Center, Human Rights Watch, Amnesty International…), en ce qui concerne les violences, la torture et les exécutions sommaires, dont a été victime la population sahraouie.