Tunisie, Turquie et Emirats Arabes Unis comme chemin choisi par les trafiquants: Pourquoi ces destinations?

Tunisie, Turquie et Emirats Arabes Unis comme chemin choisi par les trafiquants: Pourquoi ces destinations?

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À ces trois destinations qui commencent à «s’épuiser», il faut y ajouter Hong Kong et Singapour qui ont encore de beaux jours devant eux. Les belles années espagnoles sont par contre finies…

Sur la route des devises… Les dernières saisies opérées par les services de sécurité montrent non seulement l’importance du trafic, mais «tracent» le chemin que suivent les trafiquants pour transférer illicitement cette monnaie étrangère. Ainsi, on observe que trois pays «sortent du lot». Il s’agit de la Tunisie, Turquie, Emirat arabes unis. Mais pourquoi précisément ces pays et pas d’autres? Nous avons mené notre petite enquête pour connaître les dessous de ces réseaux aux relents internationaux. Ainsi, en se faisant passer pour un jeune qui venait de toucher une belle somme suite à la vente d’un bien familial et qui voulait disposer de cette somme à l’étranger, on a pu rencontrer des personnes que l’on doit contacter si l’on veut faire passer des devises à l’étranger. «Sans être inquiété», précisent nos intermédiaires. Ils acceptent ainsi de nous fournir un «conseil personnalisé» pour cette opération, qu’ils rassurent des «plus ordinaires». Nos amis confirment que les destinations précitées étaient le chemin habituel de ces transferts de fond, et ce, pour diverses raisons. Il y a bien évidemment la facilité d’accès, notamment en ce qui concerne la Tunisie où les transferts peuvent se faire par route et de grosses sommes peuvent être sorties. «Mais il y a aussi le fait que ces destinations ne nécessitent pas de visas, où leur visa est facile à obtenir», soulignent-ils. Ce qui leur permet d’avoir plus de «mules» entre les mains. Néanmoins, l’argument principal qui fait pencher la balance sur ces pays est le fait qu’ils ne soient pas trop regardants sur l’éthique bancaire. «L’origine des fonds n’a pas à être justifiée, des comptes anonymes pour des entreprises offshore peuvent être facilement créés. Mieux encore, les transferts vers des pays européens peuvent facilement être faits», attestent -ils. L’argent peut donc être transféré et blanchi en toute sécurité!

L’équation: arrêt des importations-augmentation de saisies

C’est d’ailleurs pour cette raison que les barons de l’importation passent le plus souvent par ces pays qui leur permettaient de surfacturer ces importations, avec une plus-value qui va aussitôt dans ces comptes aux faux noms. «Mais depuis l’arrêt des importations et les contrôles de plus en plus stricts de ces dernières, il est de plus en plus difficile d’utiliser la surfacturation pour transférer les devises. Le recours aux ´´mules´´ se fait plus qu’avant, d’où le nombre de saisies qui explosent aux frontières du pays», témoignent-ils en assurant néanmoins que ces saisies ne sont rien par rapport à ce qui passe à travers les mailles du filet. D’ailleurs, ils évoquent deux destinations qui n’attirent pas encore l’attention, du fait que les contrôles, à partir d’Alger, ne sont pas aussi sévères que pour la Turquie et les Émirats. «Il s’agit de Hong Kong et Singapour qui n’ont pas de vols directs à faire donc avec escales, mais pas à partir de Dubai ou Istanbul…», révèlent-ils.

«On choisit souvent Francfort, Paris où une autre destination qui n’attire pas l’attention du fait des règles strictes qui régissent la monnaie. Les douanes ne savent pas que c’est juste une escale et que la destination finale est un pays classé comme paradis pour le trafic de devises. Les voyages y sont plus loin, mais les risques moins importants», précisent ces «experts».

L’immobilier, c’est désormais plus compliqué…

Enfin, ils tiennent à mettre en garde contre la tentation «espagnole», car les autorités sont devenues de plus en plus regardantes sur l’origine des faits, particulièrement lorsque l’on dispose d’un passeport algérien. «L’eldorado espagnol est de l’histoire ancienne. Depuis la fin de la crise, il est très difficile d’ouvrir un compte sans justifier l’origine de fonds», font-ils savoir. «Même l’achat de biens immobiliers qui faisait office de ´´blanchisserie´´ est devenu très compliqué. Il faut désormais justifier d’où nous vient l’argent que l’on veut investir dans l’immobilier», poursuivent-ils en mettent en exergue la fin des belles années espagnoles. On est conscient de ne pas être dans les secrets des dieux, mais il s’agit là de quelques méthodes, parmi tant d’autres, qui expliquent comment nos devises sont siphonnées par des réseaux bien «canalisés»…