Un analyste français le renonnaît: “L’Algérie n’est pas dans une phase d’instabilité”

Un analyste français le renonnaît: “L’Algérie n’est pas dans une phase d’instabilité”

Roland Lombardi, consultant indépendant, associé au groupe d’analyse JFC Conseil, a produit un long article sur le site econostrum.info pour aborder la situation en Algérie.

Intitulé Emeutes, violences urbaines, tentatives d’attentats…L’Algérie est-elle vraiment menacée? L’article rappelle qu’à la fin de l’année 2016 et en janvier 2017, l’Algérie a connu une série d’émeutes et de troubles ajoutant qu’un attentat-suicide, revendiqué par Daesh, a été déjoué à Constantine. Avec un cours du pétrole encore trop bas, une guerre au Sud (Sahel) et le chaos à l’Est (Libye), il est vrai que pour l’Algérie, le contexte national et international reste incertain, écrit-il, soulignant que l’économie algérienne est fortement dépendante du secteur des hydrocarbures représentant 98% des exportations, 58% des recettes budgétaires et 28% du PIB.

Tributaire du prix du baril de brut, face à la baisse drastique des cours du pétrole depuis trois ans et en dépit d’une très fébrile hausse ces derniers mois, l’Algérie connaît donc inévitablement des difficultés, remarque l’auteur. «Aujourd’hui, le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Il a dépassé largement les 10%. Chez les femmes, ce taux atteint les 17% et chez les jeunes, près de 27% en septembre 2016, dans un pays où, ne l’oublions pas, un quart de la population est âgé de 15 à 29 ans.

Enfin, avec une inflation de plus de 10% et une facture de plus de 60 milliards de dollars d’importations, il est normal que certains experts économiques soient très inquiets, surtout «si nous ajoutons à cela les tensions sociales et une croissance démographique galopante». Sur le plan extérieur, les défis sont nombreux: menace terroriste en Tunisie, milices djihadistes et Daesh en Libye, Boko Haram au Nigeria, instabilité au Sahel, et enfin, «relations toujours tendues avec le Maroc autour de la question sahraouie». «Pour autant, l’Algérie n’est pas en train d’entrer dans une phase d’instabilité», remarque l’analyste, ajoutant que «le système reste sérieux, dur et solide». Malgré le vent de changement qui a soufflé sur le Monde arabe depuis six ans, il n’y a pas eu de grande contestation populaire en Algérie. Aucun «printemps algérien» n’a vu le jour.

Jusqu’ici, la rente pétrolière permettait toujours d’acheter la paix civile en augmentant notamment les salaires et les subventions, mais la chute des prix du pétrole brut en 2014 a impacté de plein fouet le budget, ce qui força le pouvoir à relever les taxes sur les produits de première nécessité. Ce sont donc les difficultés économiques qui ont poussé de nombreux jeunes dans divers trafics et notamment celui de la drogue. La délinquance et les violences urbaines connaissent une recrudescence inquiétante. Des émeutes sporadiques éclatent un peu partout comme à Béjaïa ou en périphérie d’Alger en début d’année, suite justement à la fameuse hausse des taxes.