A l’approche de la fin du Ramadhan, les habitants des villages de la wilaya de Tizi-Ouzou s’apprêtent à célébrer « Taswiqt », une fête traditionnelle dédiée exclusivement aux enfants qui se tient la veille de l’Aïd.
« Taswiqt », fête des enfants, est aussi importante pour les familles que la fête religieuse qui marque la fin du mois du jeûne. Les enfants, parés de vêtements neufs, sortent accompagnés de leurs parents pour faire leur marché d’où le nom « Taswiqt » qui signifie littéralement petit marché en référence aux bambins.
Les rues des villes sortent alors de leur monotonie pour vibrer au rythme des rires des gamins fascinés, les yeux brillants devant la multitude de jouets proposés sur les étalages des magasins qui, la dernière semaine du mois de Ramadhan entamée, se sont préparés à ce rendez-vous.
A l’origine Taswiqt, une cérémonie séculaire, était un rite initiatique pour les garçons afin d’accéder au cercle des adultes. Des hommes, aujourd’hui sexagénaires et septuagénaires qui ont vécu cet événement, se rappellent des préparatifs qui l’entouraient.
« Il s’agit notamment de la traditionnelle coupe de cheveux pour l’enfant qui ira le lendemain au marché pour acheter une tête de veau symbole de force qui définit l’homme, et pour qu’une fois adulte, il sera le maitre de maison », témoigne-t-on.
Le rôle de l’enfant dans cette tradition reste entièrement symbolique, puisque étant encore très jeune, c’est son accompagnateur (le père, l’oncle, ou le grand père généralement), qui choisit et achète la tête de veau, tout en lui apprenant à choisir le meilleur produit et à négocier le prix.
De retour à la maison, il est accueilli avec joie par sa mère et ses sœurs qui le félicitent pour le bon choix qu’il a fait, une manière de lui apprendre à avoir confiance en lui.
De nos jours, si la pratique de la coupe de cheveux subsiste dans quelques villages et a été même remise au goût du jour par le mouvement associatif, notamment à Ain El Hammam, Ath Lkaid, Ath Ouabane, l’achat de la tête de veau a quasiment disparu. « Aujourd’hui nous préférons emmener nos enfants acheter des jouets », témoigne Djamel un jeune papa.
Par ailleurs, les filles sont de nos jours de la fête et accompagnent leurs jeunes frères en ville pour fêter Taswiqt. Même les mamans, lorsqu’elles ne sont pas occupées à préparer les gâteaux de l’Aïd, participent à cette événement joyeux lors duquel l’enfant est roi et ses désirs sont des ordres ou du moins dans la limite de ce que permettra le portefeuille des parents.
La fête « Taswiqt » s’est certes adaptée pour être de son temps, mais elle a gardé son essence en continuant à placer l’enfant au centre des réjouissances.