Violation des droits de l’Homme au Sahara occidental : Washington accable Rabat

Violation des droits de l’Homme au Sahara occidental : Washington accable Rabat

Le pouvoir judiciaire marocain «affaibli par la corruption et l’influence extrajudiciaire» a refusé aux militants sahraouis le droit à un procès public équitable.

Le Maroc a un gros problème avec son image. Son souverain a beau se démener pour lui imposer un lifting qui la soignerait. Mais à peine que l’opération démarre le scalpel dérape. Et c’est une nouvelle cicatrice inévitable qui l’amoche davantage. Mohammed VI qui est parti en campagne africaine pour glaner des soutiens pour accomplir son «fantasme»: éjecter la Rasd de l’Union africaine à laquelle il vient tout juste d’adhérer, doit certainement déchanter.

Les Etats-Unis viennent d’accabler son royaume sur la question des droits de l’homme au Sahara occidental, dont il a annexé les territoires en 1975.

En 2016 «Les principaux problèmes en matière des droits de l’homme dans le territoire du Sahara occidental étaient les restrictions imposées par le gouvernement marocain aux libertés civiles et aux droits politiques des défenseurs de l’indépendance du Sahara occidental», a souligné le département d’Etat dans son rapport annuel sur l’exercice des droits de l’homme dans le monde.

Le document met en exergue les traitements inhumains infligés aux détenus sahraouis qui n’ont eu de cesse en 2016.

«Les conditions de détention préventive étaient particulièrement préoccupantes en raison du surpeuplement carcéral et des périodes de détention prolongées», écrivent les rédacteurs du document qui soulignent que le pouvoir judiciaire marocain, «affaibli par la corruption et l’influence extrajudiciaire n’est pas indépendant et a refusé aux accusés le droit à un procès public équitable». Dans son rapport 2016 sur l’exercice des droits de l’homme dans le monde, «le département de Rex Tillerson indique que les forces de sécurité au Maroc ont systématiquement recouru à des méthodes violentes pour arracher des aveux ou réprimer des opposants», rapporte une dépêche de l’APS datée d’hier.

Les moyens utilisés pour mettre à table les militants sahraouis, relèvent de la barbarie et attestent du caractère violent du pouvoir marocain.

«Asphyxie, simulation de noyade, placement des prisonniers en situation de stress, violences psychologiques et sexuelles sont autant de méthodes utilisées par les forces sécuritaires pour faire taire les voies dissidentes», constate le département d’Etat qui s’appuie sur des témoignages recueillis par l’ONG Amnesty International. Un constat qui doit peser lourd.

Ce rapport intervient, en effet, à moins de deux mois de l’adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité (La résolution 2285 votée le 29 avril 2016 expire en principe le 30 avril 2017, ndlr) pour prolonger le mandat de la Minurso qui a été amputée de sa composante civile sur décision du roi.

L’ex-secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon qui avait qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d’«occupation» lors de son séjour dans la région, au mois de mars 2016, avait provoqué cette réaction intempestive de Mohammed VI.

Une situation que les Etats-Unis avaient dénoncée. Ils avaient même soumis, en 2016, au Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Sahara occidental qui exige «le rétablissement immédiat» des activités de la Minurso et le retour de son personnel civil expulsé par le Maroc. Rien n’a changé depuis.

Le rapport des services du nouveau patron de la diplomatie américaine Rex Tillerson qui ne diffère pas de celui de son prédécesseur, John Kerry.

«Des rapports crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et d’autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis» avaient écrit, en 2013, les collaborateurs du successeur d’Hillary Clinton.

Le rapport du département d’Etat US ouvre une voie royale à l’instauration d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental.

Il faut rappeler que les Etats-Unis y étaient favorables. Après l’arrêt rendu par la Cour de justice européenne qui souligne que le Sahara occidental est un territoire distinct du royaume, le Maroc ne doit pas échapper à la correctionnelle.