Tourisme : Comment sortir de la logique de régression

Tourisme : Comment sortir de la logique de régression

L’Algérie n’assume pas et n’assure pas un tourisme proportionnel à son potentiel. Potentiel naturel, culturel, cultuel, thermal. Les causes sont multiples. Et chacun pourra y aller de son classement de ces causes.

Le déficit d’image en est certainement la principale. Jusqu’à la fin des années 80, quoique les prestations de services étaient moyennes- à l’exception de quelques rares établissements dit haut de gamme-, l’Algérie jouissait d’un crédit sympathie assez important auprès des touristes internationaux et notamment européens et qui faisait que la destination était intégrée dans de nombreux programmes de tour-opérateurs.

Les années 90 ont été terriblement destructrices pour l’image de l’Algérie. Et les conséquences étaient sans appel. L’Algérie disparaît presque immédiatement des catalogues touristiques internationaux. La dizaine d’années de violence aux conséquences incalculables a rendu complexe, difficile, la mission de reprise en main du tourisme. Les pouvoirs publics ont beaucoup fait pour cette relance en termes d’investissements hôteliers, de revalorisation de l’image par sa participation aux Salons internationaux. Mais cela reste très insuffisant tant la tâche est titanesque, le retard à rattraper incommensurable et la concurrence régionale rude.

D’autres raisons retardent l’émergence de la destination touristique algérienne. Ces mêmes années que nous avons évoquées plus haut ont eu des effets néfastes également au plan interne. Un environnement peu favorable au tourisme, une population réfractaire à cette activité considérée comme une activité de servitude peu glorifiante et une intolérance perceptible dans les comportements vis-à-vis des étrangers, vis-à-vis d’autres cultures, d’autres religions.

Il serait injuste de nier les efforts des pouvoirs publics pour le développement du secteur du tourisme. Des investissements hôteliers sont encouragés, des partenariats avec des chaînes hôtelières internationales favorisés, des hôtels urbains et sahariens rénovés, des stations thermales ressuscitées, un programme de densification de l’appareil de formation-cours et une présence régulière dans les plus importants Salons internationaux du tourisme.

Questionnements de visiteurs

La présence dans les Salons internationaux est nécessaire. C’est ce que l’Algérie fait pertinemment depuis de nombreuses années. Il faut avouer que les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. La mission est ardue, il faut le reconnaître. Ardue à la mesure de la dépréciation de l’image de l’Algérie touristique.

Quand le processus de développement du secteur touristique s’est vu freiné pendant les années 90, les autres pays de la région ont en tiré des dividendes. Et ils continuent à le faire. Et pendant ce temps le tourisme algérien perd ses professionnels et son professionnalisme. La sécurité et la sérénité recouvrées, la relance s’est avérée complexe et difficile.

Ces participations doivent être maintenues. C’est clair. Mais autrement, avec plus de moyens et surtout avec des produits. Les questionnements des visiteurs des stands algériens, grand public ou professionnels, ne sont plus «peut-on venir en Algérie en toute sécurité» mais que nous proposez-vous pour venir en Algérie?»

La perception de l’Algérie est en train de changer progressivement. Et cela grâce, entre autres, à ces participations.

Par rapport aux pays voisins, les dépenses allouées aux salons sont insignifiantes. Des budgets plus conséquents permettront des stands de meilleure qualité, des espaces d’exposition plus appropriés, des programmes de communication plus attractifs, des supports promotionnels d’envergure internationale et une capacité de négociation de contrats avec des packages préalablement étudiés et comparés à la concurrence des pays aux produits similaires aux nôtres.

Les agences de voyages doivent s’impliquer. On reproche souvent aux agences de voyages de ne pas s’impliquer dans cette mission de promotion. Elles sont en effet peu nombreuses à s’y investir considérant que ce rôle relève des pouvoirs publics.

Mettre les moyens

Il est vrai que les agences de voyages sont des entités économiques et que, par conséquent, leurs activités relèvent des lois du marché, et donc celles du gain et de la rentabilité. On ne peut donc, au vu de la réglementation, leur reprocher leur peu d’empressement à s’impliquer dans les actions de promotion de la destination, et donc du développement du réceptif. Mais du fait que «le tourisme est l’affaire de tous» comme tout le monde aime à le répéter, les agences doivent s’engager peu ou prou dans le développement du réceptif. Si les petites agences ne s’y impliquent pas, pour leur peu de moyens, les grandes agences de voyages, et les tour-opérateurs publics et privés ont les moyens d’investir dans la promotion de la destination, l’amélioration de l’image, la conclusion de contrats pour le réceptif.

Mais force est de constater que c’est l’inverse qui se produit. On constate même que c’est bon nombre d’agences de voyages algériennes qui vont à l’étranger, pour se précipiter presque sur les produits qui y sont offerts et les produits tunisiens en particulier.

A leur seule décharge, l’offre nationale pour retenir les Algériens n’est pas encore apte à répondre à la demande. Au triple plan de la qualité, la quantité et de la disponibilité.

Certaines avancées du tourisme national sont indéniables, mais cela demeure insuffisant. Il faut poursuivre l’action avec plus d’énergie, avec plus de moyens. La stabilité de l’encadrement à tous les niveaux est un garant de continuité de l’action et donc de réussite. A court terme il est important de maintenir, voire d’accélérer la cadence des investissements en facilitant, en fluidifiant les procédures d’accès au foncier, aux financements…Les besoins de formation sont énormes. Il est donc primordial de construire d’autres établissements, de renouveler les équipements, pour la plupart obsolètes, de moderniser et d’adapter les programmes aux exigences actuelles, d’encourager la formation des formateurs, de s’attacher, sans gêne, l’expertise étrangère. A court terme, toujours, assurer une présence plus vigoureuse aux Salons du tourisme internationaux. A long terme, la refonte de l’école semble stratégiquement incontournable parce que c’est de l’Algérien de demain qu’il est question. Une école qui dispensera la science, la technologie et qui inculquera les règles de la tolérance, du respect de l’autre et du «vivre ensemble».